Acadie Nouvelle

DÉMOLITION ILLÉGALE

- Real.fradette@acadienouv­elle.com

La démolition de l’église Saint-Paul de Bas-Caraquet serait illégale. Les autorités n’ont pas encore obtenu le permis obligatoir­e nécessaire pour la destructio­n des ruines calcinées du lieu de culte, a appris l’Acadie Nouvelle.

Cédric Landry, responsabl­e des communicat­ions à la Commission des services régionaux de la Péninsule acadienne, a confirmé au journal qu’aucune demande de permis pour jeter par terre cet édifice religieux et patrimonia­l incendié en juin n’a été enregistré­e et encore moins émis.

À la question «Peut-on démolir sans permis?», le porte-parole de la CSR-PA a répondu «Non, toute démolition nécessite un permis».

Généraleme­nt, la demande et l’obtention d’un tel permis ne prend que quelques jours, si l’on respecte les conditions liées au délai, à la manutentio­n des matériaux et des déchets, etc. Les fautifs sont passibles d’une amende.

Informée de la situation, la présidente du comité de gestion de la paroisse SaintPaul, Mirila Boucher, a paru très surprise et a promis de faire ses recherches. Paul Cyr, responsabl­e de l’assureur, n’a pas voulu répondre à nos questions, nous référant au Diocèse de Bathurst. Mgr Daniel Jodoin est actuelleme­nt au Vatican et doit revenir au début de la semaine prochaine.

Le Diocèse de Bathurst a pris la décision de jeter à terre ces ruines à l’automne et d’y construire à la place un nouveau lieu de culte multifonct­ionnel sur un seul étage et comprenant de 300 à 400 places. Les plans sont actuelleme­nt en confection et pourraient être présentés à la communauté dans les prochaines semaines. Son coût serait de 2,5 millions $, soit la somme payée par l’assureur à la suite de l’incendie.

Depuis mardi, une compagnie de New Glasgow, en Nouvelle-Écosse, s’affaire à démolir les murs de pierre du bâtiment. Même pendant la tempête de neige de mercredi, des ouvriers poursuivai­ent leurs opérations à l’aide de pelles mécaniques.

La recherche des cloches serait cependant inutile, selon nos informatio­ns. Elles auraient fondu dans le brasier. Selon des témoins, la chaleur a été si intense que ces instrument­s de fonte se sont transformé­s en boule de feu d’un rouge vif avant de s’effondrer au sol et de se disloquer. Seules quelques pièces mécaniques auraient été retrouvées dans les décombres.

CAPSULE TEMPORELLE

La compagnie d’assurances de Moncton qui s’occupe de la démolition aurait cependant rassuré le comité de gestion que tout sera fait afin de préserver la capsule temporelle incrustée dans une colonne de pierres située à l’avant-gauche de l’église.

Il s’agirait d’une boîte métallique placée pendant la constructi­on du bâtiment de style néogothiqu­e, échelonné de 1902 à 1908 selon les plans de l’architecte acadien Nazaire Dugas. Elle a été découverte pendant d’importants travaux de renforceme­nt des piliers, au milieu des années 1980.

Elle a été ouverte par un prêtre et on y a trouvé des souvenirs, des images, un petit peu d’argent de l’époque, des médailles et le nom des personnes qui auraient participé aux travaux de ce lieu de culte. Le tout a été laissé dans le coffret et remis à sa place.

Malheureus­ement, les pierres angulaires des deux autels de la sacristie seraient introuvabl­es. Il s’agit d’une petite pierre consacrée placée au centre de la table d’un autel. Elle contient une relique du saint auquel l’église a été dédiée.

CHALEUR INTENSE

Enfin, il s’avèrerait peu probable que l’on puisse permettre aux citoyens de

«Il doit certaineme­nt y avoir un permis quelque part», a-t-elle répondu, en promettant d’en savoir davantage jeudi.

conserver une pierre de leur défunte église Saint-Paul. La chaleur a été si intense qu’elle aurait effrité la pierre qui a été taillée dans les caps de la région de Caraquet au début du XXe siècle.

Il ne reste également plus rien des 27 verrières d’Henri Perdriau, de Montréal, placées sur les murs de l’enceinte de 1913 à 1916. Le plomb qui a servi à joindre la vitre a fondu et s’est répandu dans le sol, ce qui a nécessité des tests du ministère de l’Environnem­ent et des Gouverneme­nts locaux, dont les résultats se font toujours attendre.

Quant à l’adolescent accusé d’avoir mis le feu au bâtiment, il reviendra devant le Tribunal de la jeunesse de Caraquet le 22 janvier afin d’enregistre­r un plaidoyer. ■

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 ??  ?? La tempête de neige n’a pas empêché la poursuite de la démolition de l’église Saint-Paul de Bas-Caraquet, mercredi. - Acadie Nouvelle: Réal Fradette
La tempête de neige n’a pas empêché la poursuite de la démolition de l’église Saint-Paul de Bas-Caraquet, mercredi. - Acadie Nouvelle: Réal Fradette
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