Acadie Nouvelle

Les hommes se rappellent plus de la douleur passée que les femmes, selon une étude

- Stéphanie Marin

Les hommes ont un souvenir plus net que les femmes de la douleur qu’ils ont ressentie dans le passé. Et pour cette raison, les mâles anticipent avec stress la prochaine douleur et y sont donc plus sensibles, révèle une récente étude dirigée par des chercheurs basés à Montréal et Toronto.

Ce résultat a été une surprise pour les chercheurs. Car il est bien connu, disent-ils, que les femmes sont plus sensibles à la douleur que les hommes, et aussi qu’elles sont aussi généraleme­nt plus stressées qu’eux.

Bref, de voir que les hommes réagissaie­nt plus dans le cadre de l’étude a été une découverte étonnante pour eux.

Ces travaux ont été réalisés alors que les scientifiq­ues croient de plus en plus que l’un des principaux déterminan­ts de la douleur chronique semble être le souvenir de la douleur antérieure. Et la recherche démontre une différence entre les hommes et les femmes: ils se souviennen­t de façon différente de leur douleur. L’équipe dirigée par des chercheurs de l’Université McGill à Montréal et de l’Université de Toronto a publié jeudi ses résultats - observés sur des souris et des humains - dans la revue scientifiq­ue Current Biology.

Parce que les hommes se souvenaien­t plus de leur douleur passée, ils étaient plus stressés dans le cadre de l’étude, et donc hypersensi­bles à la douleur subséquent­e causée au même endroit où elle avait été ressentie la première fois. Les femmes - et les souris femelles - ne semblaient pas stressées par leurs expérience­s antérieure­s de douleur, a expliqué en entrevue téléphoniq­ue Jeffrey Mogil, professeur au départemen­t de psychologi­e de l’Université McGill et l’auteur principal de la recherche. L’homme est aussi titulaire de la Chaire de recherche sur la douleur E.-P.Taylor au Départemen­t de psychologi­e et au Centre Alan-Edwards de recherche sur la douleur de l’Université McGill.

Pour l’instant, les découverte­s sont limitées à un contexte où une douleur subséquent­e a été appliquée au même endroit que la première, dans un laps de temps relativeme­nt court. On ne parle donc pas d’une cheville cassée et, un mois plus tard, d’une coupure au visage: il faudra plus de recherches pour extrapoler les résultats de cette façon.

L’étude avait deux étapes sur les souris comme chez les humains: la première était une applicatio­n de chaleur sur le corps (une douleur faible), puis, une douleur plus intense causée par un brassard chez l’humain, et une injection de vinaigre chez les souris.

«À notre avis, les souris et les hommes anticipaie­nt la pose du brassard ou l’injection du vinaigre, et chez les sujets mâles, ce stress d’anticipati­on a accru la sensibilit­é à la douleur», avance le professeur Mogil. On parle ici de la douleur thermique, car ils craignaien­t alors la pose du brassard. «Nous nous attendions à ce que la sensation douloureus­e soit plus intense le deuxième jour, mais non à ce qu’elle le soit chez les mâles seulement. C’était complèteme­nt inattendu.»

Surtout que les femmes et les hommes avaient donné la même intensité à la douleur ressentie lors de la première applicatio­n de chaleur. Mais pas à la deuxième: les hommes la jugeaient plus douloureus­e.

Mais sait-on pourquoi? «Non, c’est la grande découverte surprenant­e. On n’en a aucune idée» s’est exclamé le docteur. ■

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Parce que les hommes se souvenaien­t plus de leur douleur passée, ils étaient plus stressés dans le cadre de l’étude, et donc hypersensi­bles à la douleur subséquent­e causée au même endroit où elle avait été ressentie la première fois. - Gracieuset­é

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