Le fils de Jackie Vautour dit avoir été congédié injustement par le Réseau Vitalité
Qu’est-ce qui a réellement motivé le renvoi d’Edmond Vautour de son travail à l’Hôpital général de Grand-Sault?
Edmond Vautour, comme son père Jackie Vautour, ne baisse pas les bras. En octobre, il ira en arbitrage contre son ancien employeur pour tenter d’obtenir gain de cause dans ce cas qu’il qualifie de renvoi injustifié.
Edmond Vautour est spécialiste en chaudières à haute pression. Jusqu’à l’an dernier, il était employé du Réseau de santé Vitalité à l’Hôpital général de Grand-Sault.
À l’emploi du Réseau pendant sept ans, il a vécu ce qu’il décrit comme un environnement de travail hostile. En entrevue téléphonique, l’homme originaire de Kouchibouguac explique qu’il s’est toujours senti mal accueilli puisqu’il ne venait pas de la région.
En septembre 2018, la relation difficile avec son employeur a atteint son point de cassure.
«Ils (ses patrons) ont eu une rencontre avec moi et ils ont commencé à dire toutes sortes de choses que j’avais faites. Je me suis senti vraiment piégé par eux, par la manière qu’ils ont fait ça», dit l’homme.
Ce jour-là, on l’a envoyé chez lui avec paye pour la durée d’une enquête interne. C’est lors d’une deuxième rencontre, le 9 novembre 2018, qu’il a été congédié pour négligence professionnelle.
Dans la lettre de congédiement adressée à M. Vautour, les ressources humaines de l’hôpital de Grand-Sault l’accusent de négligence, de vol de temps et de fraude. Des accusations que nie M. Vautour.
Son licenciement a depuis fait l’objet d’une enquête de la Commission d’assurance-emploi du Canada. En mai, l’organisme a écarté l’hypothèse de la négligence professionnelle.
Dans le rapport, dont l’Acadie Nouvelle a obtenue copie, on retrouve les événements qui, selon le Réseau de santé Vitalité, justifient le renvoi d’Edmond Vautour. Le Réseau affirme qu’il a alors fait preuve de négligence et qu’il a mis la vie des patients et de ses collègues en danger en «n’appliquant pas les mesures de sécurité nécessaires».
Dans la fin de semaine du 17 au 20 août 2018, une alarme de la chaudière de l’hôpital a retenti. Edmond Vautour a répondu à l’alarme et s’est rendu sur les lieux à plusieurs reprises pour effectuer les vérifications habituelles.
Il n’est pas parvenu à trouver le problème, mais l’alarme s’est éteinte à chaque fois au cours de ses vérifications habituelles.
Par crainte que le problème soit de nature électrique, il a fait appel à un électricien, qui n’est pas non plus parvenu à trouver la faute.
L’inspecteur des chaudières à pression de la région, Bernard Martin, a évalué l’incident en question et a déterminé qu’il n’y avait aucune incompétence ou négligence de la part d’Edmond Vautour.
Le problème était finalement relié à un bris mécanique, un problème «fantôme» qui n’aurait pas été détecté dans les vérifications habituelles et qui aurait pu prendre plusieurs jours à être détecté et réparé.
Dans le rapport de la commission, Bernard Martin souligne d’ailleurs que les patients n’étaient pas en danger d’avoir froid vu que l’incident s’est produit en plein été.
Un représentant du Réseau a alors appelé Bernard Martin pour tenter d’appuyer le congédiement de M. Vautour.
Selon Samuel LeBlanc, représentant du Syndicat canadien de la fonction publique, il s’agit d’un détail important puisqu’il démontre les intentions de l’employeur.
«L’employeur a appelé l’inspecteur pour voir si [Edmond] devait être congédié. L’inspecteur a dit non et l’employeur l’a congédié quand même. C’est un peu comme s’ils avaient l’intention de le congédier sans objectivité», argumente-t-il.
Samuel LeBlanc estime que le Réseau n’a pas pu prouver de raisons valables pour congédier son client, comme le démontre le rapport de la Commission d’assuranceemploi.
Thomas Lizotte, porte-parole du Réseau de santé, a refusé de fournir des informations sur le dossier étant donné la nature litigieuse et confidentielle du sujet.
«Le Réseau possède différents mécanismes de gestion pour son personnel qui sont justes, équitables et conventionnés. Les différents dossiers qui s’y rapportent sont pris en charge par l’expertise de nos ressources humaines», peut-on lire dans la réponse du porte-parole.
Bernard Martin a pour sa part refusé de commenter tant que le dossier n’est pas réglé. ■