Acadie Nouvelle

Restructur­ation de Lowe’s: Rona écope

- Julien Arsenault

Rona fait les frais d’une restructur­ation chez Lowe’s, puisque 24 magasins du fleuron québécois mettront la clé sous la porte alors que le géant américain procédera à 31 fermetures d’établissem­ents au Canada d’ici la fin janvier.

Deux Lowe’s qui se trouvent en Ontario ainsi qu’un RénoDépôt en Alberta sont également visés, ce qui porte à 27 le nombre de magasins corporatif­s jugés «sous-performant­s» par le géant établi en Caroline du Nord. En territoire américain, 20 magasins Lowe’s fermeront également leurs portes.

Ainsi, neuf Rona vont disparaîtr­e au Québec. Sept autres enseignes du quincailli­er fermeront en Ontario, six autres seront retirées à Terre-Neuve alors que l’Alberta et la ColombieBr­itannique compteront chacune un Rona de moins.

De plus, Lowe’s Canada fermera des centres de soutien régionaux à Mississaug­a, en Ontario, ainsi qu’à Saint-Jean, à Terre-Neuve, pour rapatrier ces activités à son siège social de Bouchervil­le, en banlieue sud de Montréal.

Deux usines de composante­s préfabriqu­ées situées à TerreNeuve ainsi qu’en Colombie-Britanniqu­e cesseront également leurs activités. «La décision de fermer des magasins n’est jamais prise à la légère, a indiqué lundi le dirigeant des activités canadienne­s de Lowe’s, Sylvain Prud’homme, par voie de communiqué. À la suite d’un examen détaillé de nos activités, nous croyons qu’il s’agit de la meilleure avenue pour l’avenir de notre organisati­on.»

Celui-ci n’était pas disponible pour accorder des entrevues. Pas plus tard qu’en mai dernier, devant le Cercle canadien de Montréal, M. Prud’homme avait affirmé que l’acquisitio­n de la chaîne québécoise fondée en 1939 pour 3,2 milliards $, qui avait été complétée en mai 2016 après avoir suscité de vives réactions politiques, avait été «supportée par un scénario de croissance et non de synergie».

Lowe’s Canada a affirmé que cette vague de fermetures au Québec ne représenta­it qu’environ 1,6 pour cent de la superficie totale de son réseau québécois de plus de 250 établissem­ents. En fin d’après-midi, l’entreprise a affirmé que les neuf magasins corporatif­s étaient «déficitair­es, et ce, depuis plusieurs années». «Ce n’est pas une attaque sur Rona, mais les fermetures s’inscrivent dans un réaligneme­nt du réseau de Lowe’s, a estimé le professeur émérite au Départemen­t de marketing de HEC Montréal Jacques Nantel. La décision était prévisible. Le marché de la rénovation commence à s’estomper, surtout du côté des États-Unis, et cela s’en vient au Canada.»

Francine Rodier, de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, ne s’est pas montrée surprise, estimant que le géant américain avait probableme­nt voulu réduire la taille de son réseau afin d’éviter de se cannibalis­er.

«L’opération avec les magasins a été réalisée avec les employés visés dimanche, en fin de journée», a-t-elle écrit.

EN ANGLAIS

Les fermetures ont été annoncées vers 7 heures en anglais par Lowe’s sur son site américain. Ce n’est qu’environ deux heures plus tard que les détails dans la langue de Molière étaient disponible­s. Une porte-parole de Lowe’s Canada, Valérie Gonzalo, a expliqué par courriel que l’entreprise désirait informer en personne les travailleu­rs de son centre de Mississaug­a avant de publier son communiqué.

Néanmoins, les deux spécialist­es du secteur du commerce de détail consultés par La Presse canadienne se sont montrés peu impression­nés par le temps mis par la filiale canadienne de l’entreprise pour effectuer son annonce en français. «Du point de vue des consommate­urs, oui, c’est maladroit, a dit M. Nantel. Surtout que l’on procède à des fermetures dans ce cas-ci.»

Tout au long de la journée, la filiale canadienne du géant américain n’a pas précisé combien d’employés canadiens allaient perdre leur gagne-pain à la suite des fermetures, se limitant à dire que certains travailleu­rs pourraient être transférés ailleurs dans son réseau.

Finalement, la compagnie a chiffré à environ 60 le nombre de postes éliminés, étant donné que «la plupart» des travailleu­rs touchés auraient la possibilit­é de se retrouver dans des magasins «avoisinant­s». ■

 ??  ?? Une succursale de Rona l’entrepôt, à Saint-Eustache, au Québec. – La Presse canadienne: Ryan Remiorz
Une succursale de Rona l’entrepôt, à Saint-Eustache, au Québec. – La Presse canadienne: Ryan Remiorz
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