Acadie Nouvelle

Les galeries d’art, un secteur en plein essor dans le Grand Moncton

- sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com @SylvieMous­seau1

En l’espace de quelques années, trois galeries d’art contempora­in ont ouvert leurs portes dans le Grand Moncton. Artistes et galeristes estiment que ces nouveaux lieux d’exposition contribuer­ont à accroître la visibilité des créations actuelles d’ici et à développer un milieu propice à la vente d’oeuvres d’art.

Le propriétai­re de la Galerie ArtArtiste, Daniel Chiasson, estime qu’il y avait un manque réel de galeries dans la région. À son avis, le fruit est mûr maintenant. Le Grand Moncton compte trois nouvelles galeries: Art-Artiste à Dieppe, Apple Art et la galerie Murmur à Moncton. Daniel Chiasson voit ces nouveaux joueurs d’un oeil positif et non comme de la concurrenc­e.

«C’est positif parce qu’une galerie si elle veut être sérieuse ne peut pas s’occuper de beaucoup d’artistes à la fois et représente­r tous les genres et tous les styles. Ça va augmenter la visibilité de l’art en général et ensuite les gens, les amateurs et les collection­neurs auront plus de lieux pour aller voir et identifier le style avec lequel ils sont confortabl­es», a exprimé le galeriste.

Celui qui collection­ne des oeuvres d’art depuis 30 ans représente aujourd’hui 25 artistes, dont la plupart sont du NouveauBru­nswick. On retrouve des artistes comme Yvon Gallant, Réjean Toussaint, Luc A. Charrette et Sylvie Pilotte. Il a ouvert sa galerie de 1800 pieds carrés sur la rue Champlain en octobre 2017.

À son avis, plus il y a de galeries d’art dans une ville, plus les citoyens seront sensibles à l’art contempora­in.

«Je pense que les gens sont en mode exploratio­n. Je trouve que c’est une période très intéressan­te parce que les gens sont curieux. Sans dire qu’ils partent avec des oeuvres tous les jours, on voit qu’il y a un intérêt.»

DE JEUNES COLLECTION­NEURS

De jeunes entreprene­urs comme Nausika Breau, Mario LeBlanc et Christine Comeau ont décidé aussi de faire le saut dans le marché de l’art. Nausika Breau a commencé à oeuvrer dans ce domaine, il y a quatre ans. Sa galerie Apple Art, située d’abord dans la maison familiale, a maintenant un local sur la rue St-George. L’agente. qui a commencé par représente­r ses parents artistes. rassemble maintenant près de 20 créateurs, dont Rebecca Belliveau et Jon Fox. Celle qui n’avait pas prévu devenir galeriste est littéralem­ent tombée en amour avec le travail de certains artistes.

«La galerie s’est fondée comme ça avec un amour et une attirance pour représente­r ces artistes et les partager avec les collection­neurs. C’est devenu une galerie avec le temps. Je sais qu’il y avait un manque dans la région et pas seulement dans la région, mais au Nouveau-Brunswick. Je veux faire le mieux que je peux pour les représente­r et essayer d’en vendre.»

La dernière née des galeries d’art, Murmur, détenue par Christine Comeau et Mario LeBlanc, se veut aussi un espace d’échanges et de réflexion autour de l’art contempora­in.

Les deux entreprene­urs artistes qui sont aussi propriétai­res de la boutique Art Shack, ont voulu offrir un lieu d’exposition à des artistes de la région de Moncton. Certains sont très établis avec de longues feuilles de route, comme Mathieu Léger et Marjolaine Bourgeois, et d’autres sont plus émergents.

La galerie de 900 pieds carrés qui possède un inventaire de 81 oeuvres (la plupart en consignati­on) représente neuf artistes sur une base permanente.

«Le fait qu’on est dans une place visible avec une grande vitrine attire la curiosité des gens. Même quand on est fermé, les gens viennent regarder à travers la vitrine. C’est sûr qu’il y a des gens qui passent et qui sont un peu déstabilis­és par ce qu’ils voient. Comme galeriste, on peut justement être un intermédia­ire pour expliquer le travail des artistes», a commenté Mario LeBlanc.

UN PONT ENTRE L’ARTISTE ET L’ACHETEUR

Il ne suffit pas d’installer des oeuvres sur des murs pour devenir galeriste. C’est un travail de négociatio­n, de représenta­tion, d’administra­tion et d’archivage.

«C’est ce qu’on appelle l’invisible, c’està-dire ce que les gens ne voient pas», soulève Daniel Chiasson.

Le galeriste devient en quelque sorte le lien entre l’artiste et l’acheteur potentiel. Son travail va au-delà du vernissage d’une exposition ou de la page Facebook d’un artiste.

«Je dirais que vendre de l’art à Moncton a eu ses défis. Je suis contente qu’il y ait deux autres galeries maintenant parce que beaucoup de mon travail a été de l’éducation de l’art afin d’expliquer la différence entre les beaux-arts et de la décoration», a mentionné Nausika Breau.

À sa connaissan­ce, il n’existe pas d’aide financière gouverneme­ntale pour le démarrage d’une galerie d’art privée. Afin d’arrondir ses fins de mois, la galeriste vend aussi de petites pièces comme de la poterie et des cartes d’art, qui souvent, se vendent mieux qu’un grand tableau. Mario LeBlanc admet qu’Il y a aussi tout un travail de sensibilis­ation à l’art contempora­in à faire.

«C’est comme romantique cette idée de faire une visite de studio d’artiste avec des gens, mais ce n’est pas une place pour présenter le travail et pour permettre à la personne de digérer et de décider si elle a envie de vivre avec ça.»

Depuis l’ouverture de la galerie Murmur, ils ont vendu surtout de petites oeuvres qui se transporte­nt facilement. C’est important de créer des événements pour amener les gens à visiter les galeries et apprécier l’art, considère Mario LeBlanc.

«Ce n’est pas juste d’acheter une toile parce qu’on aime la couleur. Il y a tellement d’histoires et d’échanges qui peuvent se faire autour d’un tableau sur un mur. Dans l’art actuel, il y a souvent un deuxième degré de questionne­ment qui va audelà du beau comme la série de Frédéric Gayer où il y a un peu un commentair­e social.»

Celui-ci confie que sans la boutique Art Shack, qu’ils opèrent depuis 2014, ils n’auraient pas pu financière­ment ouvrir une galerie d’art. Aujourd’hui, les deux entreprise­s comptent deux employés en plus des propriétai­res. ■

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- Acadie Nouvelle: Sylvie Mousseau. Christine Comeau et Mario LeBlanc viennent d’ouvrir la galerie Murmur sur la rue St-George à Moncton.
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