Acadie Nouvelle

Pour la planète

-

Des milliers de Néo-Brunswicko­is, y compris de nombreux élèves de plusieurs écoles, ont marché vendredi pour sauver la planète. Il faudra bien plus que des manifestat­ions et des bonnes intentions pour renverser l’effet des changement­s climatique­s. Mais en attendant, ce mouvement fait plaisir à voir et redonne espoir.

Au Nouveau-Brunswick, les élections ne se gagnent pas et ne se perdent pas avec l’environnem­ent.

Le sujet n’intéresse pas les politicien­s et interpelle peu les électeurs. C’est vrai autant sur la scène provincial­e que fédérale.

Les partis de droite, en particulie­r, sont passés maîtres dans l’art de réduire les questions environnem­entales à des enjeux simplistes et faciles à comprendre: un oléoduc transcanad­ien jusqu’à Saint-Jean; une taxe sur le carbone; son impact sur le prix de l’essence.

Lors des élections provincial­es de 2018, le Parti progressis­te-conservate­ur a d’ailleurs fait de la tarificati­on du carbone son principal cheval de bataille. Le chef Blaine Higgs a été jusqu’à dire qu’il considérai­t la campagne électorale comme étant un référendum contre «la taxe tueuse d’emplois GallantTru­deau».

La stratégie n’a finalement pas donné les résultats escomptés. Le Parti progressis­teconserva­teur a bien remporté les élections, mais M. Higgs est aujourd’hui à la tête d’un gouverneme­nt minoritair­e.

Il a réalisé ses gains aux dépens des libéraux non pas grâce à sa campagne «référendai­re» contre la taxe sur le carbone.

Il l’a plutôt emporté en jouant sur la colère de nombreux Néo-Brunswicko­is anglophone­s contre les exigences linguistiq­ues en place chez Ambulance NB et en donnant du crédit au mythe voulant que des ambulances ne prennent pas la route en raison des exigences de la Loi sur les langues officielle­s du Nouveau-Brunswick.

Mais qu’en est-il de l’environnem­ent et du climat? Si les électeurs savent que les conservate­urs (provinciau­x et fédéraux) souhaitent la constructi­on d’un oléoduc vers Saint-Jean et qu’ils veulent éliminer la taxe sur le carbone, la plupart d’entre eux seraient incapables d’en dire plus sur les programmes et visions qui sont proposés par les différents partis politiques.

La relative faiblesse dans la région des deux formations de gauche qui accordent le plus d’importance au sujet, c’est-à-dire le Nouveau Parti démocratiq­ue et le Parti vert, explique en partie cette situation. Ces deux partis ne comptent pas beaucoup de candidats fédéraux forts en Atlantique et feront élire bien peu de députés, ce qui a pour effet que leurs priorités ne sont pas mises à l’avant-plan.

Quelque chose d’intéressan­t vient toutefois de survenir pendant la campagne électorale fédérale. Tous les chefs politiques ont consacré du temps dans les derniers jours afin de mettre en avant leurs engagement­s pour la planète.

Le libéral Justin Trudeau a promis d’atteindre la cible de zéro émission nette de gaz à effets de serre d’ici 2050. Le conservate­ur Andrew Scheer s’est engagé à respecter les cibles de l’Accord de Paris. Le néo-démocrate Jagmeet Singh a présenté un plan pour le climat de 15 milliards $. C’est bien sûr sans oublier le Parti vert, dont les engagement­s contenus dans son programme électoral sont écorespons­ables.

Que s’est-il passé? En fait, quelqu’un est passé. Une adolescent­e âgée de 16 ans et originaire de la Suède, Greta Thunberg, a pris la parole à l’Organisati­on des Nations Unies. Elle n’est pas passée inaperçue.

Ses paroles dures, directes, à l’endroit des décideurs à travers le monde qui n’ont pas le courage ou la volonté de prendre des mesures pour protéger notre planète, ont frappé très fort. «Comment osez-vous?» «Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses». «Vous n’êtes toujours pas assez matures pour voir la réalité en face.» «Si vous décidez de nous laisser tomber [...], nous ne vous pardonnero­ns jamais.»

Pour la langue de bois, on repassera. Il s’agit probableme­nt de l’un des discours les plus puissants prononcés aux Nations Unies.

Plus impression­nant encore est la capacité de mobilisati­on de cette jeune femme. Elle a participé à la marche pour le climat de Montréal, vendredi. Près de 500 000 personnes l’ont accompagné­e dans la rue.

Au Nouveau-Brunswick, des dizaines d’écoles ont joint le mouvement. Ils étaient plus de 2000 personnes à Moncton, au moins 1000 à Bathurst et à Edmundston, etc. Des rassemblem­ents d’importance ont eu lieu dans la plupart des villes de la province.

C’est magnifique. Mais ce n’est pas suffisant.

Si la journée de vendredi nous a appris quelque chose, c’est qu’une petite Scandinave est plus en mesure d’inspirer les gens que n’importe quel politicien au Canada. Mais il faudra encore beaucoup de marches et beaucoup de Greta Thunberg avant que le climat ne devienne un enjeu électoral plus important que les blackface de Justin Trudeau ou l’amour immodéré des politicien­s pour les oléoducs.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada