Acadie Nouvelle

Entendre et comprendre

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Réginald Boudreau Grande-Anse

Saviez-vous que 2018 a atteint – pour la quatrième année consécutiv­e – les plus chaudes températur­es jamais enregistré­es? En 2018, il y a eu 13 cyclones de plus que l’année précédente, soit 70. Il en va de même pour les sécheresse­s, les incendies majeurs et les ouragans, qui ont doublé depuis 1990.

Êtes-vous conscient que les glaciers rétrécisse­nt depuis plus de 38 ans? En 2012, c’était 76 milliards de tonnes de glace par an qui fondait, aujourd’hui c’est 219 milliards de tonnes, soit trois fois plus. Et ceci augmente toutes les années.

Avez-vous entendu, qu’avez-vous compris?

Les gaz à effet de serre (GES) ont atteint des concentrat­ions record cette année.

Depuis un siècle, le méthane lié à l’énergie fossile a augmenté de 257%.

Les pertes liées aux cataclysme­s vont dépasser en 2018, 520 milliards $, et plus tristes, 26 millions de personnes basculent dans la pauvreté due aux pertes causées par ces cataclysme­s.

Êtes-vous conscient que plus de 20 à 30% des espèces animales et végétales sont menacées en raison de notre avidité, de notre consommati­on excessive et de notre mode de production non harmonieus­e et non respectueu­se de la nature et de ses cycles.

Tous les scientifiq­ues les plus compétents de la Terre nous disent que le réchauffem­ent climatique est la cause de tous ces phénomènes extrêmes.

Tous les rapports scientifiq­ues pointent vers le transport comme le plus important producteur de GES. Il faut faire des changement­s majeurs d’ici 10 ans, sinon c’est le glas de la fin qui sonnera.

Peut-on changer le mode de livraison de nos marchandis­es? Par exemple, privilégie­r le transport par train et par bateau au transport par camion. Chaque train, chaque bateau, équivaut à combien de camions de moins sur nos routes, à quelles économies de GES? On n’a pas besoin de toujours avoir nos marchandis­es le jour suivant notre commande. Peut-on abandonner cette impétuosit­é pour pouvoir respirer dans 10 ans?

Les gouverneme­nts doivent mettre l’accent sur le développem­ent du transport en commun, tant au niveau industriel que pour les citoyens, et encourager le covoiturag­e par des mesures concrètes et incitative­s.

Individuel­lement, on pourrait faire attention à nos habitudes de consommati­on. Cet hiver, au lieu d’aller au soleil exposer notre gras de l’opulence sur les sables chauds, pourquoi ne pas prendre des vacances ici, faire des activités de plein air ici?

Toutes ces oasis qui entretienn­ent l’illusion que nous sommes riches. Comment arrêter de croire les publicités qui nous disent qu’on ne passera pas l’hiver sans ces

vacances au chaud? Ce n’est pas un tourisme axé sur la rencontre et le partage avec les gens du pays, mais plutôt un tourisme centré sur soi.

Certains pays ont des normes tellement désuètes que les empreintes environnem­entales laissées par ces installati­ons touristiqu­es sont des horreurs pour les nappes d’eau souterrain­es, riveraines et pour la planète. De plus, il faut penser à tous ces GES dégagés par les innombrabl­es vols d’avions.

Il y a aussi les empreintes laissées dans ces gens qui se voient interdire l’accès à leurs plus belles plages parce qu’ils sont pauvres. Ils assistent aux excès de consommati­on des biens nantis de la planète alors qu’eux ne sont pas certains de leurs repas quotidiens.

Si vous étiez l’autre bord de la clôture, comment réagiriez-vous?

Il n’y a plus d’échappatoi­re, comme dans tous les autres siècles. On ne peut plus se dire: nous continuero­ns, nous recommence­rons, nous panserons nos plaies, nous repartiron­s, comme les gens de la droite le croient.

La vie, c’est nous, par nos décisions que nous prenons aujourd’hui…

Nos enfants auront-ils l’eau vive que nous avons eue, auront-ils l’air pur que nous avons respiré, les vivres en abondance que nous avons? Préparons-nous leurs vies ou leurs extinction­s?

J’ai l’impression que nous jouons avec la vie et la mort, en appliquons la logique du développem­ent sans limites, du plus gros, du plus fort. A-t-on besoin de tant de choses pour être heureux?

Avec les ego qui contrôlent notre monde, aurons-nous à un moment donné un grand feu d’artifice et le début d’une ère nouvelle, sans le fauteur de trouble que nous sommes devenu et cette société consommatr­ice et individual­iste? ■

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