Acadie Nouvelle

Glyphosate: la décision de Santé Canada divise les Néo-Brunswicko­is

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com

Santé Canada maintient sa position sur le glyphosate, jugeant à nouveau qu’«il est peu probable qu’il présente un risque de cancer pour les humains». La nouvelle fait réagir au Nouveau-Brunswick, qui se classe deuxième parmi les provinces pour le nombre d’hectares de forêt traités au moyen de l’herbicide controvers­é.

L’agence fédérale s’est penchée un nouvelle fois sur sa réévaluati­on du glyphosate, qui s’était terminée en avril 2017, par le choix de maintenir pour une période de quinze ans l’approbatio­n du produit.

Santé Canada avait reçu huit avis d’objection formulés par plusieurs groupes de défense de l’environnem­ent et de la santé. Ces derniers accusaient notamment Monsanto, le fabricant du «Roundup», un herbicide à base de glyphosate, d’avoir déposé des études scientifiq­ues à l’appui de leur produit sans révéler que l’entreprise avait participé à ces études.

Des documents confidenti­els appartenan­t à la compagnie ont été divulgués et rendus publics en ligne dans ce qu’on appelle les «Monsanto Papers». Ces derniers montrent comment la firme américaine a fait paraître des articles coécrits par ses employés et signés par des scientifiq­ues pour contrer les informatio­ns dénonçant la toxicité du glyphosate.

Ses détracteur­s affirmaien­t que plusieurs études présentées par Monsanto à Santé Canada pour obtenir le renouvelle­ment de son approbatio­n ont été manipulées par la compagnie, afin de préserver la réputation de son herbicide.

Santé Canada a chargé 20 scientifiq­ues qui n’étaient pas impliqués dans la réévaluati­on d’examiner la question.

«Après un examen scientifiq­ue approfondi de l’ensemble des données pertinente­s, nous avons conclu que les questions soulevées par les opposants ne pouvaient pas être prouvées scientifiq­uement, a conclu le ministère. Leurs objections n’ont pas suscité de doute ni de question quant au fondement scientifiq­ue de la décision de réévaluati­on de 2017 concernant le glyphosate.»

DÉCEPTION

Dre Caroline Lubbe-D’Arcy, du groupe Stop Spraying New Brunswick, se dit déçue de la réponse de non-recevoir de l’agence fédérale, qui n’a pas choisi l’option d’une «révision par un comité d’experts indépendan­ts» réclamée par plusieurs acteurs environnem­entaux.

Dre Caroline Lubbe-D’Arcy «Notre ne faisons pas vraiment confiance au processus suivi par Santé Canada», ditelle.

La citoyenne Fredericto­n regrette que le débat public se soit principale­ment focalisé à savoir si l’herbicide est ou non cancérigèn­e.

«Notre plus grande inquiétude concerne les effets sur la vie animale, la biodiversi­té et l’environnem­ent», précise-t-elle.

Par ailleurs, les études portant sur les possibles effets nocifs du glyphosate sur la santé sur lesquelles Santé Canada fonde sa décision, n’étaient que d’une durée de trois, voire au maximum six mois et non pas sur la vie entière des rats.

«Le gouverneme­nt devrait interdire l’utilisatio­n des herbicides jusqu’à ce qu’on prouve qu’ils sont sans danger. Il n’y a pas de volonté du gouverneme­nt d’étudier l’impact des pratiques forestière­s sur la vie animale, il n’y a pas eu suffisamme­nt d’études faites sur les effets à long terme», estime Dre Caroline Lubbe-D’Arcy.

«UNE NOUVELLE RASSURANTE»

Du côté de Forêt NB, qui représente plusieurs joueurs de l’industrie forestière, on se réjouit de la décision.

«C’est une nouvelle rassurante pour les secteurs de l’agricultur­e et de la foresterie», déclare le directeur exécutif, Mike Legere.

Les utilisateu­rs doivent respecter des zones tampons près des cours d’eau et obtenir des permis du ministère de l’Environnem­ent, rappelle-t-il.

«Le glyphosate est utilisé et testé pour la sécurité et les impacts environnem­entaux depuis plus de 40 ans. Ce n’est qu’un des nombreux outils utilisés par les forestiers pour gérer efficaceme­nt la forêt», ajoute M. Legere. ■

Avec des extraits de La Presse canadienne

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