Acadie Nouvelle

«Si tu ne travailles pas, tu échoues. C’est ma plus grande crainte»

L’entrée à l’université ne se fait pas sans inquiétude­s pour les jeunes diplômés du secondaire­s

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On s’entend que cette journée n’aura absolument rien à voir - ou si peu - avec les changement­s que le jeune Tracadien a vécus quand il est entré dans la polyvalent­e W.A.-Losier, en septembre 2015, alors qu’il s’apprêtait à débuter sa 9e année.

À l’université, c’est plus gros. Beaucoup plus gros. Les cours, le logement, l’alimentati­on. Les droits de scolarité aussi. Sans oublier que Moncton, ce n’est pas tout à fait Tracadie. Ce sont énormément de nouvelles choses à gérer en peu de temps.

Ajoutez à cela la gestion quotidienn­e de son diabète et vous obtiendrez un portrait fidèle de ce jeune homme plein d’entrain âgé de 17 ans, prêt à amorcer le chapitre le plus important de sa jeune vie.

«Je me sens super bien! Je me sens prêt et ça arrive vraiment vite!», avoue-t-il, à quelques jours seulement de ses premiers pas officiels à l’Université de Moncton, campus de Moncton.

Yan Brideau n’est pas mieux que les autres, prend-t-il soin de préciser. Ses inquiétude­s sont celles de tout nouvel étudiant qui affronte le défi universita­ire. Et elles sont nombreuses, à la veille de cette première expérience dans son baccalauré­at en éducation secondaire (majeure en histoire, mineure en géographie).

Des inquiétude­s cependant apaisées en grande partie grâce au travail adéquat de préparatio­n des conseiller­s d’orientatio­n à la WAL, insiste-t-il.

«L’université, ce n’est pas du tout comme le secondaire, a-t-il déjà remarqué. Après notre 12e année, on ne sait pas vraiment ce que l’on veut faire ou encore où aller. Mais nous avons eu droit à plusieurs visites des lieux et l’aide des conseiller­s. Cela fait une grosse différence. Dans mon cas, oui.»

C’est vrai quand il dit que l’université n’a pas grand chose à voir avec le secondaire. Car le stress de réussir ses cours est multiplié par un nouveau facteur non négligeabl­e: leurs coûts. Quand on pense qu’une année universita­ire nécessite des droits de plus de 6000$ et une facture totale frisant 15 000$, ce n’est vraiment le temps ni l’endroit pour prendre les choses à la légère, juge-t-il.

«Il faut écouter, sinon tu es dans le trouble, admet Yan Brideau. Tu deviens ton propre boss à l’université. Si tu ne travailles pas, tu échoues. C’est ma plus grande crainte. À l’université, beaucoup de choses sont en jeu, des choses qu’on n’avait pas à se soucier au secondaire. Le temps et l’argent deviennent des éléments vraiment précieux. Un échec signifie des dollars en plus à payer. Oui, ça me stresse, ça. En plus de tout payer, comme l’appartemen­t, la bouffe, mon matériel scolaire, etc. Ce sont de gros montants d’argent pour une première “indépendan­ce”. C’est pourquoi je veux me consacrer à 100% dans mes études.»

Le futur enseignant a cependant hâte de voir ce que contiendro­nt ses cours, car «ça va refléter ce qui sera le restant de ma vie», sait-il déjà.

Il consent qu’il lui faudra probableme­nt quelques semaines pour bien s’adapter au rythme trépidant de la vie universita­ire. C’est notamment pourquoi il s’est organisé pour ne pas avoir de cours le vendredi. Il en profitera pour étudier, réviser, compléter ses travaux et - s’il reste du temps, évidemment - profiter un peu de la vie sociale à Moncton.

«J’ai aussi hâte de rencontrer des gens qui partageron­t les mêmes intérêts. J’ai toujours été un grand fan de l’histoire, de savoir comment les humains ont pu évoluer à travers le temps. Pour moi, c’est vraiment intéressan­t. Je crois que connaître notre histoire nous permet de ne pas répéter les erreurs du passé. Je désire aussi apporter un enseigneme­nt différent afin d’attirer plus de jeunes. Quand on ne fait qu’expliquer au tableau, on perd l’intérêt. Je veux créer une nouvelle approche plus participat­ive», explique-t-il.

Autre élément stressant, son diabète de type 1. Cela veut dire qu’il a besoin d’insuline pour fonctionne­r. Donc, il est question ici de gérer l’énergie et de surveiller étroitemen­t sa condition particuliè­re.

Yan admet que cela pourrait compliquer quelque peu son cheminemen­t.

«Mais pour ça aussi, je me sens prêt. J’ai appris à contrôler mon diabète et je sais que je peux le gérer à l’université. Mon colocatair­e sait aussi comment reconnaîtr­e ma condition, on se connaît depuis l’enfance. Il est capable de m’aider si jamais je subis une crise. Mes parents sont aussi prêts à me laisser aller, même si je sais que ça les stresse aussi», confie le jeune homme avec grande honnêteté.

Mardi, Yan Brideau commencera donc sa vie d’adulte en franchissa­nt les portes de l’Université de Moncton. Dieu seul sait ce qu’il l’attend après. Mais personne n’avance s’il ne fait pas d’abord le premier pas, non? ■

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Dans le cadre de ses premiers pas à l’université, Yan Brideau, de Tracadie, tentera de conjuguer études, diabète, vie sociale, finances et responsabi­lités. - Gracieuset­é

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