VENTE DE HOMARDS VIVANTS EN CHINE: TRUMP AIDE LE CANADA
L’industrie canadienne du homard se taille une part de marché de plus en plus grande en Asie. En septembre, la Chine a reçu quatre fois plus de homards vivants que les États-Unis. Geoff Irvine, directeur général du Conseil canadien du homard, parle désormais d’un «avant» et d’un «après» 6 juillet dans l’industrie. C’est à cette date que la Chine a augmenté de 25% ses tarifs sur le homard provenant des États-Unis, une mesure de représailles parmi tant d’autres dans sa guerre commerciale contre le gouvernement de Donald Trump.
Au départ, les leaders de l’industrie canadienne ne pouvaient pas prédire exactement quelles seraient les répercussions. Près de quatre mois se sont écoulés depuis, et une chose est claire: les Chinois achètent plus de homard pêché au Canada.
En juin, environ 850 000 kg - c’est-à-dire 14% des exportations totales - de homard vivant ont été acheminés vers la Chine, selon Statistique Canada. En juillet, le total s’est élevé à 1,2 million kg (35%). Il a ensuite grimpé à 1,8 million de kg (50%), en août, et à 1,9 million de kg (61%), en septembre.
Durant la même période, en 2017, les exportations vers la Chine n’ont jamais dépassé les 710 000 kg, ou 32% des exportations totales.
«Les exportations vers la Chine augmentent chaque mois depuis des années, mais là, c’est un autre ordre d’importance», affirme M. Irvine.
Le DG du Conseil canadien du homard explique que les Chinois ont essentiellement arrêté d’acheter le homard des États-Unis, et se sont tournés rapidement vers le homard du Canada. La dynamique permet aux exportateurs canadiens de créer des nouveaux liens avec des importateurs chinois et de renforcer des relations d’affaires déjà existantes.
Le phénomène est cependant précaire: il est apparu de façon soudaine, il pourrait disparaître de la même façon.
«C’est arrivé de façon imprévue et l’inquiétude est que ça pourrait disparaître tout aussi soudainement. Le président Xi (Jinping) et le président Trump doivent se rencontrer ce week-end au G20. Tout pourrait changer. On ne sait jamais.»
Cela dit, M. Irvine croit que l’ouverture des derniers mois a offert à l’industrie canadienne un accès que ses membres n’auraient pas eu autrement. Si jamais les tarifs de la Chine sur les États-Unis sont abolis, les marchés ne reviendront pas tout simplement comme ils l’étaient avant juillet.
«Il n’y a pas de doute que ça nous a permis d’élargir notre part de marché en Chine. Et si jamais la situation des tarifs revient comme avant, nous serons dans une position dominante. Cela dit, tous les exportateurs sont prudents. Ils continuent à entretenir leurs relations d’affaires en Europe et aux États-Unis.»
Au début du mois, une délégation de 70 entreprises et organismes canadiens menée par l’Agence de promotion du développement économique du Canada atlantique (APECA) s’est rendue en Chine afin de développer des liens d’affaires. Parmi elles se retrouvait une quarantaine de compagnies de l’industrie des fruits de mer, dont un tiers du Nouveau Brunswick.
À l’été 2017, les États-Unis étaient les plus grands importateurs de homard vivant du Canada. En septembre de cette année, seulement 500 000 kg du crustacé ont été envoyés au sud de la frontière, ou 16% des exportations totales. L’an dernier, la part du marché des Américains était de 34% durant la même période. ■