LE LIEUTENANT FRANCOPHONE DE BLAINE HIGGS
Robert Gauvin a fait son entrée au cabinet, vendredi dernier, une semaine après la chute du gouvernement Gallant.
Cela n’a rien de surprenant. À peu près tous les observateurs s’attendaient à ce que Blaine Higgs lui trouve une place au sein de son équipe ministérielle puisqu’il est le seul francophone et le seul représentant du Nord au sein de l’équipe PC.
Ce comédien de carrière n’a pourtant pas un C.V. à tout casser et il vient à peine de débarquer à Fredericton.
Mais il a des atouts dont Blaine Higgs a cruellement besoin: en plus d’être bilingue, il est comme un poisson dans l’eau lorsqu’il parle à un auditoire et jouit d’une grande notoriété chez les francophones. Cela fait de lui un émissaire idéal.
Les yeux sont maintenant tournés vers Robert Gauvin. La communauté acadienne s’attend à ce qu’il représente ses intérêts au sein du cabinet et qu’il agisse comme un rempart contre tout dérapage.
Les leaders de la société civile risquent cependant d’être déçus s’ils pensent qu’il critiquera publiquement son gouvernement chaque fois que les droits linguistiques des francophones seront remis en question ou carrément menacés.
L’occasion de le faire s’est présentée récemment dans le dossier d’Ambulance NB. Il a choisi de défendre l’approche de son chef (qui est pourtant contraire aux droits des francophones selon Michel Doucet, un spécialiste des droits linguistiques).
On peut vite l’oublier, mais la plupart des formations politiques – dont le Parti libéral et le Parti PC – sont des structures hyper hiérarchiques qui ne favorisent pas du tout la diversité des points de vue. Elles sont des rouleaux compresseurs qui écrapoutissent la dissension. Robert Gauvin a beau être francophone et représenter une circonscription du Nord, il n’est pas intouchable pour autant. Théoriquement, il est libre de dire tout ce qu’il veut et de critiquer son gouvernement comme bon lui semble. Mais en pratique, il a bien peu de marge de manoeuvre et risque d’être expulsé du caucus s’il décide de briser les rangs. Ainsi va la vie dans les partis politiques.
■