Acadie Nouvelle

La compétitiv­ité et le climat

- Daniel Beaudry Moncton

Dans l’édition du 29 novembre, Jim Irving, puissant homme d’affaires au Nouveau-Brunswick, nous explique l’importance de la compétitiv­ité pour l’économie du Nouveau-Brunswick et il en fait un argument contre la taxe du carbone proposée par le fédéral. Je veux m’adresser à lui.

M. Irving, merci de nous éclairer sur ce sujet de la compétitiv­ité, dont vous connaissez mieux que moi l’importance pour les entreprise­s.

Selon ce que je lis, la compétitiv­ité sur les taxes appauvrit la plupart des citoyens du monde présenteme­nt. Nos entreprise­s et nos gouverneme­nts en subissent les contrecoup­s. Je n’en sais rien pour vos entreprise­s, mais je présume que vous devez composer avec cela. La réalité est que la compétitiv­ité est un défi aussi pour nos compétiteu­rs.

Le changement climatique nous menace tous, y compris vos petits-enfants et vos entreprise­s. Il n’y a plus de doute que les humains y contribuen­t par les gaz à effet de serre qu’ils relâchent dans notre atmosphère. Pour avoir négligé depuis 40 ans les avertissem­ents des scientifiq­ues, nous faisons maintenant face à une urgence.

Que recommande­z-vous et que faitesvous pour faire mieux que la timide taxe sur le carbone? Nous devons tous faire notre part, y compris vous. Peut-être posez-vous déjà des gestes majeurs à ce sujet. Alors, il faut nous le dire. Par exemple, à moyen terme, vous avez le pouvoir de nous débarrasse­r de la centrale thermique au charbon de Belledune et de la centrale de Coleson Cove. Je vous suggère de proposer et de faire quelque chose de majeur, convaincan­t et comparable en ampleur à ces exemples.

C’est bien de décrire les obstacles; il faut aussi apporter des solutions. Business as usual avait sans doute du sens au temps de votre père il y a 50 ans, pas maintenant. Il n’y aura pas de profit à faire pour vous ni pour personne de vos entreprise­s quand l’agricultur­e s’effondrera, quand l’humanité aura faim et quand les gens commencero­nt à s’entretuer. Les gilets jaunes en France, c’est juste le début.

Nous serions navrés si vous utilisiez votre pouvoir immense sur nous et sur notre gouverneme­nt pour nous empêcher de prendre notre part de responsabi­lité collective dans la lutte contre cette menace à toute l’humanité qu’est le changement climatique. Ce n’est pas parce que d’autres ne font pas leur part que nous sommes dispensés de prendre action. Il faut agir en citoyen et non en braconnier.

Vous n’êtes pas, comme les P.D.G. des corporatio­ns publiques, soumis à la tyrannie du rapport trimestrie­l, ni comme les ministres soumis aux vents de l’électorat. Vous avez un pouvoir immense et l’occasion de vous distinguer, de passer à l’action et de manifester de l’audace.

Nos arrières petits-enfants et les vôtres voudront être fiers de leurs grandspare­nts. Pour cela, ils voudront hériter d’une biosphère en santé et d’un nom dont ils seront fiers. Ils ne nous pardonnero­nt pas notre négligence et nos prétextes pour ne rien faire quand c’était encore le temps d’agir.

J’invite les lecteurs à chercher sur Google: The tragedy of the commons.

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