Une étape à la fois
Isabelle Sauriol Chiasson, de Dieppe, a été une mère chanceuse. Son fils a compris dès sa naissance qu’il n’était pas un garçon. L’enfant enfilait les robes de princesse, mais ce n’était pas pour jouer. C’était pour exister.
La petite Maya voulait même faire ses propres cartes professionnelles, comme maman, pour s’identifier.
«Elle en voulait pour s’afficher. J’ai trouvé ça très cute, mais je lui ai expliqué que c’était loin d’être la même chose!», dit-elle en riant. Heureusement pour la mère, les ressources existaient à l’école de son enfant qui l’a accueillie à bras ouverts. Maya est aujourd’hui âgée de 6 ans.
L’aide était disponible et l’écoute attentive par le District scolaire francophone Sud.
«Ç’a été automatiquement un coup de foudre avec l’enseignante et un poids de moins sur les épaules. En rentrant dans son bureau, elle m’a dit que son enfant était aussi transgenre.» Mme Sauriol Chiasson tient à rappeler que les jeunes transgenres ne font pas une transformation du jour au lendemain. Il faut aussi tracer la ligne entre l’identité et le changement de sexe. Ce n’est
pas tous les transgenres qui changent de sexe nécessairement. Chacun possède son propre rythme.
«Les enfants construisent leur identité entre 18 mois et 3 ans», souligne-t-elle.
Les psychologues et des médecins suivent les enfants dans le processus.
«Souvent, les gens pensent que la transition se fait du jour au lendemain. Mais ça dépend de chaque personne et c’est suivi par des spécialistes», précise-t-elle.
Pour les trois parents rencontrés, les plus grandes peurs restent celles du jugement et de l’intimidation.
«J’ai peur que ma fille ne puisse pas vivre tranquille, sans se faire intimider», partage la mère de Maya.
Pour les proches de Jozeph-Félix, leur enfant peut péniblement éviter les critiques de la communauté.
«On a dit a notre garçon qu’il allait devoir vivre avec des jugements méchants, mais qu’il devait passer par-dessus», se désolent-ils.
Selon Annie LeBlanc-Levesque, la porte-parole du District francophone Nord-Est, il y aurait environ «100 jeunes transgenres ou non binaires dans les écoles du réseau». - GuC