Crise des médias: les maires mettent la pression sur les gouvernements
Trois maires de villes québécoises directement affectées par la crise des médias sont venus plaider, mercredi en commission parlementaire, pour que les gouvernements déploient de toute urgence des moyens d’action destinés à sauver la presse régionale.
Les maires de Saguenay, Josée Néron, de Trois-Rivières, Jean Lamarche, et de Sherbrooke, Steve Lussier, ont joint leur voix pour revendiquer un système de taxation des géants du web, afin de renflouer les coffres des médias, aux prises avec de graves difficultés financières.
Le Quotidien de Saguenay, Le Nouvelliste de Trois-Rivières et La Tribune de Sherbrooke font partie des six quotidiens du Groupe Capitales Médias (GCM), qui lutte pour éviter la faillite en attendant qu’un éventuel acquéreur relance l’entreprise. Les trois autres sont Le Soleil de Québec, La Voix de l’Est de Granby et Le Droit d’Ottawa-Gatineau.
«Portez vos culottes et agissez!», a lancé en mêlée de presse la mairesse de Saguenay, Josée Néron, qualifiant d’«essentielle» la présence d’une presse régionale forte.
Selon les maires présents, «les gouvernements vont devoir réellement analyser la possibilité de taxer» les géants américains du web connus sous l’acronyme GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple), a indiqué Mme Néron.
Ces plateformes numériques accaparent sans cesse davantage les revenus publicitaires autrefois réservés aux médias, et ce, sans verser un sou à aucun producteur de contenu.
Le groupe de presse Québecor fait partie des entreprises qui se sont montrées intéressées à acquérir les quotidiens du Groupe Capitales Médias.
Ce scénario n’a pas semblé plaire aux trois maires présents, soucieux de préserver la diversité de l’information et d’échapper à une concentration encore plus grande de la presse au Québec. Car il importe de conserver une presse régionale «la plus régionale possible», selon le maire de Sherbrooke, Steve Lussier.
Québecor possède déjà deux quotidiens, Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec, en plus de TVA, LCN et QUB radio.
DÉFICIT ACTUARIEL: 65 MILLIONS $
Déjà aux prises avec la difficulté de trouver des revenus suffisants pour faire fonctionner l’entreprise, l’éventuel acquéreur des six quotidiens du Groupe Capitales Médias devra composer avec un lourd déficit actuariel du régime de retraite.
Présent à la commission parlementaire qui se penche toute la semaine sur l’avenir des médias, le président du groupe, Claude Gagnon, a indiqué mercredi que le déficit actuariel du régime de retraite des employés atteignait pas moins de 65 millions $.
Il s’agit là d’un passif important, fort lourd à porter pour le futur acquéreur du groupe, qui devra relever le défi de combler cet écart afin de rendre le régime solvable.
Questionné à ce sujet, M. Gagnon a admis qu’il s’agissait là d’une «préoccupation constante» dans le processus de vente en cours.
«Il faudrait être aveugle pour ne pas le reconnaître», a-t-il commenté en mêlée de presse. ■