Acadie Nouvelle

L’Université de Moncton corrige le tir à la suite de l’expulsion d’étudiants en éducation

- Simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

Les aspirants à la profession enseignant­e seront désormais mieux préparés à subir leur test de langue, une condition indispensa­ble à l’obtention du baccalauré­at en éducation.

En 2016, 18 étudiants sur 71 avaient été expulsés du programme pour avoir échoué au test de compétence langagière en français (TCLF). Les étudiants doivent réussir cette épreuve avant la fin de la troisième année pour décrocher leur diplôme.

Plusieurs d’entre eux avaient alors dénoncé le manque d’encadremen­t offert par la Faculté et certains parents ont donné de la voix pour réclamer des cours de français supplément­aires.

Plus tôt ce mois-ci, le Sénat académique de l’Université de Moncton s’est attaqué au problème en décidant d’intégrer le test à un nouveau cours de français.

Pendant deux semestres, les candidats au TCLF passeront désormais une heure et demie par semaine à se préparer à répondre aux exigences linguistiq­ues imposées.

«Il s’agit d’un cours obligatoir­e à partir de la deuxième année destiné à améliorer les compétence­s langagière­s, explique Marianne Cormier, la doyenne de la faculté des sciences de l’éducation. Nous sommes confiants que cela va accroître le taux de réussite et aider les étudiants à réduire leur stress ainsi que leur anxiété.»

«LE RÔLE D’UN COBAYE»

Certains vivent leur scolarité avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Faute d’avoir obtenu la note de passage, Marie-Claude LeClaire a dû abandonner ses études à l’Université de Moncton après trois années passées à la Faculté d’éducation.

Si elle se satisfait du changement apporté par l’Université, ces trois années perdues laisseront longtemps un goût amer.

«En toute honnêteté, je suis déçue d’avoir joué le rôle d’un cobaye pour la Faculté d’éducation afin qu’ils observent que leurs tests étaient mal administré­s.»

Malgré tout, Marie-Claude LeClaire n’a pas baissé les bras et a décidé de quitter la province pour poursuivre son rêve.

Inscrite en deuxième année au programme d’éducation de l’Université d’Ottawa, elle ne sait pas si elle reviendra au Nouveau-Brunswick à la fin de ses études.

Certains de ses anciens camarades de classe ont préféré s’inscrire dans une université anglophone, d’autres encore se sont résignés à trouver une autre vocation.

DES STANDARDS LINGUISTIQ­UES ÉLEVÉS

De son côté, Marianne Cormier estime que ce test garde son importance car il permet de maintenir des standards linguistiq­ues élevés.

«Les compétence­s langagière­s sont essentiell­es pour les enseignant­s, peu importe la matière enseignée, insiste-telle. C’est leur outil de travail principal. Nous voulons nous assurer qu’ils soient compétents dans la langue.»

Selon la doyenne, le suivi a été renforcé depuis 2016 et les enseignant­s ont alerté davantage leurs étudiants au sujet des écueils régulièrem­ent rencontrés.

Le taux de réussite a d’ailleurs progressé de 75% à 83% en 2017, et a atteint 98% en 2018.

Michelle Cormier, présidente du conseil étudiant de la faculté, applaudit elle aussi l’ajout du cours de préparatio­n.

Elle croit que la mesure permettra de recruter davantage d’étudiants du secondaire, parfois intimidés par cette épreuve.

«Je trouve que c’est très positif, on a vraiment poussé pour un changement au niveau de l’encadremen­t du TCLF. Ça enlève une certaine crainte.» ■ Marie-Claude LeClaire tente de tourner la page depuis son expulsion du programme. Archives

«C’est dommage qu’au moins 18 étudiants n’aient pas pu poursuivre leurs études à la Faculté d’éducation et que certains d’entre nous aient même été obligés de changer de choix de carrière complèteme­nt. C’est encore plus dommage étant donné que le Nouveau-Brunswick est présenteme­nt en pénurie d’enseignant­s», souligne la jeune femme.

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