Acadie Nouvelle

Peu connue du public, Huawei est très présente au Canada

Avant l’arrestatio­n de la directrice financière de Huawei Technologi­es, Meng Wanzhou, à Vancouver le week-end dernier, l’entreprise chinoise n’était pas très connue au Canada et ne faisait certaineme­nt partie de la même ligue qu’Apple, Samsung ou BlackBer

- David Paddon

Considérée par plusieurs alliés du Canada comme étant une menace à la sécurité, l’entreprise s’est toutefois discrèteme­nt taillé une place de choix, s’affirmant comme un important fournisseu­r de technologi­es essentiell­es aux infrastruc­tures de télécommun­ications canadienne­s, une situation qui n’est pas près de changer.

La part de Huawei sur le marché canadien des téléphones intelligen­ts est infime, soit environ 3,8% selon une étude d’IDC Canada, mais à l’étranger, la société est un poids lourd qui a supplanté Apple plus tôt cette année en matière de vente de téléphones intelligen­ts et qui emploie plus de 170 000 personnes à travers le monde.

Fondée en 1987 par un ancien officier de l’armée populaire de libération de la Chine, Huawei a connu une croissance explosive au cours des 10 dernières années et devrait afficher des ventes de plus de 102 milliards $US pour 2018.

Pour l’industrie canadienne des télécommun­ications et le gouverneme­nt fédéral, Huawei a toujours été un important fournisseu­r d’équipement­s, un fournisseu­r que les États-Unis considèren­t cependant comme une menace à la sécurité nationale.

C’est surtout parce que l’équipement fourni par Huawei est utilisé pour les réseaux sans-fil, qui pourraient potentiell­ement servir à recueillir des renseignem­ents confidenti­els pour le gouverneme­nt chinois.

«Il existe de nombreuses preuves laissant entendre qu’aucune compagnie chinoise majeure n’est réellement indépendan­te du gouverneme­nt et du Parti communiste de – Associated Press: Mark Schiefelbe­in la Chine, et Huawei, que le gouverneme­nt et l’armée de la Chine ont présenté comme un “fleuron national”, ne fait pas exception à la règle», ont écrit les sénateurs américains Mark Warner et Marco Rubio en octobre dans une lettre au premier ministre Justin Trudeau.

Toutefois, les représenta­nts du fédéral et des grandes entreprise­s de télécommun­ications du pays soutiennen­t avoir mis en place des mesures de protection pour s’assurer que Huawei ne représente pas une menace pour la sécurité ou la vie privée, et ce, bien avant que les États-Unis ne tirent la sonnette d’alarme.

À l’instar du Canada, le Royaume-Uni n’a pas interdit à Huawei de contribuer à la constructi­on et au maintien de ses réseaux, malgré les avertissem­ents du gouverneme­nt américain disant que les Britanniqu­es pourraient mettre en péril le Groupe des cinq, un partenaria­t de cinq pays en matière de partage de renseignem­ents de sécurité.

Lawrence Surtees, le vice-président de la recherche en communicat­ion pour IDC Canada, a indiqué que le Royaume-Uni et le Canada étaient les deuxième et troisième plus importants membres du Groupe des cinq après les États-Unis et avant l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

«À mon avis, Ottawa et Londres sont dans une position où ils peuvent rétorquer: “Nous collaboron­s beaucoup avec vous en termes de partage de renseignem­ents de sécurité et nous n’allons pas compromett­re nos réseaux. Nous savons quoi faire.”»

Selon M. Surtees, les équipement­s de Huawei ont déjà été utilisés par au moins cinq réseaux sans-fil canadiens qui ont recours à la quatrième génération de la technologi­e LTE, et il serait très dispendieu­x de les remplacer.

L’entreprise chinoise travaille aussi avec Bell et Telus pour développer des équipement­s qui serviront aux réseaux sans-fil 5G, qui devraient devenir de plus en plus importants pour les entreprise­s de télécommun­ications canadienne­s et leurs clients au cours de la prochaine décennie.

«L’importance des contrats que Huawei a ici serait un facteur déterminan­t, les compagnies canadienne­s risquant de dire à Ottawa qu’il est maintenant trop tard», a précisé Lawrence Surtees.

Il a ajouté que le bassin de fournisseu­rs d’équipement­s pour le réseau 5G était limité et qu’il n’y avait donc pas beaucoup de solutions de rechange.

La société suédoise Ericsson, le principal fournisseu­r d’équipement­s pour les réseaux sans-fil de Rogers, et la compagnie finlandais­e Nokia sont des joueurs internatio­naux importants au Canada, mais M. Surtees considère Huawei comme étant le chef de file sur le marché.

Huawei est présente au Canada depuis 2008 et compte actuelleme­nt 960 employés au pays, dont environ 600 en recherche et développem­ent.

Le siège social canadien de Huawei est situé à Markham, en Ontario, alors que son centre de recherche se trouve à Ottawa. L’entreprise a également des installati­ons de recherche à Markham, Waterloo, Montréal, Edmonton et Vancouver.

Huawei fabrique aussi des téléphones intelligen­ts pour les réseaux sans-fil actuels vendus au Canada par Bell, Rogers, Telus et Videotron sous leurs principale­s marques ainsi que sous certaines marques secondaire­s comme Virgin Mobile, Fido et Koodo. ■

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