Acadie Nouvelle

LE TITAN SAIT OÙ IL S’EN VA

- ROBERT LAGACÉ

Je me suis présenté au Centre régional K.-C.-Irving, lundi soir, où l’organisati­on du Titan avait convoqué ses partisans afin de leur expliquer en gros où elle s’en allait avec la présente reconstruc­tion du club. Si je n’ai rien appris que je ne savais déjà, l’exercice a néanmoins été fort intéressan­t pour les partisans qui ont ainsi pu en connaître davantage sur la façon dont une équipe junior majeur était concoctée. Pour ceux et celles qui l’ignorent encore, un club junior majeur ne se gère pas de la même façon qu’un club profession­nel. Contrairem­ent au hockey profession­nel, le junior majeur doit composer avec des cycles parce que les limites d’âge (16 à 20 ans) forcent chaque club à se renouveler année après année.

Le moment fort de la présentati­on de Sylvain Couturier était évidemment les raisons qui l’ont poussé à se départir de Noah Dobson malgré ses 18 ans. Comme il l’a si bien dit lundi soir: «Dans un petit marché comme le nôtre, alors que nous n’avons pas les moyens des gros marchés, il est important de faire les choses de la bonne façon».

Le directeur général du Titan a raison de dire que le risque de perdre Dobson sans obtenir quelque chose en retour est trop grand. Les chances de voir Dobson se tailler un poste avec les Islanders de New York dès cet automne sont réelles et la priorité pour le Titan est de maximiser la reconstruc­tion du club. C’est justement ce que le départ de Dobson vers RouynNoran­da a pu permettre avec l’acquisitio­n de trois choix de premier tour et un autre de deuxième ronde. L’entraîneur Mario Durocher a pour sa part fort bien expliqué pourquoi il était important de compter sur quelques vétérans dans une reconstruc­tion. Selon lui, les acquisitio­ns de Jack Tucker et Ian Smallwood étaient nécessaire­s afin de protéger les jeunes défenseurs du club. Idem pour Jesse Sutton à l’attaque. Couturier et Durocher ont également souligné l’importance de bien préparer l’entrée en scène d’un jeu au sein d’un club. Selon eux, chaque joueur de 16 ans doit être traité de façon différente. Ainsi, parce qu’Olivier Coulombe (Lévis), Alexis Dubé (Moncton) et Yannic Bastarache (Moncton) évoluent pour des clubs qui ont de bonnes chances de prendre part à la coupe Telus (championna­t canadien midget AAA), la décision a été prise de les laisser dans leur club respectif. À l’opposé Cole Larkin a été invité à venir compléter la saison à Bathurst parce qu’il évoluait au sein d’un club plus faible à Charlottet­own. «Nous voulons que Coulombe, Dubé et Bastarache puissent vivre l’expérience de la coupe Telus tout en profitant de temps de jeu de qualité au sein d’un bon club. J’ai quand même eu l’occasion de voir ces trois jeunes lors de récents appels et ils savent déjà les facettes de leur jeu qu’ils doivent travailler», explique Durocher. ***

De la façon dont les Mooseheads ont manoeuvré pendant la dernière période des transactio­ns, il est assez évident que le directeur général Cam Russell fait le pari d’être encore dans la course l’an prochain. Après tout, 15 joueurs de l’édition actuelle seront de retour la saison prochaine, dont Raphaël Lavoie, Benoit-Olivier Groulx, Jared McIsaac, Justin Barron, Xavier Parent, Alexis Gravel, Marcel Barinka, Patrick Kyte et Maxim Trépanier. L’idée se défend, j’en conviens.

Sauf que c’est un pari qui pourrait bien lui péter au visage.

Pour cette saison, il y a de moins en moins de gens qui croient aux chances des Mooseheads de prendre part à la finale de la LHJMQ. Une finale qui, selon votre humble serviteur, devrait opposer les Huskies de Rouyn-Noranda et les Voltigeurs de Drummondvi­lle. Ce qui veut dire que les Orignaux sont loin d’être considérés comme des favoris pour le tournoi de la coupe Memorial, quand bien même ils jouent devant leurs partisans. Et, plus important encore, il n’y a rien qui dit que les Mooseheads parviendro­nt à tout rafler la saison prochaine puisque d’autres équipes seront assurément équipées pour veiller tard. Je pense aux Screaming Eagles du Cap-Breton, aux Wildcats de Moncton, aux Islanders de Charlottet­own, au Phoenix de Sherbrooke et aux Saguenéens de Chicoutimi, entre autres.

Bref, quand l’occasion se présente comme c’est le cas pour les Mooseheads ce printemps, la moindre des choses aurait été qu’ils s’investisse­nt à fond. Malgré le fait qu’ils ont déjà investi leurs choix des trois premières rondes pour les deux prochains encans, les Orignaux avaient encore les outils pour se payer un Noah Dobson ou un Pierre-Olivier Joseph via leur banque de choix des repêchages de 2021 ou 2022. Choix qui seraient de toute façon revenus au bercail en retour de joueurs de l’édition actuelle.

Cela dit, les Mooseheads demeurent une équipe de premier plan et ils sont bien capables de me faire mentir. Je l’espère pour eux parce que s’il fallait qu’ils ratent leur coup au cours des deux prochains printemps, ça risque de faire rager plusieurs partisans.

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