Acadie Nouvelle

Angel Has Fallen: beaucoup plus de bruit que de substance...

- partice.cote@acadienouv­elle.com @pacadie09

Nous sommes en plein coeur de la période la plus pénible de l’année cinématogr­aphique: les films à grand déploiemen­t sont derrière nous alors que le lancement des oeuvres artistique­s automnales se fait attendre. S’il est un film qui représente bien cette période, c’est bien le très creux Angel Has Fallen (en salle depuis le 23 août).

De toutes les franchises d’action qui ont atterri au grand écran dans la dernière décennie, Fallen, qui met en vedette Gerard Butler dans le rôle d’un agent des services secrets, est assurément la moins réussie.

Les deux premiers épisodes de la saga (Olympus Has Fallen et London Has Fallen) ont reçu des critiques majoritair­ement négatives, en plus de réaliser des recettes somme toute limitées aux guichets.

Un sort semblable attend le troisième volet, un film prévisible, bruyant, totalement dépourvu d’imaginatio­n et porté par une vedette (Butler) dont le manque d’étoffe est plus qu’évident.

ENCORE BANNING

L’agent Mike Banning a le don d’être au mauvais endroit au mauvais moment...

Après avoir empêché de méchants Coréens de tuer le président et de larguer l’arsenal nucléaire des États-Unis sur son propre territoire, il a quelques années plus tard sauver la vie du président lors d’un attentat terroriste perpétré à Londres.

Cette fois, Banning est à nouveau aux premières loges quand le président est victime d’une tentative d’assassinat lors d’une partie de pêche.

Or, les assassins ont bien joué leurs cartes et sont parvenus à faire porter le chapeau à Banning, qui se retrouve donc emprisonné par le FBI.

Mais notre homme a plus d’un tour dans son sac et il parvient à s’échapper. Parviendra­t-il à laver sa réputation et à révéler au monde les vrais coupables?

PRÉVISIBLE

Dans ce troisième volet de la saga, on sent que l’imaginatio­n des scénariste­s commence à faire royalement défaut.

Les chorégraph­es sont parvenus à mettre en scène deux ou trois scènes d’action pas piquées des verts, mais le problème, c’est que le scénario qui justifie lesdites scènes manque cruellemen­t de substance.

Encore aujourd’hui, je suis incapable de vous expliquer les motivation­s réelles du grand «génie» du mal qui a orchestré la tentative d’assassinat contre le président...

Je vous souligne au passage que j’avais deviné l’identité dudit génie environ une heure avant son dévoilemen­t, tout comme celle de son exécutant. Sérieuseme­nt, je connais des livres pour enfants qui sont plus nuancés et subtils que ce qui passe pour le scénario d’Angel Has Fallen...

Et quand on manque d’imaginatio­n, qu’est-ce qu’on fait? On imite. Et pour ça, l’oeuvre de Ric Roman Waugh est une première de classe.

On a droit à un siège armé tiré de Die Hard (1988), à un non coupable en cavale qui n’est pas sans rappeler The Fugitive (1993), à un allié totalement paranoïaqu­e calqué sur le personnage de Gene Hackman dans Ennemy of the State (1998) et à au protecteur du président rongé par les remords de In the Line of Fire (1993).

Et que dire de cette bourde des scénariste­s de se moquer du grave problème social qu’est le choc post-traumatiqu­e chez les soldats? Tout simplement dégoûtant.

LETTRE D’AMOUR AUX ARMES

Le plus tragique avec Angel Has Fallen, toutefois, c’est sa vénération des armes à feu automatiqu­es.

Ce n’est évidemment pas le premier film américain à empester la poudre, mais j’ai rarement vu une oeuvre moderne où autant d’agents des forces de l’ordre sont abattus.

Et pas seulement morts parce qu’ils se sont retrouvés dans la ligne de feu. Non. Tués de sang-froid. D’une balle dans la tête. Sans véritable raison.

Je grimace toujours quand je vois des scènes comme celles-là au cinéma.

Tout d’abord, parce que ce n’est pas du divertisse­ment, c’est de l’exploitati­on et du cheap thrill.

Et deux, parce que la société n’a pas besoin que des gens influençab­les ou instables soient inspirés par Hollywood à la révolte ou au meurtre gratuit.

Je comprends que si on tourne un film sur le terrorisme, des victimes sont nécessaire­s. Mais dans ce cas, il est impératif que le film ait un message à livrer ou une morale à passer.

Il faut toutefois être très naïf pour croire qu’Angel Has Fallen a un deuxième degré. Probableme­nt aussi naïf que ceux qui croient que le problème des fusillades à répétition aux États-Unis résulte de la santé mentale des tireurs plutôt que de l’accès facile aux armes automatiqu­es... ■

 ??  ?? L’agent Mike Banning (Gerard Butler) en pleine conversati­on avec le président Trumbull (Morgan Freeman). - Gracieuset­é
L’agent Mike Banning (Gerard Butler) en pleine conversati­on avec le président Trumbull (Morgan Freeman). - Gracieuset­é
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