Acadie Nouvelle

PRIORITÉ DE LA SNA

- Alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

L’assemblée générale annuelle de la Société nationale de l’Acadie, en fin de semaine, était animée de discussion­s sur la mise à jour de la Loi sur les langues officielle­s.

Il s’agit d’un enjeu dont on n’a pas fini d’entendre parler. Cette initiative, abordée par le gouverneme­nt Trudeau à l’été 2018, n’a finalement pas été complétée en un mandat. La Loi, instaurée en 1969, n’a pas été modifiée depuis 1988.

Depuis le début de 2019, bon nombre de consultati­ons d’experts et du public ont eu lieu à travers le Canada afin de permettre au gouverneme­nt canadien de discuter sur sa réforme.

Si les élections changent la donne à Ottawa en octobre, est-ce que la modernisat­ion sera écartée comme enjeu prioritair­e? Louise Imbeault, présidente de la SNA, ne le croit pas.

«C’est une loi fondamenta­le qui définit le pays. Ça fait partie du prestige du Canada, c’est le contrat social qu’on a. Je ne pense pas qu’un prochain gouverneme­nt puisse arrêter ce processus. Notre ambition, c’est que le prochain gouverneme­nt, quel qu’il soit, fasse plus que ça», dit-elle.

Entre temps, Louise Imbeault n’a qu’un souhait: que la modernisat­ion de cette loi soit un enjeu pour l’élection fédérale.

«On veut que les gens posent des questions à leurs candidats et votent en conséquenc­e.»

Cela n’est pas un enjeu facile à comprendre pour beaucoup de gens, par contre. Côté conscienti­sation du public, la SNA travaille un peu à contre-courant.

«Pour beaucoup de monde, la Loi sur les langues officielle­s est un acquis. Beaucoup de gens qui votent et qui ont moins de 50 ans sont nés avec la Loi. C’est peut-être les autres qui se rendent compte des failles.»

Elle estime que d’autres enjeux attirent davantage l’attention des jeunes. L’environnem­ent, entre autres.

«Mais l’un n’empêche pas l’autre», de faire remarquer la présidente.

À savoir quand cette réforme aura lieu, Louise Imbeault ne peut pas se prononcer. Il en relèvera du gouverneme­nt après l’élection.

«Compte tenu du travail de consultati­on et de recueil d’informatio­ns qui a été fait, Il me semble que dans un prochain gouverneme­nt, on peut arriver à moderniser cette loi-là», estime-t-elle.

Mme Imbeault affirme que bon nombre d’organismes francophon­es à travers le pays y travaillen­t avec acharnemen­t depuis l’annonce de la refonte de la Loi. Elle croit que leurs efforts aboutiront.

«Même si la Loi existe, c’est souvent les Acadiens et les francophon­es qui doivent déployer des trésors d’énergie pour les faire respecter.»

De son côté, elle raconte que les propositio­ns de son organisme sur la meilleure manière de moderniser la Loi ont été bien accueillie­s par le Commissair­e aux langues officielle­s du Canada, Raymond Théberge.

«Les constats qu’on a faits par rapport aux lacunes de la Loi sont partagées par beaucoup de personnes, y compris le Commissair­e, qui nous a fait une présentati­on où il était clair que le commissari­at reconnaît les mêmes lacunes que nous et qu’il a demandé plus de pouvoir pour le commissari­at.»

La présidente estime que le progrès en matière de langues officielle­s passe par la reddition de comptes.

Elle croit par exemple que les instances gouverneme­ntales qui manquent à leurs responsabi­lités devraient en subir les conséquenc­es.

Dans l’état actuel des choses, le Commissair­e reçoit des plaintes, écrit des rapports et formule des recommanda­tions, mais la Loi ne lui donne pas le pouvoir de passer de la parole aux actes et ses recommanda­tions tombent souvent dans une oreille sourde.

«On trouve qu’on dépense beaucoup d’énergie à réclamer des droits qui sont déjà acquis. On veut qu’on reconnaiss­e que la situation d’un francophon­e en milieu minoritair­e, ça peut en prendre plus pour arriver à l’égalité. ■

«On est en élection fédérale, on veut que cette question-là soit abordée par les candidats aux élections et qu’ils se prononcent sur si ils vont appliquer la loi et la moderniser.»

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Louise Imbeault estime que les instances gouverneme­ntales qui manquent à leurs responsabi­lités en matière de langues officielle­s devraient en subir les conséquenc­es. - Archives
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