Acadie Nouvelle

Itinérance: Moncton s’organise pour créer un refuge d’un nouveau genre

- Simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

La Ville de Moncton s’affaire à installer un abri pour répondre au nombre grandissan­t de personnes en situation d’itinérance. L’objectif: désengorge­r les refuges de la ville pendant l’hiver et offrir un toit aux personnes aux prises avec des problèmes de toxicomani­e.

La municipali­té a identifié deux emplacemen­ts qui pourraient héberger les citoyens sans-abris. L’un d’eux serait l’ancienne caserne située sur le boulevard Assomption.

La clinique Salvus assurerait la mise sur pied et l’opération de ce nouveau refuge qui sera ouvert de décembre à mars. L’organisme offre déjà des soins de santé primaires chez la population vulnérable du centre-ville de Moncton.

Murielle Doucet, coordonnat­rice des services à la clinique Salvus, tente actuelleme­nt de recruter deux intervenan­ts chargés de venir en renfort à l’équipe de bénévoles.

L’organisme entend s’inspirer du modèle du «wet-shelter», un refuge où la consommati­on de substances sera tolérée. Il s’agit-là d’une offre inexistant­e à l’heure actuelle.

Dans le refuge Harvest House, il est interdit de consommer de l’alcool ou de la drogue dans l’établissem­ent. Les personnes intoxiquée­s ne peuvent pas non plus y passer la nuit.

Le même règlement est en vigueur à la Maison Nazareth, l’autre refuge d’urgence de Moncton.

«Nous n’avons pas les moyens de devenir un wet-shelter, car ça demanderai­t plus de personnel et donc plus de fonds», précise le directeur général, René Ephestion.

Certains itinérants qui font usage de drogues préfèrent passer l’hiver dans les rues plutôt que de se plier à ces exigences, souligne Murielle Doucet. Leur offrir un toit les aiderait à relever la tête et accéder aux services, plaide-t-elle.

«Peut-être qu’un lieu comme celui-ci va les aider à se prendre en main. Ça va peut-être être un premier contact de confiance. Une fois qu’ils auront un abri, ils pourront commencer à se préoccuper de leurs autres problèmes. C’est difficile de concevoir d’arrêter de consommer ou de trouver un emploi quand on ne sait pas où dormir et où se laver. Tout commence avec un abri et une sécurité.»

Manque de logements abordables, consommati­on de drogue, les raisons sont diverses, mais le constat est partagé par tous les intervenan­ts: le nombre de personnes qui dorment dans la rue est à un niveau inquiétant.

«C’est incroyable à quel point le besoin est plus visible et présent cette année. Il y a certains plus de personnes sans-abris que dans les dernières années», affirme Mme Doucet.

SUSPENDUS À LA DÉCISION DE LA PROVINCE

Lundi dernier, le conseil municipal a accepté de débloquer 20 000$ pour lutter contre l’itinérance. La municipali­té a également réclamé au gouverneme­nt provincial une aide d’urgence de 400 000$ pour la création du refuge.

Elle espère recevoir le feu vert au début du mois de décembre.

«On attend toujours une confirmati­on de la part de la province, mais on demeure optimiste Les organismes qui viennent en aide aux sans-abris sont débordés cet hiver, observe d’obtenir une réponse», indique

Isabelle LeBLanc, porte-parole de la Ville de

Moncton.

Contacté par le journal, un porte-parole du ministère du Développem­ent social a confirmé que son départemen­t «travaille sur une solution» sans pouvoir en dire davantage.

Malgré tout, le personnel municipal a déjà commencé à débarrasse­r les lieux et à planifier l’ouverture en collaborat­ion avec la Clinique

Salvus, l’organisme Humanity Project et le programme Reconnect du YMCA.

«Nous sommes en train d’évaluer les coûts reliés à l’achat de lits, de couverture­s, de matériaux ainsi qu’à l’assurance et au chauffage, précise Isabelle LeBlanc. On est en train de voir comment se coordonner avec les organismes. On veut juger si on a besoin de bénévoles qui pourrait aider et comment ils pourraient le faire.»

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