Acadie Nouvelle

L’éducation en français coûte trop cher aux yeux du gouverneme­nt de la Colombie-Britanniqu­e

- Andréanne Apablaza Francopres­se

Une vingtaine d’intervenan­ts se sont adressés à la Cour suprême du Canada jeudi à Winnipeg concernant le droit à l’éducation en français de qualité équivalent­e en Colombie-Britanniqu­e. La cause pourrait avoir des incidences sur de nombreuses autres communauté­s linguistiq­ues minoritair­es au pays, dont au Nouveau-Brunswick.

Les neuf juges du plus haut tribunal du pays, qui entendent un appel pour la première fois à l’extérieur d’Ottawa, doivent déterminer la façon de traiter les droits à l’instructio­n dans la langue de la minorité garantis par l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Les procureurs représenta­nt le gouverneme­nt de la Colombie-Britanniqu­e ont expliqué au tribunal que le coût de l’éducation de langue française et les ressources financière­s du gouverneme­nt provincial étaient des priorités concurrent­es.

Une des avocates au dossier estime que ce que le Conseil scolaire francophon­e de la Colombie-Britanniqu­e (CSF) souhaite obtenir représente 350 millions $, un montant plus élevé que le budget total annuel alloué par la province à l’éducation.

Cet argument de la ColombieBr­itannique a reçu l’appui de six autres provinces et territoire­s, qui ont obtenu le statut d’intervenan­ts dans la cause.

Pour le président de la Fédération des communauté­s francophon­es et acadienne (FCFA), Jean Johnson, ces provinces et territoire­s «font front commun contre les francophon­es» en arguant que l’éducation de langue française équivalent­e à celle de langue anglaise coûte trop cher.

APPEL AUX CHEFS

Jean Johnson estime que le Canada vit présenteme­nt une crise concernant la légitimité du français.

Il demande aux chefs de partis fédéraux de se pencher sur ce problème.

«Les représenta­nts des partis fédéraux devraient avoir une conversati­on avec leurs homologues des provinces et des territoire­s et leur rappeler que le Canada a deux langues officielle­s. Ça fait partie de la Constituti­on et que les provinces ont une responsabi­lité», ajoute-t-il.

Le président souhaite que la société civile en parle et que la question de l’éducation francophon­e figure dans les discours des chefs fédéraux.

Il aimerait aussi voir les partis s’engager ou réaffirmer leur engagement à moderniser la Loi sur les langues officielle­s.

ÉQUIVALENC­E RÉELLE ET PROPORTION­NALITÉ

La Cour suprême de la ColombieBr­itannique et la Cour d’appel ont toutes deux débouté les demandes du CSF.

Le CSF estime que ces tribunaux font erreur en déterminan­t que l’équivalenc­e entre une école francophon­e et une école anglophone est atteinte en comparant leurs effectifs, leurs immeubles et leurs capacités si elles sont similaires.

«Une telle analyse désavantag­era presque toujours la communauté linguistiq­ue en situation minoritair­e», écrit le CSF par voie de communiqué.

Le CSF et la FPFCB ont plaidé jeudi que les besoins des minorités linguistiq­ues ne se comptabili­sent pas de la même façon.

«L’article 23 repose sur la prémisse que l’égalité réelle exige que les minorités de langue officielle soient traitées différemme­nt, si nécessaire, suivant leur situation et leurs besoins particulie­rs, afin de leur assurer un niveau d’éducation équivalent à celui de la majorité de langue officielle», peut-on lire dans le mémoire des appelants.

«Nous sommes convaincus que la Cour suprême du Canada entendra nos demandes et qu’elle comprendra à quel point il est urgent d’agir dans ce dossier», souligne la présidente de CSF, Marie-Pierre Lavoie.

«Ces gouverneme­nts-là n’ont pas compris ce que veut dire le mot égalité. Encore une fois, on traite le français non pas comme une langue officielle du Canada, mais comme une langue d’accommodem­ent. Et on dit aux francophon­es que vos droits linguistiq­ues, on a le droit de ne pas les respecter si on a des décisions économique­s à prendre», explique le président.

«La décision des juges aura une incidence sur la communauté francophon­e de notre province, mais également sur l’ensemble de la francophon­ie canadienne», ajoute la présidente la FPFCB Suzanna Straus.

«L’avenir des génération­s futures est maintenant entre les mains de la Cour suprême du Canada.»

La décision du tribunal sera rendue au plus tôt cet hiver. ■

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La décision des juges de la Cour suprême aura une incidence importante dans toutes les provinces du pays. - Archives
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