Frais de 3% dans les hôtels: la mairesse de Moncton monte au front
Il pourrait bientôt coûter un peu plus cher pour séjourner dans l’une des 2300 chambres d’hôtel du Grand Moncton et dans certaines autres cités du Nouveau-Brunswick.
Moncton a perdu, encore une fois, le concours pour obtenir le grand championnat du curling au Canada, le Brier. L’événement lui a glissé entre les mains pour 2019 et 2020.
Pour la mairesse Dawn Arnold, il est grand temps que le gouvernement provincial permette aux municipalités d’instaurer des frais touristiques qui seront perçus sur la facture d’une nuitée à l’hôtel (voir page 19).
Elle n’est pas seule à le demander. Elle est au front pour l’Association des cités du Nouveau-Brunswick.
Elle ne parle pas d’une taxe, mais d’un «frais de marketing de destinations» de 3%. Les fonds amassés permettraient de faire une meilleure promotion de la région et d’investir plus d’argent dans l’organisation d’événement comme le Brier ou même un combat de la UFC.
«Ce dont nous parlons à Moncton, c’est d’un frais de 3%. Si nous nous basons sur l’année dernière, par exemple, nous savons que les gens ont acheté plus de 589 000 nuitées et que le coût d’une nuit à l’hôtel est d’environ 150$. Si nous avions chargé 3%, cela nous aurait apporté 2,65 millions$ que nous aurions pu utiliser pour attirer le Bryer, les championnats juniors de hockey ainsi que pour développer un bon plan d’attraction touristique afin d’attirer plus de gens dans notre communauté en plus de remplir nos hôtels», a expliqué à l’Acadie Nouvelle Mme Arnold.
Dans la candidature pour obtenir le Brier en 2020, le gouvernement provincial avait promis d’investir 750 000$ dans l’organisation de l’événement et Moncton, avec l’aide de Curl Moncton, s’était engagé à investir un peu plus pour un total d’environ 1,5 million $. «Et encore ce n’était pas assez», a lancé la mairesse.
MODIFIER LA LOI PROVINCIALE
Mme Arnold et l’association des cités demandent donc au gouvernement provincial de modifier la loi afin de donner l’autorisation aux municipalités de la province d’instaurer de tels frais d’hébergement. Les fonds ainsi amassés permettraient d’investir davantage dans l’organisation d’événements d’envergure. D’autres municipalités au Canada qui bénéficient des revenus d’une telle taxe ont un grand avantage selon elle.
«C’est très compétitif. Tout le monde sait que ces événements apportent beaucoup d’argent dans nos communautés. Quelque chose comme le Brier, organisé en mars, alors que les hôtels n’affichent pas complet, ferait en sorte que les gens passent une semaine ici dans nos hôtels, mangent dans nos restaurants et boivent dans nos bars», a rappelé la mairesse.
Dans les grands centres du pays, ces frais sont chose courante et ailleurs dans le monde, à Boston, aux États-Unis, par exemple, ces frais dépassent les 14%. Certaines villes au Nouveau-Brunswick, comme Edmundston, facturent des frais d’hébergement sur une base volontaire.
«Ç’a des limites quand c’est volontaire. Évidemment, n’importe quel touriste qui arrive à un hôtel d’Edmundston et qui se dit qu’il ne veut pas payer ça, il nous fait signe et il sera remboursé. C’est quand même assez rare parce que les gens savent que ça se fait ailleurs», a avancé le maire d’Edmundston, Cyrille Simard.
À Edmundston, les frais demandés sont de 3% et les fonds sont utilisés pour promouvoir la région et aider à certaines initiatives. Les hôteliers du Nouveau-Brunswick sont cependant réticents à réclamer des frais sur une base volontaire. Ils risquent de se retrouver dans l’eau chaude aux yeux de la loi.
Le président de l’Association des hôteliers du Nouveau-Brunswick, Raymond Roberge, espère que le gouvernement provincial autorisera les municipalités à instaurer de tels frais.
En fait, son association le quémande depuis 12 ans.
«Non seulement nous sommes pour ça, mais c’est nous qui cherchions l’appui de la Ville de Moncton et des autres municipalités. C’est un projet sur lequel l’industrie hôtelière travaille depuis 12 ans», a-t-il confié à l’Acadie Nouvelle.
ARRIVÉE DE BLAINE HIGGS
M. Roberge pourrait bientôt voir son projet se concrétiser puisque le chef progressisteconservateur et maintenant premier ministre, Blaine Higgs, a promis dans la plateforme électorale de son parti de donner la «liberté» aux municipalités «d’établir une taxe hôtelière pour financer le marketing touristique».
La mairesse de Moncton, Dawn Arnold, voit aussi d’un bon oeil l’arrivée au pouvoir de Blaine Higgs.
«Notre ancien premier ministre sentait qu’il s’agissait d’une autre taxe pour les NéoBrunswickois, mais mon argument était que c’est une façon pour nous de charger des frais aux gens qui ne sont pas de notre communauté et qui viennent ici pour tirer avantage de nos installations comme le centre Avenir. Nous avons payé pour tout ça et ils viennent pour en profiter», dit-elle.
L’Association des hôteliers du NouveauBrunswick estime que chaque dollar dépensé à l’hôtel par un touriste, quatre sont injectés dans la communauté.
«Les retombées sont énormes», conclut M. Roberge. ■