Souvenirs, souvenirs
On en a tous et parfois on les ressort pour des raisons personnelles. Moi, je les sors et j’enlève les toiles d’araignées. Je me les remémore, puis je les remets à leur place. Ça ne fait de tort à personne. Je suis le concierge de mes souvenirs, que je le veuille ou non.
Maintenant, allons directement au point que je désire faire. Je ne veux pas être le concierge des souvenirs des générations qui m’ont précédé. Je ne veux pas être responsable de lieux de cultes désuets qui sont seulement fréquentés par une génération qui s’apprête à nous quitter. Elle veut qu’on prenne soin de ses souvenirs comme elle l’a fait pour la génération précédente. Mais je ne veux pas être un concierge pour eux. Si vous me le permettez, il faut parfois faire du ménage dans nos souvenirs poussiéreux. Bâtissez un lieu de culte petit, pas trop dispendieux à maintenir. Soyez frugal, et peut-être que des gens de la nouvelle génération embarqueront dans votre religion et pourront continuer à polir et faire le ménage de vos souvenirs. Cessez de construire des tours de Babel.
Ce sont vos souvenirs que vous voulez que la nouvelle génération entretienne. Vos beaux souvenirs de votre jeune âge, plein de gaieté. Moi, je ne l’ai pas vécu ces beaux souvenirs, et ces vieilles institutions ne m’intéressent pas. L’Acadie est remplie de vieux bâtiments, de bâtisses à gauche et à droite, des ponts, etc. qu’on ne pourra pas sauver. Il faut être perspicace et sage dans nos décisions.
Ça ne m’intéresse pas, comme contribuable, de financer vos vieux souvenirs. Ce sont les vôtres. Ces cathédrales d’un temps médiéval et les vieilles institutions sont dépassées depuis longtemps. Les guerres de clochers sont terminées. Cessez de vider les coffres d’un village pour entretenir vos vieux souvenirs. Laissez le peu d’argent qui reste aux gens de la communauté pour financer des projets d’envergure qui profiteront à tous, comme des soins aux plus démunis, etc. Je crois que c’est ce que Jésus voudrait. Cessez d’acheter vos indulgences et de préserver vos souvenirs à nos dépens.
Les choses du passé qui comptent vraiment, je m’en souviens. Le grand Dérangement, le nettoyage ethnique, je m’en souviens. Les quelque 3000 de nos ancêtres qui ont péri sur mer et sur terre, je m’en souviens. Les luttes culturelles qu’on a dû faire, je m’en souviens. Ce sont mes souvenirs et à bien d’autres. Les luttes qui se poursuivent pour nos droits deviendront mes souvenirs et ceux des gens qui s’y intéressent.
Laissez la nouvelle génération bâtir leurs souvenirs. Ces jeunes ne doivent pas devenir des prisonniers et des concierges de votre passé. Comme il se doit, ils vont défaire et rebâtir à leurs goûts, et c’est leur droit. Leurs souvenirs seront ceux qui leur sembleront appropriés.
Laissez la nouvelle génération faire ce qu’elle désire. Desideratum. Ne mettez pas de bâtons dans leurs roues. Maintenant, je retourne à mon p’tit verre. J’ai d’autres chats à fouetter. In a vino veritas.