Moncton: des autobus au propane pour le retour en classe
Le gouvernement du NouveauBrunswick s’attaque à sa production de gaz à effet de serre en achetant 16 nouveaux autobus scolaires qui fonctionnent au propane. Une mesure qui laisse un spécialiste perplexe.
Le nouveau modèle d’autobus - facilement identifiable à son logo peint sur le côté - a été présenté à la presse, vendredi après-midi, à l’école L’Odyssée de Moncton.
Les 16 nouveaux véhicules, achetés dans le cadre d’un projet pilote, circuleront sur les routes du Grand Moncton à compter de mardi.
Le propane est issu du raffinage du pétrole, une énergie fossile non renouvelable, diffusant «entre 22 et 26% de gaz à effet de serre de moins que le diesel», d’après Jean-François Duguay, de l’Association canadienne du propane, et présent au lancement vendredi pour souligner l’événement.
En plus de ces 16 autobus au propane, 74 autres autobus à essence ont été achetés cette année.
Bien que le coût d’achat d’un autobus au propane soit plus élevé que celui d’un autobus au diesel, «les coûts opérationnels annuels de chaque autobus devraient diminuer de 2500$, totalisant une réduction des dépenses de 30 000$ en 12 ans, soit la durée de vie de chaque véhicule», précise le gouvernement dans un communiqué.
D’après Ressources Naturelles Canada, le transport scolaire a représenté 1,1% des émissions de gaz à effet de serre produit par des véhicules au Nouveau-Brunswick en 2016.
Pour Jeff Carr, ministre de l’Environnement et des Gouvernements locaux, c’est néanmoins une étape très importante en faveur de l’environnement.
«Nous avons un engagement comme gouvernement de continuer à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. C’est une petite étape, mais nous sommes la première province des Maritimes à avoir des bus au propane», a-t-il déclaré.
Le ministre provincial a profité de l’événement médiatique de vendredi pour attaquer la taxe carbone du gouvernement fédéral.
«Cela va nous permettre de payer moins de taxes au gouvernement fédéral. Nous pouvons mettre en place ces initiatives pour diminuer nos émissions sans avoir à payer une taxe carbone», a affirmé le ministre Carr.
Le ministère estime que le coût total en carburant pour l’année sera à peu près 10% moins élevé pour les autobus au propane que pour les autobus au diesel. Il se peut aussi que la consommation d’huile à moteur atteigne 50%.
Selon Thomas Murphy, coordinateur du transport scolaire au ministère de l’Éducation, l’achat d’autres autobus au propane dépendra des économies réalisées.
«Si l’on voit que ça réalise les économies que l’on prévoit, on va probablement en acheter d’autres après», indique-t-il.
«PAS LA SOLUTION»
Jean-Philippe Sapinski est professeur à la Maîtrise en études de l’environnement à l’Université de Moncton. Selon lui, face à la situation d’urgence climatique, il est absurde de se tourner vers le propane.
Il défend au contraire une taxe carbone à un niveau plus élevé.
«Ce n’est pas parce qu’on prend des autobus au propane qu’on doit se débarrasser de la taxe carbone. Dans son état actuel, la taxe carbone n’aura aucun effet, parce que son niveau est beaucoup trop bas. Pour avoir un effet, il faudrait que la taxe carbone soit à 100$ dollars par tonne de gaz à effet de serre, alors qu’elle est de 20$ aujourd’hui.»
«C’est aussi important de ne pas avoir simplement une taxe carbone, mais d’autres mesures dans l’électrification du transport, l’électrification de tout sur la base de l’énergie renouvelable», ajoute-t-il. ■
«Le propane est présenté comme une énergie de transition, car cela crée moins de gaz carbonique que lorsque l’on brûle du diesel ou de l’essence. Mais face à l’urgence, ce n’est pas une solution. Et l’opposition des conservateurs à la taxe carbone est une base idéologique très dangereuse pour l’environnement», lâche le spécialiste.