Acadie Nouvelle

Légionello­se: vers une meilleure gestion des tours de refroidiss­ement?

Les municipali­tés ou les provinces devraient-elles se munir d’un registre des tours de refroidiss­ement à titre préventif?

- alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

L’éclosion de légionello­se à Moncton a souligné l’absence de registre ou de documentat­ion quelconque sur les tours aérorefroi­dissantes, cet équipement de climatisat­ion qui est si propice au développem­ent des bactéries.

Le Dr Yves Léger, médecin-hygiéniste de la région du sud-est, a déjà détaillé la difficulté du travail de dépistage de la bactérie étant donné l’absence d’un registre des tours de refroidiss­ement. Il a pu compter sur l’aide d’employés de la Ville de Moncton dans son effort de dépistage.

Il a aussi affirmé avoir l’intention de recommande­r la mise en place d’une base de données de ce genre au terme de son enquête. Ce n’est rien de nouveau.

La chercheuse Lan Chi Nguyen Weekes, du collège La Cité d’Ottawa, a participé à bon nombre d’études sur la présence de la bactérie legionella dans les tours de refroidiss­ement.

Elle explique que les régions n’ont tendance à prendre conscience de l’importance de surveiller les tours de refroidiss­ement que lorsqu’une éclosion de légionello­se se déclare, comme c’est actuelleme­nt le cas pour Moncton.

À Québec en 2012, plus de 180 cas de légionello­se déclarés dans le centre-ville avaient entraîné 14 morts, principale­ment chez la population plus à risque, soit des hommes fumeurs de cinquante ans et plus.

«Il y a des directives au niveau du gouverneme­nt fédéral, ils ont des documents qui aident à identifier les sites potentiels de contaminat­ion et sur comment les désinfecte­r. Il n’y a pas nécessaire­ment quoi que ce soit dans la loi (canadienne), mais il y a des règlements très précis au Québec à la suite de l’épidémie de 2012», souligne l’experte.

Depuis ce temps-là, il existe un registre de ces appareils et la Régie du bâtiment du Québec reçoit régulièrem­ent des mises à jour sur l’état des tours.

Ces appareils sont souvent utilisés pour assurer la climatisat­ion d’établissem­ents industriel­s. Or, la présence d’eau stagnante à une certaine températur­e est souvent propice au développem­ent de la bactérie legionella, et l’eau contaminée est alors vaporisée et répandue dans l’air.

La bactérie legionella peut causer une variété de problèmes de santé lorsqu’elle est inspirée sous forme de fines gouttelett­es d’eau. La forme la plus grave de l’infection, la légionello­se, cause des symptômes apparentés à une pneumonie et peut causer la mort dans les cas les plus extrêmes.

Lan Chi Nguyen Weekes a récemment participé à une étude des National Academies of Sciences, Medicine and Engineerin­g, aux États-Unis, qui a fourni bon nombre de recommanda­tions à nos voisins du sud. L’une des recommanda­tions était la mise en place de registres des tours aérorefroi­dissantes.

«Nous avons fait la recommanda­tion d’avoir un registre de ce genre. La Ville de New York, par exemple, a un tel registre, mais souvent, ça a été fait après qu’il y ait eu une épidémie. On devrait plutôt le faire de façon préventive», estime-t-elle.

Elle argumente aussi que cette façon de faire est très peu dispendieu­se pour les gouverneme­nts et les entreprise­s.

«[En cas d’éclosion], ça permet à l’épidémiolo­giste de savoir exactement ce qui se passe dans un secteur», dit-elle.

Elle souligne que le but ne serait pas nécessaire­ment de dicter aux entreprise­s la façon de faire l’entretien de cet équipement, mais de s’assurer que les autorités puissent au moins garder un oeil sur les résultats d’inspection­s.

«Avec le règlement du Québec, [les entreprise­s] doivent faire des tests à intervalle régulier, et si ces tests-là ont des résultats un peu alarmants, ils en avertissen­t la santé publique», affirme la chercheuse. ■

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- Archives Le Dr Yves Léger, médecin-hygiéniste de la région du sud-est.
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