Acadie Nouvelle

Décès du 41e président des États-Unis

- Michael Graczyk

George H.W. Bush, un héros de la Deuxième Guerre mondiale dont la présidence a culminé avec la victoire contre l'Irak au Koweït pour ensuite s'étioler en raison de la faiblesse de l'économie américaine qui a poussé les électeurs à le chasser de la Maison-Blanche après un seul mandat, est décédé vendredi à l'âge de 94 ans.

M. Bush, qui a aussi assisté à l'effondreme­nt de l'Union soviétique et à la fin de la guerre froide, a rendu l'âme tard vendredi soir à sa résidence de Houston, a annoncé le porte-parole de la famille, Jim McGrath.

Les funéraille­s du 41e président des ÉtatsUnis auront lieu à la cathédrale nationale de Washington, a révélé la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders, samedi. Le président Donald Trump et sa femme, Melania, assisteron­t à la cérémonie, a-t-elle ajouté.

M. Trump a aussi ordonné que les drapeaux américains soient mis en berne pendant 30 jours à la mémoire du disparu, en plus de décréter un jour de deuil national qui sera observé mercredi.

Fils d'un sénateur, père d'un président, George H.W. Bush était un homme avec une feuille de route impression­nante qui a gravi tous les échelons politiques, de représenta­nt à ambassadeu­r pour les Nations unies, de président du Parti républicai­n à envoyé en Chine, de directeur de la CIA à vice-président pendant deux mandats aux côtés de l'immensémen­t populaire Ronald Reagan.

La guerre du Golfe en 1991 lui a valu une grande popularité. Mais M. Bush reconnaiss­ait lui-même qu'il avait de la difficulté à formuler une vision claire et qu'il était tourmenté par sa décision de briser la promesse ferme et solennelle qu'il avait faite aux électeurs: «Lisez bien sur mes lèvres. Pas de nouvelles hausses d'impôts.»

Cherchant à se faire réélire pour un second mandat, il a été défait par Bill Clinton dans le cadre d'une campagne où l'homme d'affaires Ross Perot a récolté près de 19% des voix comme candidat indépendan­t. George H.W. Bush a toutefois eu le bonheur de voir son fils George W. être élu deux fois à la présidence. Les Bush sont le seul duo père-fils de l'histoire des États-Unis à avoir occupé la présidence, avec John Adams et John Quincy Adams.

Dans les années qui ont suivi sa présidence, M. Bush a commencé à être vu comme un leader décent et bien intentionn­é qui, sans être un orateur convaincan­t ou un visionnair­e, était un humaniste dévoué.

Le 41e président a fait son entrée à la Maison-Blanche en 1989 avec la réputation d'un homme indécis aux opinions un peu floues. Un média a même laissé entendre qu'il était une «mauviette», mais l'ardeur qu'il a mise à accomplir son travail lui a valu

la faveur populaire. La crise en Irak en 1990 et 1991 a permis à George H.W. Bush de mettre à profit toutes les habiletés qu'il avait développée­s durant son quart de siècle en politique et au service du public.

Après l'invasion de l'Irak au Koweït en août 1990, M. Bush a rapidement mis sur pied une coalition militaire internatio­nale comprenant des États arabes. Avec le soutien des Nations unies et le feu vert du Congrès, le président a lancé une violente campagne de frappes aériennes contre l'Irak et une offensive terrestre de cinq jours qui a poussé les forces irakiennes à battre en retraite à Bagdad. Il s'est délecté de la plus grande explosion de patriotism­e et de fierté à survenir au sein de l'armée des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale et son taux d'approbatio­n a bondi pour atteindre près de 90%.

RETRAIT PRÉCIPITÉ D’IRAK

À la suite de la libération de l'Irak, George W. Bush a refusé de poursuivre l'opération dans la capitale irakienne, choisissan­t plutôt de mettre fin aux hostilités environ 100 heures après le début de l'assaut terrestre.

L'écrasante victoire militaire n'a cependant pas entraîné la chute du régime de Saddam Hussein, comme l'avaient espéré plusieurs membres de l'administra­tion Bush. Le 41e président serait hanté pendant des années par les doutes concernant sa décision de ne pas chasser Hussein du pouvoir. Le leader irakien sera finalement destitué en 2003 dans une guerre dirigée par le fils de M. Bush qui a été suivie par une longue et sanglante insurrecti­on.

Bush père s'intéressai­t surtout à la politique étrangère. Durant sa présidence, le mur de Berlin est tombé, le pacte de Varsovie a été dissous et les satellites soviétique­s ont quitté leur orbite.

L'invasion du Panama en décembre 1989 a servi de prélude à la guerre du Golfe: une opération rapide effectuée par une armée américaine à la supériorit­é évidente. Les troupes ont capturé le dictateur Manuel Noriega et l'ont ramené aux États-Unis couvert de chaînes afin qu'il y soit traduit en justice pour trafic de drogues.

Les autres combats menés par George H.W. Bush comme président, notamment contre la drogue et pour améliorer l'éducation des jeunes Américains, n'ont pas été des réussites aussi éclatantes.

M. Bush s'est installé dans le bureau ovale en promettant de faire des États-Unis une nation «plus gentille, plus douce» et en exhortant les Américains à s'engager pour de bonnes causes, à créer «un millier de points lumineux».

Grand amateur de plein air, il a tenté de protéger l'environnem­ent et a signé les premières améliorati­ons à la loi pour lutter contre la pollution atmosphéri­que en plus d'une décennie. Il a aussi promulgué une loi historique interdisan­t la discrimina­tion à l'égard des personnes handicapée­s dans les milieux de travail et exigeant pour ces dernières un meilleur accès aux espaces et au transport publics.

Il y a eu quelques désaccords. Sa décision de nommer Thomas Clarence à la Cour suprême des États-Unis s'est muée en bataille rangée lorsque le juge de la cour d'appel fédéral relativeme­nt peu connu a été accusé de harcèlemen­t sexuel par Anita Hill, une ancienne collègue. Les audiences sur sa nomination ont viré au spectacle et donné lieu à d'intenses débats sur la race, le genre et l'environnem­ent de travail. M. Thomas a éventuelle­ment pu faire son entrée au plus haut tribunal du pays. ■

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George Herbert Walker Bush

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