ENCORE PLUS PERTINENT
LE RAPPORT FINN DIX ANS PLUS TARD
L’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick a fait son deuil des fusions forcées telles que proposées dans le rapport Finn de 2008. Mais elle croit que la situation fiscale de plus en plus précaire de la province imposera d’elle-même les regroupements de communautés.
Aller de l’avant avec une vision, comme l’a fait Louis J. Robichaud, dans les années 1960, avec le rapport de la commission Byrne, est une chose. Y aller parce que la situation l’oblige en est une autre, compare le directeur général de l’organisation, Frédérick Dion.
Inutile de dire qu’il préfère la méthode visionnaire, mais les chances de voir les transformations arriver par obligation sont bien plus proches qu’on le pense, expose-t-il.
«Nous avons devant nous une occasion qui se présente et plus nous retardons, plus nous creusons notre trou. Si Fredericton va de l’avant avec une réforme de la gouvernance locale, il doit le faire pour les bonnes raisons et non en réaction à la situation. Nous pouvons encore rapidement éliminer les barrières pour donner une chance d’amorcer un dialogue à travers une volonté politique claire», croit-il.
Le rapport Finn a suggéré la création de 53 municipalités grâce à l’annexion des DSL. Dix ans plus tard, les progrès sont infimes, même dans l’optique de fusions volontaires qui, pensait-on à l’époque, seraient mieux acceptées dans les communautés. Le temps a démontré le contraire.
«DES CONDITIONS PAS ÉVIDENTES»
«L’approche volontaire a été très difficile, admet M. Dion. Je lève mon chapeau à ceux qui ont réussi, car ils ont eu à travailler dans des conditions pas évidentes. La moitié des projets de fusion ont échoué parce que ça maintenait des barrières importantes. Et si on ne s’attaque pas à ces barrières, rien ne va changer.»
Selon ses propos, il faut travailler la gouvernance et la fiscalité de concert, insérer des incitatifs de récompense et, au besoin, imposer un ultimatum avec une date d’échéance. Par exemple, on pourrait accorder quatre ou cinq années aux communautés pour se regrouper selon leurs intérêts. Mais au-delà de cette période, le gouvernement prend la décision.
«Mais comme aucun gouvernement n’a voulu aller là en 40 ans, je ne vois pas comment ça pourrait changer aujourd’hui. Notre gouvernement ne semble pas comprendre l’importance du dossier ou il ne veut pas le comprendre. Il y a peut-être là le désir de conserver un certain pouvoir et ça fait peut-être partie d’une forme de réticence de nos politiciens de vouloir trouver une solution», pense-t-il tout haut, en ajoutant que l’AFMNB met dorénavant ses énergies ailleurs.
Comme sur la fiscalité municipale, notamment. Avec une différence moyenne de 55 cents entre le taux de taxation foncière dans un DSL et celui d’une municipalité, l’écart devient plus difficile à combler, concède le porte-parole.
«Ce taux ne couvre pas les coûts réels des services de la province dans les DSL. Juste pour les routes, nous avons calculé des pertes de 33 millions $, de l’argent payé par les contribuables. Ça favorise un étalement urbain et un développement anarchique de nos communautés. Nous comprenons qu’on ne comblera pas 50 ans de mauvaise gestion en un claquement de doigts, mais tant qu’un gouvernement ne mettra pas ses culottes et ne changera pas les règles du jeu, ça ne fonctionnera pas encore très longtemps comme ça», prévient Frédérick Dion. ■