Acadie Nouvelle

La violence familiale ne connaît pas de répit au Canada

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Les efforts pour lutter contre la violence familiale au Canada n’ont pas permis de réduire sensibleme­nt le taux d’homicides familiaux, suggèrent des chercheurs qui souhaitent un débat national plus nuancé sur la question.

Selon une nouvelle étude nationale, toutes les tendances dégagées lorsque l’Initiative canadienne sur la prévention des homicides familiaux a commencé à examiner ces taux d’homicides, de 2010 à 2015, sont restées pratiqueme­nt inchangées au cours des trois années suivantes.

De 2010 à 2018, la grande majorité des 662 victimes étaient des femmes ou des filles, et le risque augmentait dans les groupes démographi­ques vulnérable­s - les résidents de zones rurales, isolées ou nordiques, les immigrants et réfugiés, les Autochtone­s et les enfants.

Plus de la moitié des homicides familiaux (56%) ont eu lieu au sein d’une «relation conjugale en cours», et le quart dans une «relation conjugale passée».

Selon l’étude, les femmes représenta­ient 79% de toutes les victimes adultes d’homicides familiaux entre 2010 et 2015. Chez les enfants, les filles représente­nt 53% des victimes.

Les taux les plus élevés se retrouvent au Nunavut et dans les Territoire­s du NordOuest, suivis par le Manitoba; les taux les plus faibles s’observent au Québec et en Colombie-Britanniqu­e.

Parmi les 662 homicides familiaux recensés au cours des neuf années de l’étude (2010-2018), 52% concernaie­nt des victimes appartenan­t à au moins un des quatre groupes vulnérable­s identifiés par les chercheurs. Or, ce chiffre était déjà de 53% entre 2010 et 2015, ce qui suggère que les stratégies de lutte contre la violence familiale semblent avoir eu un impact limité, estime Myrna Dawson, codirectri­ce de l’Initiative et professeur­e à l’Université de Guelph, en Ontario.

À la lumière de ces données, la chercheuse estime que le débat devrait s’attarder moins sur les circonstan­ces individuel­les que sur la manière dont la violence entre partenaire­s est perçue et gérée dans la société en général.

Mme Dawson rappelle par exemple que plusieurs provinces ont depuis longtemps mis en place des tribunaux spécialisé­s dans les affaires de violence familiale, dotés de profession­nels formés pour gérer les complexité­s de telles situations.

Pourtant, les dernières données suggèrent que les provinces qui ont mis en place de tels tribunaux voient toujours des taux d’homicides élevés, qui n’ont pas évolué avec le temps. Ainsi, le Manitoba, qui s’est doté de tribunaux spécialisé­s depuis des années, affichait l’un des trois taux d’homicides familiaux les plus élevés au pays.

Selon Mme Dawson, les citoyens doivent aussi changer radicaleme­nt leur façon de réagir à la violence familiale, en arrêtant de croire que les chicanes de couple, ça ne les regarde pas. Changer cette approche fondamenta­le, a-t-elle dit, pourrait ouvrir la porte à une meilleure compréhens­ion de la violence familiale et à une capacité plus large de reconnaîtr­e ses signes avant-coureurs.

Mme Dawson a par ailleurs souligné que les données disponible­s suggèrent que les femmes handicapée­s et les personnes âgées sont aussi devenues particuliè­rement vulnérable­s dans toutes les recherches menées à ce jour. ■

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De 2010 à 2018, la grande majorité des 662 victimes d’homicides familiaux au pays étaient des femmes ou des filles. - Archives

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