PRIORITÉ DE LA SNA
L’assemblée générale annuelle de la Société nationale de l’Acadie, en fin de semaine, était animée de discussions sur la mise à jour de la Loi sur les langues officielles.
Il s’agit d’un enjeu dont on n’a pas fini d’entendre parler. Cette initiative, abordée par le gouvernement Trudeau à l’été 2018, n’a finalement pas été complétée en un mandat. La Loi, instaurée en 1969, n’a pas été modifiée depuis 1988.
Depuis le début de 2019, bon nombre de consultations d’experts et du public ont eu lieu à travers le Canada afin de permettre au gouvernement canadien de discuter sur sa réforme.
Si les élections changent la donne à Ottawa en octobre, est-ce que la modernisation sera écartée comme enjeu prioritaire? Louise Imbeault, présidente de la SNA, ne le croit pas.
«C’est une loi fondamentale qui définit le pays. Ça fait partie du prestige du Canada, c’est le contrat social qu’on a. Je ne pense pas qu’un prochain gouvernement puisse arrêter ce processus. Notre ambition, c’est que le prochain gouvernement, quel qu’il soit, fasse plus que ça», dit-elle.
Entre temps, Louise Imbeault n’a qu’un souhait: que la modernisation de cette loi soit un enjeu pour l’élection fédérale.
«On veut que les gens posent des questions à leurs candidats et votent en conséquence.»
Cela n’est pas un enjeu facile à comprendre pour beaucoup de gens, par contre. Côté conscientisation du public, la SNA travaille un peu à contre-courant.
«Pour beaucoup de monde, la Loi sur les langues officielles est un acquis. Beaucoup de gens qui votent et qui ont moins de 50 ans sont nés avec la Loi. C’est peut-être les autres qui se rendent compte des failles.»
Elle estime que d’autres enjeux attirent davantage l’attention des jeunes. L’environnement, entre autres.
«Mais l’un n’empêche pas l’autre», de faire remarquer la présidente.
À savoir quand cette réforme aura lieu, Louise Imbeault ne peut pas se prononcer. Il en relèvera du gouvernement après l’élection.
«Compte tenu du travail de consultation et de recueil d’informations qui a été fait, Il me semble que dans un prochain gouvernement, on peut arriver à moderniser cette loi-là», estime-t-elle.
Mme Imbeault affirme que bon nombre d’organismes francophones à travers le pays y travaillent avec acharnement depuis l’annonce de la refonte de la Loi. Elle croit que leurs efforts aboutiront.
«Même si la Loi existe, c’est souvent les Acadiens et les francophones qui doivent déployer des trésors d’énergie pour les faire respecter.»
De son côté, elle raconte que les propositions de son organisme sur la meilleure manière de moderniser la Loi ont été bien accueillies par le Commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge.
«Les constats qu’on a faits par rapport aux lacunes de la Loi sont partagées par beaucoup de personnes, y compris le Commissaire, qui nous a fait une présentation où il était clair que le commissariat reconnaît les mêmes lacunes que nous et qu’il a demandé plus de pouvoir pour le commissariat.»
La présidente estime que le progrès en matière de langues officielles passe par la reddition de comptes.
Elle croit par exemple que les instances gouvernementales qui manquent à leurs responsabilités devraient en subir les conséquences.
Dans l’état actuel des choses, le Commissaire reçoit des plaintes, écrit des rapports et formule des recommandations, mais la Loi ne lui donne pas le pouvoir de passer de la parole aux actes et ses recommandations tombent souvent dans une oreille sourde.
«On trouve qu’on dépense beaucoup d’énergie à réclamer des droits qui sont déjà acquis. On veut qu’on reconnaisse que la situation d’un francophone en milieu minoritaire, ça peut en prendre plus pour arriver à l’égalité. ■
«On est en élection fédérale, on veut que cette question-là soit abordée par les candidats aux élections et qu’ils se prononcent sur si ils vont appliquer la loi et la moderniser.»