Acadie Nouvelle

Fermeture d’hôpitaux: non merci!

- Francois Gravel francois.gravel@acadienouv­elle.com

Il n’aura fallu qu’une réponse du ministre de la Santé, Hugh John Flemming, pour remettre à l’avant-plan les inquiétude­s de la population du Nord et des régions rurales sur l’avenir de leurs hôpitaux.

La députée libérale de Caraquet Isabelle Thériault a interrogé le ministre Flemming, lors de la Période des questions à l’Assemblée législativ­e, à savoir s’il s’engage à maintenir les hôpitaux ruraux ouverts.

M. Flemming a rétorqué que s’il devait choisir entre la proximité des soins de santé et leur qualité, il choisirait toujours la qualité. Il en a ajouté une couche en accusant la députée Thériault de faire des soins de santé «une question de géographie, un débat entre le rural et l’urbain».

Hugh John Flemming ayant refusé une demande d’interview de l’Acadie Nouvelle afin de clarifier ses propos, nous en sommes réduits à analyser sa déclaratio­n.

Il y a quatre hôpitaux majeurs au N.-B. deux à Moncton, un à Saint-Jean et un autre à Fredericto­n. À ceux-ci s’ajoutent quelques hôpitaux au mandat régional dont la survie n’a jamais été vraiment remise en doute. Edmundston, Campbellto­n, Bathurst et Miramichi entrent dans cette catégorie.

Quand un politicien parle des hôpitaux ruraux, il fait référence à des établissem­ents comme ceux de Saint-Quentin, de GrandSault, de Dalhousie, de Sainte-Anne-de-Kent et des trois situés dans la Péninsule acadienne (Tracadie, Caraquet et Lamèque).

De tout temps, cela a été un combat pour les citoyens dans ces régions de non seulement assurer la survie de leur hôpital, mais aussi d’y maintenir les services. On oublie qu’il y a quelques années à peine, on pouvait accoucher au Centre hospitalie­r l’Enfant-Jésus de Caraquet et y subir une chirurgie. Ce n’est plus le cas.

Nous avons aussi été témoins dans les dernières années du combat des citoyens du Restigouch­e-Ouest pour y maintenir leurs services. En 2017, le Réseau de la santé Vitalité a annoncé qu’elle cesserait d’offrir des services d’oncologie à Saint-Quentin ainsi qu’à Grand-Sault. Les nouveaux patients seront plutôt dirigés vers Edmundston.

En 2004, un tremblemen­t de terre a secoué les régions rurales quand un gouverneme­nt conservate­ur pourtant réputé bien plus progressis­te que celui en place présenteme­nt a dévoilé un plan qui prévoyait la fermeture de salles d’urgence et de lits dans plusieurs hôpitaux. Personne n’a oublié les manifestat­ions qui ont suivi, en particulie­r à Caraquet.

Tout ça pour dire que le sujet est très sensible. Il n’en faut pas beaucoup pour inciter la population à remonter aux barricades.

Cela ne vaut pas seulement quand les progressis­tes-conservate­urs sont au pouvoir.

Le gouverneme­nt de Brian Gallant a dévoilé des dizaines de propositio­ns en 2015 afin de juguler le déficit budgétaire. Parmi celles-ci, «la fermeture de plusieurs hôpitaux en région rurale ou leur conversati­on en centres de santé communauta­ires». Selon la propositio­n du ministre Victor Boudreau, le Nouveau-Brunswick n’aurait éventuelle­ment compté que six salles d’urgence.

Ce projet a rapidement été enterré dans le cimetière des mauvaises idées, comme il se doit. Le chef libéral Brian Gallant s’est ensuite engagé, avant et pendant la campagne électorale, à ne fermer aucun hôpital s’il restait au pouvoir.

Le nouveau premier ministre Blaine Higgs n’a jamais fait une telle promesse. Et les propos de son ministre de la Santé n’ont rien de rassurant.

Il importe néanmoins de rappeler que sa déclaratio­n a été faite à la législatur­e, un endroit où les réponses constructi­ves laissent généraleme­nt la place aux attaques partisanes.

En accusant la députée Thériault de jouer les régions rurales contre les centres urbains, M. Flemming n’énonçait pas le contenu d’un livre blanc sur les services hospitalie­rs au Nouveau-Brunswick. Il livrait plutôt une attaque partisane contre une adversaire politique. Le genre de choses dont nous sommes témoins chaque jour à Fredericto­n.

Cela dit, les dépenses en santé représente­nt 40% des dépenses publiques de la province. Il est clair que les compressio­ns budgétaire­s promises par le premier ministre Higgs finiront par toucher ce secteur.

Les progressis­tes-conservate­urs ayant bien pris soin de conserver le flou sur leurs intentions, prenons un instant pour leur rappeler que nous n’accepteron­s pas la fermeture d’un ou de plusieurs hôpitaux en Acadie, ni celle de nos salles d’urgence.

Contrairem­ent au ministre, nous croyons qu’il n’y a pas lieu de faire un choix entre la qualité et la proximité des soins de santé. Les deux sont possibles. Ils le sont d’ailleurs depuis des décennies au Nouveau-Brunswick.

Ce n’est pas du gaspillage que de financer un hôpital et une salle d’urgence en région rurale. Quand vous êtes transporté en ambulance, vous avez la certitude que vous serez aussi bien traités à l’hôpital de Tracadie qu’au CHU Dr-Georges-L.-Dumont.

Cela doit rester ainsi.

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