Marche silencieuse à Shippagan: «Nous avons un devoir de mémoire»
Des citoyens de la Péninsule acadienne ne veulent plus que le silence triomphe au détriment de la dénonciation. Une centaine de personnes se sont rassemblées, jeudi midi, pour une marche silencieuse contre la violence faite aux femmes à l’Université de Moncton, campus Shippagan (UMCS).
Des fanions avaient été distribués avant le départ. L’image est percutante: une silhouette silencieuse sur fond blanc est brandie pendant la marche par les participants. «Nous avons un devoir de mémoire», signifie d’emblée une des participantes, avant de commencer.
Dans les rangs, Jocelyne Kerry, présidente de l’Accueil Sainte-Famille, est en charge de la maison d’hébergement pour les femmes victimes de violence. Elle est contente de la réception. Le nombre de participants est beaucoup plus élevé que l’an dernier, selon elle.
«Si on pouvait mettre un éclairage sur la violence pour qu’elle ne soit plus silencieuse?», tonne Mme Kerry, avant la marche. L’important est de se réunir, année après année, selon elle.
La présidente ajoute que le taux d’occupation a cependant grimpé au courant de la dernière année pour l’Accueil Sainte-Famille. Une indication que les femmes dénoncent plus qu’auparavant?
«On travaille très fort pour aider les femmes victimes de violence tout au long de l’année», a-t-elle précisé.
La coordonnatrice, Émilie Haché, de la Table de concertation pour contrer la violence conjugale et familiale de la Péninsule acadienne est contente du bon déroulement de l’événement. C’était la deuxième fois que l’événement se déroulait à l’UMCS, mais l’organisation en était à sa 15e marche.
La marche était organisée le jour même de la tuerie à l’école Polytechnique de Montréal (6 décembre 1989), là où quatorze femmes ont perdu la vie, 29 ans plus tôt.
MOT D’OUVERTURE ÉMOUVANT
Alice Finn, présidente d’honneur de la marche a livré un discours qui a fait vibrer les cordes sensibles de plusieurs auditeurs de la salle. Elle était très émotive au moment de prendre la parole en commémoration de sa fille, Diane Finn Savoie, victime de la violence conjugale. «Elle était infirmière diplômée et se dirigeait à la maîtrise», a-t-elle déclaré, la voix tremblotante.
Mme Finn ajoute que «malheureusement, les victimes sont encore trop nombreuses» et que le problème est loin d’être réglé.
La mère a pris la parole pour le dévoilement de la silhouette silencieuse en mémoire de sa fille. «La paix, l’amour et le respect, avant tout», ajoute-t-elle. ■