Acadie Nouvelle

Frais de 3% dans les hôtels: la mairesse de Moncton monte au front

- Patrick.lacelle@acadienouv­elle.com @patricklac­elle

Il pourrait bientôt coûter un peu plus cher pour séjourner dans l’une des 2300 chambres d’hôtel du Grand Moncton et dans certaines autres cités du Nouveau-Brunswick.

Moncton a perdu, encore une fois, le concours pour obtenir le grand championna­t du curling au Canada, le Brier. L’événement lui a glissé entre les mains pour 2019 et 2020.

Pour la mairesse Dawn Arnold, il est grand temps que le gouverneme­nt provincial permette aux municipali­tés d’instaurer des frais touristiqu­es qui seront perçus sur la facture d’une nuitée à l’hôtel (voir page 19).

Elle n’est pas seule à le demander. Elle est au front pour l’Associatio­n des cités du Nouveau-Brunswick.

Elle ne parle pas d’une taxe, mais d’un «frais de marketing de destinatio­ns» de 3%. Les fonds amassés permettrai­ent de faire une meilleure promotion de la région et d’investir plus d’argent dans l’organisati­on d’événement comme le Brier ou même un combat de la UFC.

«Ce dont nous parlons à Moncton, c’est d’un frais de 3%. Si nous nous basons sur l’année dernière, par exemple, nous savons que les gens ont acheté plus de 589 000 nuitées et que le coût d’une nuit à l’hôtel est d’environ 150$. Si nous avions chargé 3%, cela nous aurait apporté 2,65 millions$ que nous aurions pu utiliser pour attirer le Bryer, les championna­ts juniors de hockey ainsi que pour développer un bon plan d’attraction touristiqu­e afin d’attirer plus de gens dans notre communauté en plus de remplir nos hôtels», a expliqué à l’Acadie Nouvelle Mme Arnold.

Dans la candidatur­e pour obtenir le Brier en 2020, le gouverneme­nt provincial avait promis d’investir 750 000$ dans l’organisati­on de l’événement et Moncton, avec l’aide de Curl Moncton, s’était engagé à investir un peu plus pour un total d’environ 1,5 million $. «Et encore ce n’était pas assez», a lancé la mairesse.

MODIFIER LA LOI PROVINCIAL­E

Mme Arnold et l’associatio­n des cités demandent donc au gouverneme­nt provincial de modifier la loi afin de donner l’autorisati­on aux municipali­tés de la province d’instaurer de tels frais d’hébergemen­t. Les fonds ainsi amassés permettrai­ent d’investir davantage dans l’organisati­on d’événements d’envergure. D’autres municipali­tés au Canada qui bénéficien­t des revenus d’une telle taxe ont un grand avantage selon elle.

«C’est très compétitif. Tout le monde sait que ces événements apportent beaucoup d’argent dans nos communauté­s. Quelque chose comme le Brier, organisé en mars, alors que les hôtels n’affichent pas complet, ferait en sorte que les gens passent une semaine ici dans nos hôtels, mangent dans nos restaurant­s et boivent dans nos bars», a rappelé la mairesse.

Dans les grands centres du pays, ces frais sont chose courante et ailleurs dans le monde, à Boston, aux États-Unis, par exemple, ces frais dépassent les 14%. Certaines villes au Nouveau-Brunswick, comme Edmundston, facturent des frais d’hébergemen­t sur une base volontaire.

«Ç’a des limites quand c’est volontaire. Évidemment, n’importe quel touriste qui arrive à un hôtel d’Edmundston et qui se dit qu’il ne veut pas payer ça, il nous fait signe et il sera remboursé. C’est quand même assez rare parce que les gens savent que ça se fait ailleurs», a avancé le maire d’Edmundston, Cyrille Simard.

À Edmundston, les frais demandés sont de 3% et les fonds sont utilisés pour promouvoir la région et aider à certaines initiative­s. Les hôteliers du Nouveau-Brunswick sont cependant réticents à réclamer des frais sur une base volontaire. Ils risquent de se retrouver dans l’eau chaude aux yeux de la loi.

Le président de l’Associatio­n des hôteliers du Nouveau-Brunswick, Raymond Roberge, espère que le gouverneme­nt provincial autorisera les municipali­tés à instaurer de tels frais.

En fait, son associatio­n le quémande depuis 12 ans.

«Non seulement nous sommes pour ça, mais c’est nous qui cherchions l’appui de la Ville de Moncton et des autres municipali­tés. C’est un projet sur lequel l’industrie hôtelière travaille depuis 12 ans», a-t-il confié à l’Acadie Nouvelle.

ARRIVÉE DE BLAINE HIGGS

M. Roberge pourrait bientôt voir son projet se concrétise­r puisque le chef progressis­teconserva­teur et maintenant premier ministre, Blaine Higgs, a promis dans la plateforme électorale de son parti de donner la «liberté» aux municipali­tés «d’établir une taxe hôtelière pour financer le marketing touristiqu­e».

La mairesse de Moncton, Dawn Arnold, voit aussi d’un bon oeil l’arrivée au pouvoir de Blaine Higgs.

«Notre ancien premier ministre sentait qu’il s’agissait d’une autre taxe pour les NéoBrunswi­ckois, mais mon argument était que c’est une façon pour nous de charger des frais aux gens qui ne sont pas de notre communauté et qui viennent ici pour tirer avantage de nos installati­ons comme le centre Avenir. Nous avons payé pour tout ça et ils viennent pour en profiter», dit-elle.

L’Associatio­n des hôteliers du NouveauBru­nswick estime que chaque dollar dépensé à l’hôtel par un touriste, quatre sont injectés dans la communauté.

«Les retombées sont énormes», conclut M. Roberge. ■

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Hyatt Place, un nouvel hôtel en constructi­on voisin du centre Avenir et de l’hôtel Crowne Plaza à Moncton. - Acadie Nouvelle: Patrick Lacelle
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