Acadie Nouvelle

Goldcorp passe aux Américains

- Ian Bickis

Newmont Mining a conclu une entente de 10 milliards $US qui la verra prendre le contrôle de la société aurifère Goldcorp, une opération qui verra le géant minier des États-Unis croître encore davantage pendant que l’industrie minière canadienne perdra un siège social.

Newmont, établie au Colorado, ajoutera les sept mines de Goldcorp dans les Amériques à ses 12 installati­ons en exploitati­on dans le monde, afin de créer une société qui devrait rivaliser avec Barrick Gold et pourrait même devenir le premier producteur aurifère au monde.

«Ce n’est pas une entente que nous devons faire, c’est une entente que nous voulons faire», a affirmé lundi le chef de la direction de Newmont, Gary Goldberg, lors d’une conférence téléphoniq­ue.

Cette annonce fait suite à la conclusion de la prise de contrôle de Randgold Resources par Barrick Gold, au début de l’année, pour 6,1 milliards $US. Ce regroupeme­nt a créé une société dont les prévisions de production aurifère combinée pour 2018 se situaient entre 5,8 millions d’onces et 6,3 millions d’onces.

La nouvelle entité s’appellera Newmont Goldcorp et elle ciblera une production annuelle comprise entre six et sept millions d’onces, une fois qu’elle aura vendu des actifs d’une valeur totalisant plus d’un milliard de dollars dans les deux prochaines années. Goldcorp, établie à Vancouver, a annoncé lundi avoir produit 2,3 millions d’onces l’année dernière, alors que Newmont prévoyait en produire entre 4,9 millions et 5,2 millions d’onces pour 2018.

La société fusionnée, qui sera détenue à 65% par les actionnair­es actuels de Newmont et à 35% par ceux de Goldcorp, continuera d’être présente à Vancouver, où se trouvera sa base d’exploitati­on désignée pour l’Amérique du Nord.

«La création de Newmont Goldcorp garantit que le Canada continuera d’être l’un des piliers d’une société aurifère de premier plan dans l’industrie», a affirmé le chef de la direction de Goldcorp, David Garofalo.

Il a ajouté que le bureau de Vancouver gérerait plus d’onces de production d’or et superviser­ait un effectif de plus de 10 000 personnes, ainsi que les relations avec les communauté­s autochtone­s et l’exploratio­n renouvelée.

«Newmont Goldcorp offrira également des perspectiv­es de nouveaux investisse­ments dans un programme d’exploratio­n revigoré au Canada (...) avec le plus grand portefeuil­le d’actifs en phase de développem­ent et de faisabilit­é dans le secteur aurifère canadien», a ajouté M. Garofalo.

Plusieurs observateu­rs ont reproché à Barrick Gold de réduire son empreinte sur le marché canadien dans la foulée de l’accord avec Randgold, société inscrite à la Bourse de Londres.

Barrick a transféré sa province d’inscriptio­n en ColombieBr­itannique, afin de profiter de moins strictes exigences en matière de résidence des administra­teurs, et a réduit sa présence canadienne, tant en ce qui a trait au conseil d’administra­tion qu’à son équipe de direction.

Son siège social à Toronto a également perdu environ 100 employés, qui ne seront plus qu’environ 70 d’ici avril, alors que l’entreprise adopte un modèle de gestion décentrali­sée.

DES «SYNERGIES» DE 100 MILLIONS $US

La nouvelle Newmont Goldcorp sera dirigée par M. Goldberg, depuis le siège social du Colorado, tandis que Tom Palmer, chef de l’exploitati­on de Newmont, devrait assumer ce rôle une fois que la transactio­n sera conclue, plus tard cette année.

La présidente de Newmont, Noreen Doyle, dirigera le conseil d’administra­tion de la société fusionnée, tandis que le président de Goldcorp, Ian Telfer, en sera le vice-président.

Newmont a annoncé son intention de s’inscrire à la Bourse de Toronto une fois la transactio­n conclue. En vertu de l’entente annoncée, Newmont allongerai­t 0,328 action et 2 cents en espèces pour chaque action de Goldcorp.

L’action de Goldcorp a récemment atteint son plus bas niveau en 17 ans, alors qu’elle tentait de régler des problèmes de production et d’autres éléments.

Josh Wolfson, analyste chez Desjardins, a estimé que cet accord représenta­it une solution à certains problèmes de Goldcorp.

«Nous considéron­s que la transactio­n est positive pour Goldcorp. Elle résout le risque à court terme des prévisions de Goldcorp ainsi que certaines questions critiques en matière de stratégie et d’allocation de capital», a-t-il observé dans une note de recherche. ■

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