Un discours de Trudeau retardé par des manifestants
Des dizaines de manifestants retardent par leurs chants et leurs tambours, mardi après-midi, le discours que doit donner le premier ministre Justin Trudeau à Ottawa.
La police a conseillé à M. Trudeau de ne pas se rendre à l'immeuble où il devait prononcer à 14h30 un discours dans le cadre du Forum du Canada et des Premières Nations autogouvernantes et signataires de traités, dans l'édifice John G. Diefenbaker, promenade Sussex.
Les manifestants dénoncent l'intervention de la Gendarmerie royale du Canada, lundi, sur des barricades érigées par des Autochtones dans le nord de la Colombie-Britannique pour s'opposer à la construction d'un pipeline. La police a affirmé lundi qu'elle avait arrêté 14 personnes qui bloquaient un chemin forestier.
La GRC soutient qu'elle n'a fait qu'appliquer l'injonction de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, qui interdisait toute interférence avec la construction du gazoduc Coastal GasLink autour du pont de la rivière Morice. La police fédérale a assuré qu'elle ne tentait pas de favoriser une partie ou une autre dans ce conflit.
Le porte-parole néo-démocrate en matière de réconciliation, Romeo Saganash, a estimé mardi que les motifs invoqués par la GRC
pour justifier son intervention étaient «plutôt boiteux» en cette ère de réconciliation. M.
Saganash a participé mardi à la manifestation sur la colline du Parlement, avant qu'elle ne s'ébranle dans les rues d'Ottawa jusqu'au
Forum du Canada et des Premières Nations.
Le gazoduc de 6,2 milliards $ de Coastal GasLink Pipeline, filiale de TransCanada, doit transporter, sur une distance de 670 kilomètres, du gaz naturel liquéfié de la région de Dawson Creek, près de la frontière albertaine, jusqu'au port en eaux profondes de Kitimat, près du Pacifique. Des membres de la première nation Wet'suwet'en ont établi un campement de fortune et un poste de contrôle au sud-ouest de Houston, sur un chemin forestier menant à un site de construction du pipeline, un projet évalué à 40 milliards $.
Coastal GasLink déclare avoir conclu des accords avec toutes les Premières Nations le long du tracé du gazoduc, mais les manifestants ont indiqué que les chefs de Wet'suwet'en, héréditaires plutôt qu'élus, n'avaient pas donné leur consentement au projet.
Le député Saganash soutient qu'avant les arrestations de lundi, il avait demandé aux ministres des Affaires autochtones provincial et fédéral d'intervenir pour atténuer les tensions, mais qu'il n'avait pas obtenu de réponse de leur part.
Dans un message publié sur les médias sociaux mardi matin, sur un site soutenant les Gidimt'en, on pouvait lire: «Nous nous préparons maintenant à une longue lutte.» Par ailleurs, des dizaines de manifestations sont prévues en Colombie-Britannique, ailleurs au Canada et jusqu'en Europe pour soutenir les manifestants arrêtés lundi.
En octobre, la société LNG Canada, filiale d'un consortium international, a annoncé qu'elle allait de l'avant avec son projet de construction d'un pipeline et d'un terminal d'exportation de gaz naturel liquéfié à Kitimat. La construction du pipeline reliant les producteurs de gaz de la région de Dawson Creek à l'usine d'exportation de Kitimat devrait commencer ce mois-ci. ■