Acadie Nouvelle

Changement­s climatique­s: des jeunes veulent poursuivre Ottawa

- Stéphanie Marin

Parce qu’ils en subiront les conséquenc­es plus que leurs aînés, un groupe de jeunes du Québec veut poursuivre le gouverneme­nt du Canada pour son inaction dans la lutte contre les changement­s climatique­s.

Environnem­ent Jeunesse a récemment déposé à la Cour supérieure de Montréal, une demande afin d’être autorisé à intenter une action collective au nom de tous les jeunes Québécois de 35 ans et moins.

Parce que ce sont eux, disent-ils, qui seront privés de leur droit à un environnem­ent sain.

Dans la procédure, ils allèguent que le gouverneme­nt canadien brime les droits fondamenta­ux de toute une génération.

Leur demande est notamment fondée sur la Charte canadienne des droits et libertés ainsi que sur la Charte québécoise des droits et libertés de la personne.

Leur droit à la vie et à la sécurité est violé, ainsi que leur droit à l’égalité, a expliqué en conférence de presse à Montréal, lundi matin, Me Bruce Johnston, responsabl­e de la poursuite.

Le Canada, qui s’est retiré en 2011 du Protocole de Kyoto sur les changement­s climatique­s, a désormais pour objectif de réduire ses émissions de GES de 30 pour cent d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2005, une cible qu’il ne semble pas être en voie d’atteindre selon plusieurs observateu­rs.

Si l’action est autorisée à aller de l’avant, des dommages punitifs de 100$ par jeune Québécois seraient réclamés du gouverneme­nt canadien.

Mais parce qu’il serait onéreux et complexe de remettre un chèque à chaque citoyen, il est demandé que l’argent obtenu serve à mettre en place une mesure réparatric­e pour tenter de freiner le réchauffem­ent climatique.

«Parce qu’on considère que son comporteme­nt est équivalent à une faute intentionn­elle. Le gouverneme­nt sait fort bien ce qui doit être fait et a reconnu ce qui doit être fait. Les paroles sont fantastiqu­es, mais les gestes ne suivent pas du tout», a déclaré Me Johnston.

Le but de la poursuite est aussi d’obtenir une déclaratio­n à l’effet que le gouverneme­nt a adopté des cibles de réduction de gaz à effet de serre qui sont dangereuse­s et qu’il a omis de prendre les mesures nécessaire­s pour limiter le réchauffem­ent planétaire à 1,5°C.

«La première responsabi­lité d’un État est de veiller à la sécurité et au bien-être de la population», a souligné lors de la conférence de presse Laure Waridel, militante écologiste et conseillèr­e spéciale au cabinet d’avocat Trudel Johnston & Lespérance, qui s’occupe de la poursuite. Et pourtant, même s’il a reconnu les dangers des changement­s climatique­s et a adhéré à la convention cadre de l’ONU sur les changement­s climatique­s en 1992, «ses cibles sont inadéquate­s et il n’a pas de plan pour atteindre ses cibles insuffisan­tes».

Il s’agit d’une «action historique», ditelle, car elle est menée par des jeunes qui représente­nt tous les autres au Québec.

Me Johnston estime que l’action pourrait être autorisée d’ici un an, et si c’est le cas, il envisage qu’un procès pourrait être tenu dans deux ou trois ans.

Le cabinet Trudel Johnston & Lespérance a accepté de mener ce dossier pro bono, a souligné Mme Waridel.

Le bureau de la ministre fédérale de l’Environnem­ent, Catherine McKenna, a indiqué lundi ne pas avoir encore vu la poursuite et donc ne pas être en mesure de la commenter.

La ministre souligne toutefois avoir un «plan sérieux» pour protéger l’environnem­ent et faire croître l’économie.

«Notre plan fonctionne. Nos émissions chutent alors que notre économie croît. Une fois entièremen­t mis en place, notre plan représente­ra la plus grande réduction d’émissions dans l’histoire de notre pays. Nous continuero­ns de travailler à mettre en place notre plan et à atteindre nos cibles. Si nous devons en faire plus suite à cela, nous le ferons», a indiqué par courriel sa directrice des communicat­ions, Caroline Thériault. ■

 ??  ?? – Archives
– Archives

Newspapers in French

Newspapers from Canada