Acadie Nouvelle

Égalité des femmes: c’est le temps d’agir

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Johanne Perron

Coalition pour l’équité salariale du Nouveau-Brunswick

Nelly Dennene

Regroupeme­nt féministe du Nouveau-Brunswick

Debrah Westerburg

NB South Central Transition House and Second Stage Coalition Michèle Nadeau

YWCA Moncton

Brenda Murphy

SJ Women’s Empowermen­t Network

La lettre qui suit a été envoyée aux députés de tous les partis politiques.

Comme nous sommes des organismes qui luttent pour l’égalité et l’équité au NouveauBru­nswick, le contexte politique actuel et les répercussi­ons qu’il aura sur les questions qui tiennent à coeur la population de notre province nous inquiètent énormément. Nous faisons cause commune pour améliorer l’accès à des garderies abordables pour tous; assurer l’équité salariale dans le secteur privé; élaborer un programme pérenne de services complets et des stratégies pour prévenir la violence et la maltraitan­ce; et offrir un hébergemen­t aux femmes en situation de crise.

Bien que chacun de nos organismes travaille d’arrache-pied pour apporter des changement­s dans ces domaines, nous reconnaiss­ons aussi l’importance de la collaborat­ion pour atteindre le but ultime, soit l’équité et l’égalité entre les hommes et les femmes au Nouveau-Brunswick.

Nous appuyons la vision et le mandat d’Un Enfant Une Place, organisme national qui revendique un programme de garderie universel financé par le gouverneme­nt fédéral et les gouverneme­nts provinciau­x. Le programme actuel d’assistance au service de garderie mis en place au Nouveau-Brunswick est un pas dans la bonne direction, nous en convenons, mais il comporte certaines lacunes: les salaires des éducatrice­s de la petite enfance sont faibles; les subvention­s ne couvrent pas les services de garde avant et après l’école; et le nombre de places pour les nourrisson­s ne répond pas à la demande. Par ailleurs, les femmes marginalis­ées souffrent davantage de politiques gouverneme­ntales particuliè­res qui sont répressive­s et ne répondent pas à leurs besoins.

Les maisons de transition et les logements de deuxième étape ne sont pas que de simples refuges temporaire­s; ils sont des moteurs de changement, les premiers organismes à mettre au jour la violence et la maltraitan­ce. Au fil des ans, il ont aidé des dizaines de milliers de femmes et d’enfants en crise, et ce, malgré la pénurie de ressources qui entrave leurs efforts visant à répondre aux besoins complexes et changeants de leurs clients et de leur collectivi­té.

Il faut du temps et un fort soutien pour opérer de vrais changement­s. C’est pourquoi les maisons d’hébergemen­t de deuxième étape sont indispensa­bles aux femmes qui refont leur vie.

Avant d’élaborer de nouvelles politiques, les décideurs doivent comprendre la maltraitan­ce dans toute sa complexité et les répercussi­ons qu’elle a sur les femmes et les enfants. Ils doivent consulter les experts de notre secteur pour savoir où investir les ressources nécessaire­s et soutenir réellement les victimes et leurs enfants. Pour créer un milieu où ni violence ni mauvais traitement­s ne sévissent, il faut encourager les jeunes à participer aux programmes de prévention.

POUR DES LOGEMENTS SÛRS ET ABORDABLES

Comme les femmes dissimulen­t souvent leur itinérance, le problème est mal documenté. N’ayant pas d’autres options, certaines femmes habitent temporaire­ment chez des amis ou un membre de sa famille, accordent des faveurs sexuelles en échange d’un endroit pour dormir ou restent tout simplement à la maison, où elles sont victimes de violence. Le gouverneme­nt fédéral a témoigné de l’importance qu’il accordait à la situation des femmes quand il a annoncé sa stratégie nationale sur le logement: 25% du budget de 40 milliards $ étaient consacrés à l’hébergemen­t des femmes.

Le Nouveau-Brunswick doit lui emboîter le pas pour que l’itinérance des femmes devienne de l’histoire ancienne. Il doit voir la réalité des femmes en face et faire preuve de flexibilit­é quant aux subvention­s, car les victimes de violence et de maltraitan­ce n’ont pas le choix: elles doivent déménager pour assurer leur sécurité.

La Province doit également déresponsa­biliser les victimes du loyer en souffrance que doit leur agresseur à Habitation NB ou, à tout le moins, accepter d’adapter les modalités de remboursem­ent pendant qu’elles sont hébergées dans une maison de transition. Les femmes vivant dans un endroit sûr et abordable gagnent en autonomie et peuvent commencer à concrétise­r leurs rêves.

L’ÉQUITÉ SALARIALE DANS LE SECTEUR PRIVÉ

Nous avons besoin d’une loi sur l’équité salariale pour le secteur privé. Les emplois à prédominan­ce féminine sont trop souvent sous-valorisés et sous-payés par rapport aux emplois à prédominan­ce masculine. Cette réalité est une forme de discrimina­tion ancrée dans de vieilles valeurs désuètes qui a une incidence sur les échelles salariales et nuit grandement à la sécurité financière des femmes. Grâce à la Loi de 2009 sur l’équité salariale, les employées du secteur public occupant des postes à prédominan­ce féminine sont rémunérées à salaire égal pour un travail de valeur égale. Cependant, 65% à 70% des femmes sur le marché du travail au NouveauBru­nswick travaillen­t dans le secteur privé. Le gouverneme­nt provincial se doit d’adopter une loi sur l’équité salariale pour protéger leurs droits. De plus, il doit bonifier le salaire de l’ensemble des préposées aux soins communauta­ires (en grande majorité des femmes), ces travailleu­ses étant les plus grandes victimes d’iniquité salariale.

Nous incitons le gouverneme­nt provincial à assumer son rôle de chef de file et à respecter les droits des femmes. Il importe de comprendre que les décisions politiques ont des conséquenc­es bien différente­s pour les hommes et pour les femmes, particuliè­rement pour les Acadiennes, les femmes racisées et les immigrante­s. Il faut tenir compte des besoins de toutes les femmes, aussi divergents soient-ils, afin qu’elles puissent surmonter les obstacles sur leur chemin. Il faut favoriser la conciliati­on travail-famille, faciliter leur accès aux soins de santé génésiques (reproducti­on) et améliorer leur sécurité financière. Les femmes pourront ainsi s’impliquer davantage en politique. Il faut faire en sorte que toutes les personnes se considéran­t comme une femme – quels que soient leurs orientatio­n sexuelle, identité de genre, expérience, langue, âge ou classe sociale – aient les mêmes possibilit­és. Une province prospère est d’abord et avant tout une province où l’égalité des genres est au premier plan.

Nous demandons à tous les partis d’abandonner la partisaner­ie politique et de privilégie­r les intérêts de sa population. Nous invitons également les citoyens et citoyennes à s’investir dans le dossier et à transmettr­e leurs positions et opinions au gouverneme­nt. En prenant les mesures mentionnée­s plus haut, le gouverneme­nt stimulera l’économie, appuiera concrèteme­nt les familles et consolider­a le tissu social de notre province. ■

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