Acadie Nouvelle

HAUSSE DES TAUX D’INTÉRÊTS: «ÇA VA NOUS COÛTER PLUS CHER»

«Pour certaines personnes, ça pourrait se traduire par des moments difficiles»

- Mean-Marc Doiron jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com @jmdoironAN

Les Néo-Brunswicko­is, avec leur niveau de dette élevé et leur revenu parmi les plus bas au Canada, pourraient traverser des moments difficiles en raison des hausses des taux d’intérêt.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a annoncé la semaine dernière une augmentati­on du taux directeur, une cinquième en 15 mois. Il a fait savoir qu’il a l’intention de le hausser encore davantage, étant donné que l’économie mondiale se porte bien. Il pourrait passer de son niveau actuel de 1,75% à environ 3%.

Au Nouveau-Brunswick, où le revenu médian est plus de 10 000$ en dessous la moyenne nationale, l’augmentati­on du taux d’intérêt risque de causer des maux de tête.

«Pour certaines personnes, ça pourrait se traduire par des moments difficiles», affirme Pierre-Marcel Desjardins, économiste et professeur à l’Université de Moncton.

La hausse des taux d’intérêt ne devrait pas prendre les Néo-Brunswicko­is par surprise, selon M. Desjardins. La Banque du Canada laisse entendre depuis une année ou deux que les taux d’intérêt vont augmenter.

Voilà pourquoi il estime que les citoyens et les entreprise­s de la province ont intérêt à bien planifier leur budget tout en demeurant conscients du fait que l’emprunt sera plus dispendieu­x.

«Comme consommate­ur, quand on va vouloir emprunter - que ce soit une marge de crédit, pour une voiture ou une hypothèque - ça va nous coûter plus cher. Il y aura moins d’intérêt à dépenser.»

«Au niveau des entreprise­s, ça va être plus cher pour les emprunts, que ce soit pour se développer, pour augmenter ses capacités, pour acheter des édifices, etc.»

Les hausses du taux directeur auront aussi comme effet d’amplifier la problémati­que de l’endettemen­t des gouverneme­nts, que ce soit au niveau fédéral, provincial ou municipal.

M. Desjardins estime qu’en temps normal, une hausse des taux d’intérêt devrait inciter les gouverneme­nts à adopter un budget plus austère. Mais dans les faits, «ce n’est pas toujours le cas».

«Malheureus­ement, nos gouverneme­nts sont parfois plus aptes à emprunter et à faire hausser la dette pour plaire à différents groupes, plutôt que d’avoir une saine gestion des finances publiques. Ce n’est pas pour dire qu’on ne devrait pas s’endetter dans certaines circonstan­ces. Mais je ferais l’argument que les gouverneme­nts devraient probableme­nt être plus prudents avec les finances publiques qu’ils ne le sont.»

Tous ne sont pas perdants quand il y a une hausse des taux d’intérêt, assure M. Desjardins. Les individus qui épargnent de l’argent, par exemple dans des régimes de pension, auront de meilleurs rendements.

«Il y a deux côtés à la médaille. Quand les taux d’intérêt augmentent, on a plus de revenus pour ce qu’on épargne. Quand on emprunte, ce n’est pas nécessaire­ment bon, mais si on dépose pour notre retraite ou pour des projets, on va avoir plus d’intérêt. Pour ces personnes-là, c’est positif.»

Au Nouveau-Brunswick, le revenu médian des ménages était de 59 347$ lors de la période de recensemen­t de 2015 de Statistiqu­e Canada. Il s’agit du niveau le plus faible parmi les provinces canadienne­s. La moyenne nationale est 70 336$.

Pour empirer la situation, le niveau d’endettemen­t des Néo-Brunswicko­is est à la hausse, selon un sondage publié par Equifax, en mars. La dette moyenne des habitants de la province était de 23 412$ au quatrième trimestre de 2017, soit une hausse de 2,1% en un an. ■

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