L’Acadie prend la rue en appui aux Franco-Ontariens
La mobilisation sans précédent des Franco-Ontariens contre les compressions dans les services en français a fait des vagues jusqu’au Nouveau Brunswick. Près de 250 citoyens ont marché samedi dans les rues de Moncton en signe de solidarité.
Rassemblés devant l’hôtel de ville, ils répondaient à l’appel à la mobilisation de plusieurs associations francophones de l’Ontario qui a fait sortir près de 14 000 personnes dans la province la plus populeuse au pays.
Dans la foule, les couleurs de l’Acadie se mêlaient à celles du drapeau franco-ontarien. «Solidarité Ontario», «Toujours debout», «Touche pas à mes droits» pouvaiton lire sur les pancartes des manifestants.
Ensemble, ils tentent de forcer le gouvernement Ford à revenir sur la décision d’annuler le projet de l’Université de l’Ontario français et d’abolir le Commissariat aux services en français.
Sébastien Lord-Émard, représentant du Sud-Est pour la SANB, a participé à l’organisation de la manifestation pour exiger le maintien des institutions et le respect de la minorité francophone.
«La situation en Ontario nous montre qu’il ne faut rien tenir pour acquis. Aujourd’hui, on veut montrer que toutes les communautés francophones au pays sont unies et solidaires. C’est le contraire du discours populiste porté par Doug Ford ou l’Alliance des gens», souligne-t-il.
«Il y a beaucoup d’hôpitaux anglophones au Québec et de grandes institutions universitaires comme Concordia ou McGill. Pourquoi ce n’est pas le cas en Ontario? Pourquoi est-ce si inégal?»
Le groupe drapé de vert et de blanc s’est ensuite déplacé jusqu’au Centre culturel Aberdeen, encouragé par les klaxons des automobilistes.
L’une des organisatrices, Geneviève Latour, est elle-même originaire de l’Ontario. Elle a milité en faveur de la création d’une université francophone avant de s’installer en Acadie.
«Quand on a vu ce que Ford a annoncé, ça a été une douche froide après avoir passé autant de temps à rallier les gens autour de ce projet de société», déplore-t-elle.
La jeune femme se dit touchée par la mobilisation des communautés francophones de l’ensemble du pays. «Ça fait chaud au coeur de voir cet élan de solidarité. De voir une telle réponse aussi en si peu de jours, c’est impressionnant!»
Robert Melanson, président de la SANB, avait également préparé quelques mots pour soutenir la cause franco-ontarienne.
«Ces actions ne représentent ni plus ni moins qu’une tentative de désinstitutionnalisation de la francophonie ontarienne. Sans ces institutions, une communauté se voit grandement fragilisée» déclare-t-il.
«Pour réduire les tensions linguistiques à travers le pays, il est essentiel que tous les gouvernements de la confédération rejettent le populisme polarisant.»
EN SIGNE DE SOLIDARITÉ
Le ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, Dominic Cardy, et le vice-premier ministre du Nouveau-Brunswick, Robert Gauvin, ont pris part à la marche de solidarité.
«Je suis un Acadien, je suis francophone et je suis venu en signe de solidarité», a indiqué le député de Shippagan-LamèqueMiscou.
Appelé à se prononcer sur les décisions du gouvernement Ford, Robert Gauvin a préféré promouvoir le modèle néobrunswickois.
«Je ne veux pas gérer les affaires des autres provinces, la seule chose que je peux faire c’est donner des conseils. Ici au Nouveau-Brunswick on a vu les bénéfices du bilinguisme et de la Francophonie.»
Jacques Paul Couturier, le recteur par intérim de l’Université de Moncton, s’est lui aussi mêlé à la foule afin de dénoncer les coupes du gouvernement de Doug Ford.
«C’est important que notre institution manifeste notre solidarité, ma présence symbolise le fait que l’établissement est là pour la défense des droits des francophones», dit-il.
«Une université entièrement au service de sa population c’est un outil formidable de développement. On pourrait se demander que serait l’Acadie sans l’Université de Moncton, mais aussi que sera l’Ontario grâce à une université francophone?»