La fabuleuse histoire du oud
De l’Asie au Moyen-Orient en passant par l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord, le virtuose Khalid El Idrissi propose de retracer l’histoire de l’oud à travers les âges, les styles et les multiples sonorités. Le musicien a choisi de créer ce périple musical inédit à Moncton.
Après avoir vécu une dizaine d’années à Moncton jusqu’en 2009, Khalid El Idrissi, considéré comme un virtuose du oud (ancêtre du luth européen), est de retour dans sa ville d’adoption depuis environ six mois. C’est dans cette ville où il a enregistré un album que le musicien globe-trotter a déposé ses valises pour compléter son projet de recherche et de composition. Il a travaillé à ce projet pendant plus de deux ans.
Le virtuose d’origine marocaine présentera la première mondiale de son concert Le Voyage du Oud ce jeudi à Moncton. Il ne l’a jamais joué ailleurs.
«C’est la seule place où je me sentais vraiment à l’aise pour finaliser ce projet. Parfaite pour l’art, la ville de Moncton a un rythme qui aide à faire différentes choses sans être obligé d’embarquer dans le rythme de la ville. Quand j’ai parlé à Michel Cardin (professeur et luthiste) à l’Université de Moncton, il a tout de suite compris le projet», a expliqué Khalid El Idrissi.
Le concert qu’il présente jeudi sera enregistré en vue possiblement de réaliser un album. D’après les musicologues, l’oud figure parmi les instruments à cordes les plus anciens. La première forme de l’instrument serait apparue au 30e siècle av. J.-C., note le musicien. Cet instrument aux gammes infinies qui a subi des transformations à travers les époques et les différentes cultures a fait le tour du monde. L’oeuvre de Khalid El Idrissi reflétera les différentes approches de l’instrument.
LA GUITARE DE L’ORIENT
Diplômé du Conservatoire national de Rabat où il a étudié la musique classique arabe et orientale en approfondissant sa connaissance du luth, Khalid El Idrissi s’est intéressé par la suite aux musiques du monde. Instrument incontournable dans plusieurs régions de l’Asie et de l’Afrique, l’oud est tout aussi ancré dans la culture que la guitare l’est en Occident.
«Dans certaines régions comme en Syrie, tout ce qui était en bois avec une caisse et des cordes, on considère que c’est un oud. Avec le temps, il y a des cordes qui se sont ajoutées», a raconté le musicien qui joue sur un oud à 12 cordes. Que ce soit en Syrie, dans les pays du golfe, en Europe, dans le nord du Maghreb, en Afrique, en Afrique de l’Ouest ou chez les Berbères, chacun a une approche différente pour jouer cet instrument. «Quand l’oud est apparu en Europe vers le 8e siècle, il a commencé à subir des transformations avec une approche occidentale. Dans la musique baroque, ils ont ajouté d’autres cordes pour ajouter plus d’harmonies.»
Il rappelle que l’oud fait aussi partie de l’histoire des Canadiens puisque le luth est arrivé en Amérique avec les moines dans les églises. Dans Le Voyage du Oud, il fait donc un petit clin d’oeil à l’Amérique du Nord en terminant son oeuvre avec une touche de jazz et de blues. Le musicien se propose de jouer, sans pause, l’ensemble de sa composition d’environ 70 minutes. Il convient que cela comporte un défi.
«L’autre défi, c’est le changement de style, c’est-à-dire comment trouver le lien pour passer d’un type d’approche à un autre. Le lien existe et il est culturel.»
S’imposant une discipline rigoureuse, il pratique un minimum de deux heures par jour. Il voit plusieurs liens entre le sport et l’art. Détenteur d’un diplôme de l’Union européenne de football de niveau A, lui permettant d’entraîner une équipe de soccer professionnelle, il se concentre plutôt sur la musique pour l’instant.
«Je vois un grand lien entre l’art et le sport. C’est un travail de discipline, de précision et de volonté et de mettre beaucoup d’heures dans les répétitions afin de parfaire son geste pour atteindre le maximum possible. C’est exactement la même chose dans le sport. Le geste devient comme une extension du corps.»
Des festivals en Afrique, en Europe et Asie ont déjà démontré de l’intérêt pour son concert Le Voyage du Oud. Il espère donc le faire voyager ailleurs dans le monde. Le concert est présenté à la Salle Neil-Michaud au pavillon des beaux-arts du campus de Moncton, le 17 janvier à 19h. ■