«Les congrès ont toujours fait partie de ma vie»
Sans le Congrès mondial acadien, George Belliveau n’est pas certain que Bois Joli aurait vu le jour ou qu’il aurait même entrepris une carrière musicale en français.
À 18 ans, George Belliveau a participé au tout premier Congrès mondial acadien comme violoneux. Le groupe Pauline et Irois l’avait embauché comme musicien pour des concerts dans plusieurs localités du sud-est du Nouveau-Brunswick, à l’occasion du CMA.
En plus de se produire comme musicien, l’artiste originaire de Pré-d’en-Haut, dans la Vallée de Memramcook, a assisté à de nombreux spectacles du congrès en 1994. L’impact a été immense pour le chanteur qui envisageait à cette époque plutôt une carrière dans le country anglophone.
«Avant 1994, je ne prenais pas beaucoup la musique acadienne au sérieux… Je ne connaissais pas nécessairement beaucoup de musique francophone avant le congrès à part des disques de 1755, quelques chansons d’Édith Butler et Angèle Arsenault. Ce n’est pas quelque chose qu’on pouvait envisager de faire des spectacles dans un aréna avant 1994», a raconté l’auteur-compositeurinterprète et réalisateur d’album.
Dans sa famille, les couleurs acadiennes se portaient le 15 août et après c’était fini. On ne parlait plus tellement d’identité et de culture acadiennes.
DANS LA FOULÉE DU CONGRÈS MONDIAL ACADIEN
En voyant arriver des artistes comme Lina Boudreau, Danny Boudreau, Ronald Bourgeois et Denis Richard dans le paysage musical acadien, Georges Belliveau a eu envie de suivre leurs traces. La radio communautaire CJSE a aussi été créée dans la foulée de ce premier congrès.
«Je pense que le congrès m’a ouvert les yeux sur tout ce qui allait se passer dans les prochaines années dans la musique acadienne.»
Le groupe Bois Joli a vu le jour en 1996. «C’est directement relié au congrès. S’il n’y avait pas eu le congrès, il n’y aurait pas eu Bois Joli», soutient-il.
Par la suite, George Belliveau a participé à plusieurs congrès mondiaux acadiens. Il a même été un des compositeurs de la chanson thème du grand rassemblement dans les régions du Madawaska, du Maine et du Témiscouata en 2014.
«Les congrès ont toujours fait partie de ma vie directement ou indirectement», a confié celui qui signe la direction artistique du spectacle de clôture à Shediac.
Il estime que sa fierté acadienne a évolué avec le temps. À ses débuts, il voulait écrire et chanter cette fierté. Le sujet revenait sans cesse dans ses chansons et celles de Bois Joli.
«On pensait beaucoup à ça et on pensait beaucoup à notre identité acadienne. Aujourd’hui, avec 25 ans de recul, on écrit peut-être moins comme ça, mais ça ne fait pas en sorte qu’on est moins fier de l’être. C’est sûr et certain que si j’avais voulu faire autre chose que ça, je l’aurais fait depuis longtemps.»
Le groupe Bois Joli a cessé officiellement ses activités en 2004, mais depuis 15 ans, la formation se retrouve au moins une fois par année. En plus d’être du spectacle du 15 août, le groupe se produira aux retrouvailles de la famille LeBlanc, le 17 août.
LE RÉALISATEUR
Au-delà de son projet solo, le chanteur country fait partie du nouveau groupe Salebarbes qui offre une musique d’inspiration cadienne.
Celui qui multiplie les projets est aussi réalisateur d’album. Depuis 20 ans, il possède un studio d’enregistrement. Après le studio Belivo, il a ouvert le Studio La Classe, à Memramcook. En près d’un quart de siècle, il a réalisé plus de 45 albums, dont ceux de Daniel Léger, Bois Joli, Annie Blanchard, Laurie LeBlanc, Hert LeBlanc et Michel Thériault.
Comme ingénieur de son, il a aussi travaillé avec de nombreux artistes comme La Virée et Joey Robin Haché.
On peut donc dire qu’il y a un peu de George Belliveau dans la plupart de la musique acadienne actuelle.
«Pas mal tous les artistes acadiens sont entrés dans mon studio depuis 25 ans. Il y a un petit brin de George Belliveau éparpillé ici et là dans la plupart de la musique acadienne», lance-t-il avec le sourire.
Il trouve autant de satisfaction dans son rôle de réalisateur que sur la scène.
«J’aime me mettre dans la peau de l’artiste et de ses admirateurs pour voir ce qu’on peut faire pour l’apporter un peu plus loin dans son cheminement. J’adore jouer, mais je pense que l’équilibre des deux pour moi c’est la balance parfaite. Je trouve quasiment plus de satisfaction à la fin d’un projet de studio qu’à la fin d’une tournée de spectacles parce qu’un album, ça reste pour la vie.»
Avant d’oeuvrer en musique à temps plein, il a également travaillé dans le domaine des ventes. Aussitôt qu’il a pu abandonner son emploi pour faire de la musique, il n’a pas hésité une seule seconde.
SPECTACLE DE CLÔTURE DU CMA
Pour la grande finale des retrouvailles 2019, le 24 août, le directeur artistique veut faire un clin d’oeil aux artistes qui évoluent sur la scène musicale depuis 25 ans.
«J’ai le goût que le monde se souvienne de ce qui a été fait de 1994 à aujourd’hui. Sincèrement, avant 1994, la musique française, ça ne marchait pas par ici. Je tiens à faire un spectacle qui démontre où on est rendu astheure et qui fait le point sur des artistes qu’il ne faut pas oublier, comme Danny Boudreau et Lina Boudreau, qui sont des produits dérivés du congrès, tout en mettant un peu la lumière sur ce qu’on a bâti ici.»
En plus des prestations avec Bois Joli, le chanteur et musicien jouera avec Salebarbes, notamment lors d’un spectacle surprise au Captain Dan’s, à Shediac, le 20 août. ■
«J’ai entendu Réveille pour la première fois en 1994. Si j’avais écouté ça en 1993, j’aurais probablement skippé la toune. En 1994, j’en ai eu des frissons sur le corps.»