OURAGANS: IL FAUDRA S’Y FAIRE
À la mi-septembre, l’ouragan Dorian, devenu tempête post tropicale juste avant de toucher terre en Nouvelle-Écosse, a déferlé sur une bonne partie des provinces de l’Atlantique. La force de la tempête et ses conséquences ont été importantes: des vents de plus de 150 km/heure, des vagues de plus de 20 mètres – et même de plus de 30 mètres enregistrés près des côtes de Terre-Neuve - plus de 100 mm de pluie par endroits et plus du quart des habitants des Maritimes privés de courant.
Moins intense, mais plus étendu que l’ouragan Juan qui avait frappé la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard en 2003, Dorian aura laissé sa trace.
Évidemment, ce n’est rien à comparer aux ravages que ces ouragans ou tempêtes peuvent faire dans les Caraïbes, au Mexique ou aux États-Unis, comme l’ont malheureusement vécu les Bahamas avec Dorian.
Il n’en reste pas moins que Juan et Dorian ainsi que les autres fortes tempêtes à avoir «visité» le Canada atlantique ne sont qu’un aperçu de ce que l’avenir nous réserve, selon plusieurs experts en la matière.
En d’autres mots, il y aura davantage d’ouragans qui maintiendront leur statut d’ouragan en arrivant au Canada atlantique.
PAS QUE DE L’ÉROSION
Un des dommages les plus permanents qu’occasionnent les fortes tempêtes est l’érosion des côtes. Et comme le niveau de la mer ne cesse d’augmenter, les effets néfastes seront de plus en plus sévères.
«Le niveau de la mer augmente d’environ sept centimètres tous les 18 ans. En Nouvelle-Écosse, on commence à subir des inondations provoquées uniquement par les marées hautes, sans qu’il y ait de tempête», précise M. Robichaud.
Selon lui, les côtes de la Péninsule acadienne et de l’isthme de Chignectou, qui relie la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, sont les plus à risque.
D’ailleurs, en septembre, un couple de Cap-Bateau, sur l’ile Lamèque, a dû déménager sa maison située le long de la côte, ce qui lui a couté environ 50 000$.
Les propriétaires affirment qu’au fil des années, les tempêtes ont rongé près de 10 mètres de leur terrain.
Comment se protéger contre ces évènements de plus en plus dévastateurs? Adam Fenech, qui dirige le Laboratoire de recherche sur le climat de l’Université de l’Îledu-Prince-Édouard, a une réponse toute simple. «Voici ce que je recommande toujours: simplement ne pas construire si près des côtes.»
Les tempêtes ne sont pas les seuls facteurs entrainant l’érosion des côtes. La montée duniveau de la mer, la fonte des neiges aux printemps, les glaces et même l’écoulement des eaux de la nappe phréatique vers la mer y contribuent également.
À l’Île-du-Prince-Édouard, on estime que la mer gruge en général environ 30 cm de côtes par année. À certains endroits, cela va jusqu’à plus d’un mètre, voire même plus de 5 mètres.
«Je ne suis pas sûr que l’on puisse dire que l’érosion augmente, mais ce qui est certain, c’est qu’il y a assurément une augmentation du nombre d’endroits où l’érosion est notable, indique Adam Fenech. Et chaque année, nous trouvons de plus en plus d’endroits où l’érosion est considérable.» ■
«La fréquence des ouragans n’augmentera pas nécessairement, mais ceux qui vont nous toucher risquent d’être d’une force plus élevée en raison du réchauffement de l’atmosphère,» souligne Bob Robichaud, météorologue au Centre canadien de prévision des ouragans.