La tuerie à Playa del Carmen soulève des discussions au N.-B.
Une fusillade survenue en fin de semaine à Playa del Carmen, au Mexique, relance les discussions sur la sécurité dans ce pays, surtout que plusieurs Acadiens visiteront bientôt la région afin de prendre congé du temps froids.
La fusillade a eu lieu dimanche dans le restaurant Las Virginias, situé à environ sept km au nord-ouest de la zone touristique de Playa del Carmen. Six personnes ont perdu la vie sur place. Une septième est décédée alors qu’on la transportait vers l’hôpital.
Selon les autorités mexicaines, le crime semble faire partie de la vague de violence liée aux narcotrafiquants, qui secoue le pays depuis des années.
Qu’est-ce que cela veut dire pour les personnes qui considèrent voyager dans la région? Assez peu, selon Lisette CormierNoël, directrice de Voyage Vasco Acadie à Lamèque.
«Les gens qui s’en vont à Playa del Carmen dans un hôtel sont à pied. Je ne pense pas qu’ils vont marcher 7 kilomètres pour aller dans un bar dans le fond de nulle part.»
Mme Cormier-Noël partage l’avis de Walter McKay, un spécialiste des questions policières au Mexique qui a affirmé à Global News qu’il est sécuritaire de voyager au Mexique aussi longtemps qu’on reste aux lieux de vacances.
«Il faut utiliser le gros bon sens. C’est sécuritaire tant et aussi longtemps qu’on reste sur le site de l’hôtel et qu’on sort seulement pour participer à des activités touristiques. On ne dit certainement pas aux clients de voyager à toute heure du jour afin de visiter des endroits peu connus des touristes. Mais honnêtement, je dis la même chose à mes clients qui vont à Halifax.»
LA RÉPUTATION DE LA RÉGION À RISQUE
L’état mexicain de Quintana Roo, où se situent les villes touristiques de Playa del Carmen, Cancún et Cozumel, a été épargné de la violence des groupes criminalisés au cours des dernières décennies. La région n’est cependant de toute évidence plus «une oasis de sécurité». Dans les 11 premiers mois de 2018, le nombre d’homicides a atteint 688 dans l’état de 1,5 million d’habitants. C’est plus du double du nombre de meurtres de 2017, soit 322.
Les crimes violents incluent la fusillade de janvier 2017 au bar de nuit Blue Parrot, où cinq personnes dont un Canadien ont été tuées. Ils comprennent aussi l’explosion de février 2018 qui a blessé 25 personnes en croisière près de Playa del Carmen, ainsi que la plus récente fusillade au bar Las Virginias, dimanche.
La courbe des taux de violence ressemble à celle de l’état de Guerrero, région des anciennes destinations touristiques d’Acapulco et Zihuatanejo, vers 2009. L’état a aujourd’hui le statut «Do Not Travel» du ministère des Affaires étrangères des États-Unis. Sur son site Internet, l’agence américaine affirme que «des groupes armés opèrent indépendamment du gouvernement dans plusieurs régions de Guerrero». Elle ajoute que ces groupes effectuent des barrages routiers et qu’ils «pourraient utiliser de la violence contre les visiteurs».
Le gouvernement du Canada nomme spécifiquement Acapulco comme une ville où il faut éviter tout voyage non essentiel.
«À l’époque, tout le monde s’en allait à Acapulco. Mais ça, ç’a décliné. Je suis dans le domaine depuis cinq ans, et personne ne parle d’Acapulco. On voit une tendance que la ville veut revenir dans le marché du voyage. Mais ils devront travailler très très fort pour convaincre les gens d’y aller.»
À l’extérieur des États-Unis, le Mexique est le pays le plus souvent visité par les Canadiens, selon les données les plus récentes de Statistique Canada. Durant l’année de l’enquête, soit 2014, il y a eu 1,9 million de visites.
À titre de comparaison, le Cuba a reçu 844 000 visites, et la République dominicaine, 528 000 visites.
Le Mexique occupe le 113e rang sur 136 pays classés selon le risque à la sécurité des voyageurs par le World Economic Forum. L’organisme lui a donné une note de 4,2 sur 7. Le Canada a reçu la note de 6,1, ce qui lui vaut un 22e rang. Le pire score au palmarès appartient à la Colombie, qui a obtenu la marque de 2,6.
La République dominicaine a obtenu une marque de 4,5 (107e rang), alors que le Cuba ne faisait pas partie des pays à l’étude.
Pour l’instant, Mme Cormier Noël continue à vendre des voyages au Mexique. Certains de ses clients préfèrent cependant voyager ailleurs à court terme. ■
«Entre agents de voyage, on se dit que c’est plate de voir la mauvaise presse pour ces régions quand il se passe quelque chose dans un bar ou une discothèque où nos clients ne vont pas aller parce que ce n’est pas dans une zone touristique.»