Résistance au changement
Cyrille Sippley Saint-Louis-de-Kent
Même la langue doit s’adapter aux changements climatiques. Un nouveau vocable circule, l’écoanxiété, pour désigner le malaise, voir les traumatismes mentaux qui se manifestent de plus en plus au sein de la population confrontée aux menaces du réchauffement climatique. Le phénomène témoigne d’une conscientisation grandissante de la situation aux allures apocalyptiques qui fait de plus en plus l’objet d’une clameur à l’échelle planétaire. Malgré cela, le revirement collectif dans les habitudes de vie qui serait requis pour renverser la tendance au réchauffement n’est pas pour demain. On rapporte que durant la dernière année, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 2,7% à l’échelle mondiale.
Même si les gouvernements de tous les États du monde décidaient d’implanter dès aujourd’hui les mesures proposées par l’Accord de Paris (2015), déjà jugées nettement insuffisantes compte tenu de la conjoncture, ils en seraient empêchés par les pressions populaires. La majorité des citoyens s’y opposeraient. Les manifestations violentes des gilets jaunes en France, qui ont fait quatre morts jusque-là, révèlent que bon nombre de Français ne sont pas prêts à accepter les sacrifices qu’exigent les mesures imposées par le gouvernement Macron, dont une taxe sur le carbone. Et pourtant, il s’agit là d’une mesure plutôt timide par rapport à ce qui serait requis pour assainir l’environnement.
On peut sympathiser avec certaines récriminations des manifestants qui aspirent à un niveau de vie décent; mais il prévaut de par le monde un nombrilisme évident qui empêche une prise de conscience de l’urgence de la situation à l’échelle de la planète.
Ce qui se passe en France nous révèle probablement le pouls mondial. Ce genre de soulèvement populaire contre les contraintes sociales en vue de sauver la planète est appelé à se multiplier et à survenir partout à travers le monde. Peut-on imaginer la réaction des populations le moment venu de passer aux solutions radicales qu’on aura enfin reconnues incontournables pour éviter la calamité?