La compétitivité et le climat
Dans l’édition du 29 novembre, Jim Irving, puissant homme d’affaires au Nouveau-Brunswick, nous explique l’importance de la compétitivité pour l’économie du Nouveau-Brunswick et il en fait un argument contre la taxe du carbone proposée par le fédéral. Je veux m’adresser à lui.
M. Irving, merci de nous éclairer sur ce sujet de la compétitivité, dont vous connaissez mieux que moi l’importance pour les entreprises.
Selon ce que je lis, la compétitivité sur les taxes appauvrit la plupart des citoyens du monde présentement. Nos entreprises et nos gouvernements en subissent les contrecoups. Je n’en sais rien pour vos entreprises, mais je présume que vous devez composer avec cela. La réalité est que la compétitivité est un défi aussi pour nos compétiteurs.
Le changement climatique nous menace tous, y compris vos petits-enfants et vos entreprises. Il n’y a plus de doute que les humains y contribuent par les gaz à effet de serre qu’ils relâchent dans notre atmosphère. Pour avoir négligé depuis 40 ans les avertissements des scientifiques, nous faisons maintenant face à une urgence.
Que recommandez-vous et que faitesvous pour faire mieux que la timide taxe sur le carbone? Nous devons tous faire notre part, y compris vous. Peut-être posez-vous déjà des gestes majeurs à ce sujet. Alors, il faut nous le dire. Par exemple, à moyen terme, vous avez le pouvoir de nous débarrasser de la centrale thermique au charbon de Belledune et de la centrale de Coleson Cove. Je vous suggère de proposer et de faire quelque chose de majeur, convaincant et comparable en ampleur à ces exemples.
C’est bien de décrire les obstacles; il faut aussi apporter des solutions. Business as usual avait sans doute du sens au temps de votre père il y a 50 ans, pas maintenant. Il n’y aura pas de profit à faire pour vous ni pour personne de vos entreprises quand l’agriculture s’effondrera, quand l’humanité aura faim et quand les gens commenceront à s’entretuer. Les gilets jaunes en France, c’est juste le début.
Nous serions navrés si vous utilisiez votre pouvoir immense sur nous et sur notre gouvernement pour nous empêcher de prendre notre part de responsabilité collective dans la lutte contre cette menace à toute l’humanité qu’est le changement climatique. Ce n’est pas parce que d’autres ne font pas leur part que nous sommes dispensés de prendre action. Il faut agir en citoyen et non en braconnier.
Vous n’êtes pas, comme les P.D.G. des corporations publiques, soumis à la tyrannie du rapport trimestriel, ni comme les ministres soumis aux vents de l’électorat. Vous avez un pouvoir immense et l’occasion de vous distinguer, de passer à l’action et de manifester de l’audace.
Nos arrières petits-enfants et les vôtres voudront être fiers de leurs grandsparents. Pour cela, ils voudront hériter d’une biosphère en santé et d’un nom dont ils seront fiers. Ils ne nous pardonneront pas notre négligence et nos prétextes pour ne rien faire quand c’était encore le temps d’agir.
J’invite les lecteurs à chercher sur Google: The tragedy of the commons.