Bathurst: le prolongement de la fermeture du service d’obstétrique soulève colère et inquiétude
Le prolongement de la fermeture du service d’obstétrique de Bathurst, annoncé la semaine dernière, a provoqué de vives réactions. Les raisons évoquées par le Réseau de santé Vitalité ne représentent pas la réalité, croit la présidente du syndicat des infirmiers et infirmières du Nouveau-Brunswick, Paula Doucet.
Mme Doucet est intervenue un peu plus tôt cette semaine pour donner le point de vue du syndicat sur la question.
Le service est fermé en permanence depuis le 30 octobre.
Même si elle est d’accord sur la fermeture de la clinique pour «assurer la sécurité des patients et du personnel», la présidente refuse de mettre le blâme sur le corps infirmier.
«Imputer la responsabilité de cette fermeture aux infirmières autorisées en blâmant leurs congés de maladie n’est pas exact [...] qui sont débordées, stressées et surchargées de travail», a-t-elle exprimé via un communiqué obtenu par l’Acadie Nouvelle.
La présidente indique que le personnel est déjà surchargé.
«La raison pour laquelle les infirmières et les infirmiers prennent des congés de maladie est directement liée aux nombreuses heures supplémentaires travaillées, y compris des périodes de travail de plus de 24 heures et aux unités qui manquent de personnel depuis trop longtemps», a-t-elle indiqué.
La présidente jette le blâme, entre autres, sur «ceux qui ont le pouvoir d’effectuer des changements, mais qui n’ont rien fait pour améliorer la situation.»
Le syndicat dit avoir averti, et ce, depuis plusieurs années, le gouvernement, les régies de la santé et les autres intervenants sur l’urgence d’agir rapidement pour éviter que la crise «s’aggrave».
Un plan d’action avait été établi, à la suite d’une rencontre entre le ministre de la Santé Ted Flemming et le PDG du Réseau de santé Vitalité, Gilles Lanteigne.
L’entente prévoyait d’ouvrir un meilleur aménagement du service d’obstétrique et envisageait le retour au travail des infirmières en congé de maladie.
Le responsable des communications pour Vitalité, Thomas Lizotte, a indiqué que le réseau «ne voulait pas émettre de commentaire dans ce dossier.»
«UN TRAVAIL IMMENSE»
Même son de cloche du côté de la députée de Caraquet, Isabelle Thériault, la circonscription voisine de Bathurst-Est-NepisiguitSaint-Isidore.
Selon elle, les infirmières sont actuellement débordées par la charge de travail.
«Elles font un travail immense dans des conditions de travail très difficile», a-t-elle indiqué en entrevue téléphonique.
Depuis la fermeture du dernier service d’obstétrique dans la Péninsule acadienne, elle assure que ces services sont plus que nécessaires pour les femmes de la région.
La députée indique qu’elles ont plus que besoin d’un service d’obstétrique.
«Quand une femme prend la route à partir de Miscou en direction de Campbellton, c’est 220 kilomètres... De Miscou à Miramichi, c’est pas loin de 140 kilomètres. La clinique de Bathurst est un service essentiel pour les femmes de la région», dit-elle.
Mme Thériault lance un appel à la valorisation de la profession. Elle propose de miser sur le recrutement de nouvelles infirmières, tout en travaillant avec les établissements postsecondaires.
«On sait qu’il y a des places dans les cours et on veut les combler», précise-t-elle.
La députée de Caraquet indique que la réouverture a possiblement été annoncée trop rapidement.
«On sait que le ministre Ted Flemming a annoncé, en grande pompe, la réouverture, le 7 janvier. Est-ce qu’on l’a vraiment bien planifiée?», juge-t-elle.
Interrogé à ce sujet lundi soir, le maire de Bathurst Paolo Fongemie s’est dit préoccupé.
«Je me pose des questions sur le niveau de confiance de la population envers les institutions et le gouvernement. Cette semaine (mercredi soir), ils annoncent une méchante tempête, si ça adonne qu’il faut que tu accouches, il va y avoir un problème», précise-t-il. ■
Avec la collaboration de David Caron