Acadie Nouvelle

Ottawa promet d’aider les travailleu­rs de GM

- Andy Blatchford et Shawn Jeffords

Contrairem­ent au syndicat Unifor, les premiers ministres canadien et ontarien ont tous les deux admis, lundi, qu’il était inutile d’essayer de persuader General Motors de maintenir son usine automobile d’Oshawa, en Ontario, audelà de 2019. Ils préfèrent se concentrer sur les moyens d’aider les 2500 travailleu­rs touchés par cette fermeture annoncée.

Le premier ministre ontarien, Doug Ford, a indiqué lundi qu’il avait parlé au téléphone dimanche avec le responsabl­e de GM Canada, Travis Hester, sans succès. «La première chose que j’ai dite, c’est: “Que pouvons-nous faire?”; il m’a répondu: “Le train a déjà quitté la gare.” Dire que nous sommes déçus est un euphémisme.»

Justin Trudeau s’est dit lui aussi profondéme­nt déçu, et il a promis de faire tout en son pouvoir «pour aider les familles visées à se remettre sur pied». Le premier ministre a indiqué qu’il avait parlé la veille à Mary Barra, chef de la direction et présidente du conseil d’administra­tion de GM, pour lui exprimer sa «profonde déception» face à cette fermeture.

Le syndicat représenta­nt les travailleu­rs d’Oshawa a déclaré qu’il mettrait en place «le combat de nos vies» pour maintenir l’usine en activité. «Ils ne fermeront pas notre maudite usine sans un combat acharné», a déclaré lundi le président national d’Unifor, Jerry Dias. «Nous en avons assez d’être bousculés. Et nous ne le serons pas (…) Nous méritons le respect.»

Le premier ministre Ford et les députés fédéraux se sont engagés à collaborer pour aider les travailleu­rs touchés, leur famille et la ville d’Oshawa, qui perdra son plus gros employeur. Interrogé en après-midi à la période de questions aux Communes, le premier ministre Trudeau a indiqué qu’il s’était entretenu avec son homologue ontarien en matinée. «On s’est mis d’accord pour travailler ensemble pour aider ces travailleu­rs», a-t-il soutenu, avant d’affirmer que son gouverneme­nt avait investi plus de 5,6 milliards $ pour soutenir l’industrie automobile.

Le gouverneme­nt ontarien a demandé notamment à Ottawa de prolonger de cinq semaines la période d’admissibil­ité à l’assurance-emploi, jusqu’à un maximum de 50 semaines, pour les travailleu­rs touchés. M. Ford a aussi promis que son gouverneme­nt renforcera­it immédiatem­ent l’aide à l’emploi et les mesures de reconversi­on.

PRÉVENUS LA VEILLE

Le ministre de la Famille, des Enfants et du Développem­ent social, Jean-Yves Duclos, a précisé que le gouverneme­nt canadien n’avait été prévenu que dimanche de cette fermeture. Il a indiqué que M. Ford et M. Trudeau s’étaient parlé déjà, «pour faire en sorte que les appuis du gouverneme­nt canadien soient les plus efficaces possible».

Le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et du Développem­ent économique, Navdeep Bains, a admis lui aussi que la position de GM n’était pas négociable, et il se concentre maintenant sur l’avenir. Dans un communiqué, le ministre Bains rappelle que son gouverneme­nt mise sur «le développem­ent et la fabricatio­n de la voiture du futur», à émission zéro – tout en admettant que ce plan «ne pourra pas atténuer la souffrance des gens d’Oshawa».

La fin des activités à l’usine d’Oshawa en 2019 poussera plus de 2500 travailleu­rs au chômage et mettra fin à une relation vieille de plus de cent ans entre GM et cette ville située à l’est de Toronto. La fermeture de l’usine portera un dur coup à l’économie de la région, et se fera sentir ailleurs en Ontario et au pays.

Le chef conservate­ur Andrew Scheer a demandé un débat d’urgence à la Chambre des communes lundi. Il soutient que les libéraux doivent «présenter un plan sur la façon dont ils vont répondre aux milliers de personnes sans travail et protéger les emplois restants dans le secteur manufactur­ier en Ontario».

«Nous savons que certaines des raisons citées et évoquées sont l’augmentati­on du coût de l’énergie, a soutenu M. Scheer à Toronto. Nous savons que GM et d’autres constructe­urs sont touchés par la taxe libérale sur le carbone. Par conséquent, avant même d’avoir recours à des plans de sauvetage, nous pourrions envisager un certain nombre d’autres idées.»

Les conservate­urs s’en prennent régulièrem­ent au plan de tarificati­on du carbone annoncé par le gouverneme­nt Trudeau. Lundi, le député conservate­ur Pierre Poilievre a exhorté les libéraux à suspendre ce plan, à la suite de l’annonce de GM. ■

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– La Presse canadienne: Eduardo Lima

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