Fermeture d’hôpitaux: non merci!
Il n’aura fallu qu’une réponse du ministre de la Santé, Hugh John Flemming, pour remettre à l’avant-plan les inquiétudes de la population du Nord et des régions rurales sur l’avenir de leurs hôpitaux.
La députée libérale de Caraquet Isabelle Thériault a interrogé le ministre Flemming, lors de la Période des questions à l’Assemblée législative, à savoir s’il s’engage à maintenir les hôpitaux ruraux ouverts.
M. Flemming a rétorqué que s’il devait choisir entre la proximité des soins de santé et leur qualité, il choisirait toujours la qualité. Il en a ajouté une couche en accusant la députée Thériault de faire des soins de santé «une question de géographie, un débat entre le rural et l’urbain».
Hugh John Flemming ayant refusé une demande d’interview de l’Acadie Nouvelle afin de clarifier ses propos, nous en sommes réduits à analyser sa déclaration.
Il y a quatre hôpitaux majeurs au N.-B. deux à Moncton, un à Saint-Jean et un autre à Fredericton. À ceux-ci s’ajoutent quelques hôpitaux au mandat régional dont la survie n’a jamais été vraiment remise en doute. Edmundston, Campbellton, Bathurst et Miramichi entrent dans cette catégorie.
Quand un politicien parle des hôpitaux ruraux, il fait référence à des établissements comme ceux de Saint-Quentin, de GrandSault, de Dalhousie, de Sainte-Anne-de-Kent et des trois situés dans la Péninsule acadienne (Tracadie, Caraquet et Lamèque).
De tout temps, cela a été un combat pour les citoyens dans ces régions de non seulement assurer la survie de leur hôpital, mais aussi d’y maintenir les services. On oublie qu’il y a quelques années à peine, on pouvait accoucher au Centre hospitalier l’Enfant-Jésus de Caraquet et y subir une chirurgie. Ce n’est plus le cas.
Nous avons aussi été témoins dans les dernières années du combat des citoyens du Restigouche-Ouest pour y maintenir leurs services. En 2017, le Réseau de la santé Vitalité a annoncé qu’elle cesserait d’offrir des services d’oncologie à Saint-Quentin ainsi qu’à Grand-Sault. Les nouveaux patients seront plutôt dirigés vers Edmundston.
En 2004, un tremblement de terre a secoué les régions rurales quand un gouvernement conservateur pourtant réputé bien plus progressiste que celui en place présentement a dévoilé un plan qui prévoyait la fermeture de salles d’urgence et de lits dans plusieurs hôpitaux. Personne n’a oublié les manifestations qui ont suivi, en particulier à Caraquet.
Tout ça pour dire que le sujet est très sensible. Il n’en faut pas beaucoup pour inciter la population à remonter aux barricades.
Cela ne vaut pas seulement quand les progressistes-conservateurs sont au pouvoir.
Le gouvernement de Brian Gallant a dévoilé des dizaines de propositions en 2015 afin de juguler le déficit budgétaire. Parmi celles-ci, «la fermeture de plusieurs hôpitaux en région rurale ou leur conversation en centres de santé communautaires». Selon la proposition du ministre Victor Boudreau, le Nouveau-Brunswick n’aurait éventuellement compté que six salles d’urgence.
Ce projet a rapidement été enterré dans le cimetière des mauvaises idées, comme il se doit. Le chef libéral Brian Gallant s’est ensuite engagé, avant et pendant la campagne électorale, à ne fermer aucun hôpital s’il restait au pouvoir.
Le nouveau premier ministre Blaine Higgs n’a jamais fait une telle promesse. Et les propos de son ministre de la Santé n’ont rien de rassurant.
Il importe néanmoins de rappeler que sa déclaration a été faite à la législature, un endroit où les réponses constructives laissent généralement la place aux attaques partisanes.
En accusant la députée Thériault de jouer les régions rurales contre les centres urbains, M. Flemming n’énonçait pas le contenu d’un livre blanc sur les services hospitaliers au Nouveau-Brunswick. Il livrait plutôt une attaque partisane contre une adversaire politique. Le genre de choses dont nous sommes témoins chaque jour à Fredericton.
Cela dit, les dépenses en santé représentent 40% des dépenses publiques de la province. Il est clair que les compressions budgétaires promises par le premier ministre Higgs finiront par toucher ce secteur.
Les progressistes-conservateurs ayant bien pris soin de conserver le flou sur leurs intentions, prenons un instant pour leur rappeler que nous n’accepterons pas la fermeture d’un ou de plusieurs hôpitaux en Acadie, ni celle de nos salles d’urgence.
Contrairement au ministre, nous croyons qu’il n’y a pas lieu de faire un choix entre la qualité et la proximité des soins de santé. Les deux sont possibles. Ils le sont d’ailleurs depuis des décennies au Nouveau-Brunswick.
Ce n’est pas du gaspillage que de financer un hôpital et une salle d’urgence en région rurale. Quand vous êtes transporté en ambulance, vous avez la certitude que vous serez aussi bien traités à l’hôpital de Tracadie qu’au CHU Dr-Georges-L.-Dumont.
Cela doit rester ainsi.