Acadie Nouvelle

La qualité du travail prime sur la vitesse

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Les gouverneme­nts municipaux et provinciau­x du Canada cherchent tous de meilleurs moyens pour faire face à leurs problèmes croissants de nids-de-poule, mais aucun d’entre eux n’est en mesure de déterminer si les réparation­s qu’ils effectuent actuelleme­nt seront efficaces dans le temps, a constaté l’auteur d’une étude sur les dangers sur la route.

Rares sont ceux qui semblent prêts à dépenser l’argent nécessaire pour que le remplissag­e de ces cratères dure jusqu’à ce que les réparation­s routières à long terme puissent être effectuées, explique l’ingénieur Dave Hein.

Selon M. Hein, aucun gouverneme­nt n’a encore trouvé la «solution magique» pour remédier au problème des nids-de-poule, qui forcent certains chauffeurs à changer leurs jantes de roues, leurs pneus ou à réparer la suspension de leur véhicule.

Dave Hein, un ingénieur principal de l’entreprise Applied Research Associates, a été mandaté par l’Associatio­n des transports du Canada afin de trouver de meilleures solutions pour réparer les nids-de-poule. L’associatio­n étudie des enjeux techniques liés aux routes, autoroutes et au transport urbain.

En entrevue avec La Presse canadienne, M. Hein a affirmé qu’aucun gouverneme­nt n’était doté de mesures de performanc­e. De plus, ils ne se comparent pas entre eux pour trouver de meilleures solutions.

Les villes et villages, ainsi que les gouverneme­nts provinciau­x et territoria­ux du Canada, ont testé différents matériaux et de nouvelles technologi­es pour s’attaquer à ce problème.

Les villes de Montréal, Ottawa, Thunder Bay (Ontario) et Cranbrook (ColombieBr­itannique) ont essayé une machine de remplissag­e des nids-de-poule appelée le Pynthon 5000, qui colmate mécaniquem­ent les craques et les crevasses sur les routes afin d’accélérer les travaux et d’assurer une certaine uniformité.

D’autres ont testé une variété de mélanges chauds et froids d’asphalte et d’autres matériaux, en espérant trouver quelque chose de meilleur qu’avant.

La ville de Toronto, qui utilise principale­ment du bitume à chaud, dit avoir comblé près d’un quart de million de nids-de-poule avec ce matériau en 2018 - une augmentati­on par rapport aux deux années précédente­s, mais une baisse significat­ive par rapport à 2014.

Montréal a déclaré avoir colmaté environ 122 000 cavités routières l’an dernier. À Saskatoon, les équipes ont réparé 100 000 d’entre eux, tandis qu’Edmonton a signalé avoir rempli 600 000 nids-de-poule.

M. Hein n’a pas pu contre-vérifier ces données.

D’autres villes qui utilisent le mélange chaud, comme Vancouver, Calgary et Regina, ont eu de meilleurs résultats que les autres, a indiqué l’ingénieur.

En revanche, les villes de Yellowknif­e et de Sasktatoon ont eu moins de succès en utilisant d’autres matériaux. ■ La longévité d’une réparation d’un nidde-poule dépendra de comment le travail a été effectué, selon l’ingénieur Dave Hein.

«Ce n’est pas ce que nous mettons dans le nid-de-poule (qui importe), c’est comment nous le mettons», a-t-il souligné.

Les municipali­tés pourraient avoir de meilleures réparation­s en formant correcteme­nt leurs employés et en leur laissant un peu plus de temps pour faire le travail, a-t-il expliqué.

«C’est l’exécution du travail», a-t-il résumé.

Quoi qu’il en soit, la réparation des trous ne durera que de quelques jours à un an; peu importe le matériau ou la maind’oeuvre, remplir un nid-de-poule n’est qu’une solution temporaire. Lorsqu’on veut vraiment réparer une route défaillant­e, tout est à refaire.

Les municipali­tés reconnaiss­ent la nécessité d’avoir une meilleure formation et de meilleures méthodes pour réparer les nids-de-poule, a déclaré M. Hein. C’est l’argent qui pose problème.

«Dans ce pays, il y a une déconnexio­n entre la constructi­on de nouvelles infrastruc­tures et l’entretien des infrastruc­tures existantes, a-t-il noté. Le nouveau matériel est hautement prioritair­e. Le matériel d’entretien, ce n’est pas sexy.»

Certaines municipali­tés se retrouvent également prises à répondre aux plaintes sur les médias sociaux concernant les nids-de-poule, ce qui aggrave le problème, selon l’ingénieur. «Les médias sociaux exagèrent les choses», a-t-il soutenu.

Puisque les politicien­s municipaux doivent réagir aux messages sur les nids-de-poule, les travailleu­rs ne font pas de travaux d’ingénierie, puisqu’ils doivent répondre à ces plaintes d’internaute­s, a ajouté M. Hein. Le rapport final de Dave Hein est attendu en avril. - La Presse canadienne

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Un nid-de-poule sur la rue Saint-Paul, à Montréal. - Archives

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