Le N.-B. veut accueillir trois fois plus d’immigrants chaque année
Le gouvernement provincial mise sur l’immigration pour renflouer la maind’oeuvre.
Une stratégie annoncée mardi vise l’accueil d’un nombre accru d’immigrants pour atteindre 7500 nouveaux arrivants par année d’ici 2024.
Selon des documents publiés par le gouvernement, le nombre d’immigrants et de réfugiés établis au Nouveau-Brunswick a augmenté de 2847 à 4607 personnes de 2014 à 2018.
Le gouvernement espère que le fait d’accueillir plus d’immigrants permettra de freiner le déclin de la population dans la province. Le portrait n’est pas rose: les décès ont commencé à dépasser le nombre de naissances en 2015 et la main-d’oeuvre disponible diminue à mesure que les baby-boomers se retirent du marché du travail.
La stratégie du gouvernement Higgs, au coût de 2 millions $, prône aussi l’augmentation de la proportion d’immigrants francophones de 2% par année dans le but d’atteindre 33% d’immigration francophone d’ici 2024.
Cette cible d’immigration francophone avait déjà été identifiée dans le plan de croissance démographique précédent, établi pour 2014-2017. On y prévoyait alors une augmentation de 3% par année.
Les 60 mesures annoncées mardi prévoient entre autres du soutien en ressources humaines pour rendre la vie plus facile aux entreprises du N.-B. qui désirent embaucher à l’étranger.
Le ministère entend aussi aider les employeurs à pourvoir des postes avec des travailleurs déjà établis dans la province à l’aide des bureaux régionaux de l’emploi.
Les employeurs veillent déjà eux-mêmes à l’intégration et à la rétention de leurs nouveaux employés selon les normes du projet pilote fédéral Stratégie de croissance pour l’Atlantique, établi en 2016 et prolongé jusqu’en 2021.
Le ministre Trevor Holder ne mâche pas ses mots: les communautés de la province devront collaborer à l’intégration des immigrants si elles veulent recevoir des investissements gouvernementaux dans leurs régions.
«J’ai été très clair: les communautés de la province devront avoir une stratégie de croissance en place pour attirer et accueillir de nouveaux Canadiens [...] si elles veulent avoir des investissements d’infrastructure et d’autre financement à l’avenir. Sans ça, nous n’aurons pas suffisamment de gens qui habitent ici pour supporter nos services», a-t-il dit en mêlée de presse, en précisant que sa mise en garde s’adresse aux communautés de toutes tailles.
À titre d’exemple, le ministre a souligné l’intégration communautaire d’employés du secteur de la foresterie à Saint-Quentin et Kedgwick.
Thomas Raffy, PDG du Conseil économique du Nouveau-Brunswick, a eu son mot à dire dans la création de la stratégie provinciale annoncée mardi.
Il estime que des joueurs de tous les niveaux devront mettre la main à la pâte pour que la province puisse atteindre les cibles.
«C’est une stratégie d’une soixantaine d’initiatives, mais une stratégie n’est bonne que lorsqu’on passe à l’action. Pour y arriver, il faut savoir que la croissance démographique est l’affaire de tout le monde. Le gouvernement ne peut pas être tout seul à se débrouiller, il faut que toutes les parties prenantes s’y activent», dit-il en entrevue téléphonique.
Il affirme par contre que les régions plus isolées pourraient avoir des difficultés à assurer une bonne intégration de leurs nouveaux citoyens en fonction de la Stratégie de croissance pour l’Atlantique, le programme fédéral de 2016.
La Société de l’Acadie du NouveauBrunswick a déjà sommé le gouvernement de respecter ses cibles en matière d’immigration francophone à plusieurs reprises.
Ali Chaisson, directeur général de l’organisme, estime que ce nouveau plan est plus réaliste dans la mesure qu’il comprend des mesures qui sont déjà en place.
«Ce sont des choses qui ont déjà connu du succès. Ils ne tentent pas de réinventer la roue.»
Le directeur affirme que plusieurs des mesures annoncées mardi semblent aller dans le même sens que le livre blanc sur l’immigration publié par la SANB en 2018. ■