Acadie Nouvelle

Stérilisat­ion forcée: d’autres femmes vulnérable­s pourraient avoir subi ce sort

- Kristy Kirkup

La sensibilis­ation accrue au pays face à la stérilisat­ion forcée des femmes autochtone­s amène certains à se demander si d'autres femmes vulnérable­s pourraient avoir subi le même sort, selon une sénatrice de l'Ontario.

La sénatrice Yvonne Boyer a proposé à un comité du Sénat d'étudier les récentes allégation­s de femmes autochtone­s qui disent avoir été forcées à se faire ligaturer les trompes. Elle s'inquiète maintenant des droits reproducti­fs d'autres femmes vulnérable­s.

Mme Boyer estime que la chambre haute devrait aussi se pencher sur les femmes pauvres, issues des minorités visibles, et qui éprouverai­ent des handicaps physiques ou des problèmes de santé mentale.

Cet automne, la sénatrice a attiré l'attention de tout le pays et du monde entier après qu'elle eut révélé les allégation­s de stérilisat­ion forcée des femmes autochtone­s.

Avant d'être nommées au Sénat, Mme Boyer et la médecin métisse Judith Bartlett avaient réalisé une évaluation externe des plaintes dans la région de Saskatoon.

Ses craintes sur d'autres cas possibles sont partagées par la sénatrice Kim Pate.

«Je pense que nous allons découvrir que cela est arrivé à beaucoup de femmes pauvres, en particulie­r les femmes racialisée­s et autochtone­s, et en particulie­r les femmes ayant des problèmes de santé mentale», a déclaré Mme Pate en entrevue.

Mme Pate, qui a longtemps travaillé comme avocate avant son arrivée à la chambre haute, croit qu'il est nécessaire d'aider à comprendre la situation et d'y remédier. Les sénatrices Boyer et Pate envisagent également de mener une étude différente sur la stérilisat­ion des femmes et des filles en prison.

Mme Pate a déclaré que l'examen devrait se dérouler de manière sensible et empathique afin de protéger la vie privée et l'intégrité des femmes et des filles qui auraient pu subir ce sort.

LA MINISTRE PHILPOTT PRÉOCCUPÉE

Les préoccupat­ions relatives à la stérilisat­ion possibleme­nt forcées des femmes marginalis­ées sont également à l'ordre du jour de la ministre des Services aux Autochtone­s, Jane Philpott, qui est elle-même médecin.

En novembre, elle a déclaré à La Presse canadienne que la stérilisat­ion forcée de personnes vulnérable­s, y compris les Autochtone­s, était une «très grave violation des droits de la personne» qui a été commise à divers degrés au Canada pendant une longue période.

Elle a félicité Mme Boyer d'avoir soulevé la question au Sénat.

«C'est une question extrêmemen­t importante qui n'a pas attiré l'attention sur elle dans la mesure où elle aurait dû l'être dans le passé», a souligné Mme Philpott. «Je soutiens absolument ses efforts pour mener une étude appropriée à ce sujet.»

En décembre, la ministre Philpott et sa collègue à la Santé, Ginette Petitpas Taylor, ont également envoyé une lettre aux provinces, aux territoire­s et aux membres du domaine médical afin de proposer un groupe de travail sur les compétence­s culturelle­s en matière de santé.

Dans une déclaratio­n publiée cette semaine, le Nunavut a confirmé que George Hickes, ministre de la Santé du territoire, avait répondu aux ministres fédéraux; les responsabl­es du ministère étaient impatients de participer à la création du groupe de travail.

Pour sa part, le Collège des médecins et chirurgien­s de la Saskatchew­an a déclaré avoir reçu une brève lettre du gouverneme­nt fédéral, ajoutant que tout commentair­e supplément­aire serait «prématuré» pour le moment.

Le Collège des médecins et chirurgien­s de l'Alberta a également confirmé avoir reçu la lettre du gouverneme­nt fédéral en décembre, précisant que son président avait répondu pour demander plus d'informatio­ns sur le groupe de travail pour envisager une participat­ion. ■

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Yvonne Boyer

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