Acadie Nouvelle

Une occasion à ne pas manquer

- Robert Melanson, président Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick

Monsieur le premier ministre Justin Trudeau. Le 7 décembre 2018, les premiers ministres et les dirigeants autochtone­s de ce pays se rencontrer­ont à Montréal pour discuter d’enjeux d’importance nationale. Cette rencontre survient alors que le Canada français et l’Acadie vivent une série de perturbati­ons engendrées par l’apparition d’une nouvelle droite populiste préconisan­t le recul du fait français au sein de notre fédération. En tant que président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), l’organisme porte-parole du peuple acadien sur le territoire néo-brunswicko­is, permettez-moi de vous avouer que ces récents développem­ents me préoccupen­t énormément.

Les récentes manifestat­ions en Ontario et ailleurs au pays démontrent que je ne suis pas le seul à craindre pour l’avenir du français au Canada. Samedi, des milliers de francophon­es d’un bout à l’autre du pays se sont levés debout pour dénoncer haut et fort ceux qui voudraient soustraire à nos communauté­s non seulement leurs institutio­ns, mais également une part de leur dignité. D’ailleurs, sur la question des coupures en Ontario, la SANB a été très claire: les actions de M. Ford ne représente­nt ni plus ni moins qu’une tentative de désinstitu­tionnalisa­tion de la francophon­ie ontarienne. Sans ses institutio­ns, une communauté se voit grandement fragilisée. En 2018, à l’aube des 50 ans de la Loi sur les langues officielle­s, ces attaques envers nos communauté­s francophon­es sont tout simplement inacceptab­les.

Comme vous le savez bien, le Canada est une fédération de provinces, chacune avec ses spécificit­és et ses traits particulie­rs. Les liens qui nous unissent sont parfois difficiles à cerner et trop souvent fragiles. Cela dit, une des forces qui unit nos différente­s régions a toujours été la présence de la langue française, et ce A Mari Usque Ad Mare. Cette langue qui nous unit fait en sorte que les affronts vécus en Ontario sont indissocia­bles des luttes que nous vivons actuelleme­nt au Nouveau-Brunswick, en Acadie et en toute autre région où les forces du populisme voudraient voir reculer les acquis de nos communauté­s. Si l’on commence à tirer sur ce fil qui nous unit, il est impossible de prédire les conséquenc­es qui pourraient s’en suivre.

Au cours des dernières années, votre gouverneme­nt s’est montré un allié de la cause francophon­e et semble démontrer une réelle volonté politique d’appuyer nos communauté­s de langues officielle­s. Toutefois, en ces temps difficiles, le gouverneme­nt fédéral doit en faire plus pour défendre nos communauté­s francophon­es. Cette semaine, vous avez une occasion en or pour réaffirmer l’importance du caractère bilingue de notre pays, ainsi que la dualité linguistiq­ue qui permet sa mise en oeuvre. Vous aurez également l’occasion de démonter aux francophon­es partout au pays que le gouverneme­nt fédéral est à l’écoute. Enfin, cette rencontre des premiers ministres représente une des dernières occasions de discuter du 50e anniversai­re de la Loi sur les langues officielle­s avant son arrivée en 2019. De notre point de vue, il s’agit d’une occasion à ne pas manquer.

En solidarité avec tous les francophon­es de ce pays, je vous prie donc, monsieur le premier ministre, de faire des langues officielle­s un dossier prioritair­e lors de votre rencontre des premiers ministres provinciau­x cette semaine. Sinon, les actions de M. Ford risquent d’encourager ceux et celles qui souhaitera­ient le recul de nos acquis ici au Nouveau-Brunswick et ailleurs dans la francophon­ie canadienne.

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