LE MINISTRE RASSURANT MALGRÉ LES INQUIÉTUDES
L’élimination des numéros de facturation des médecins ne se fera pas au détriment des régions rurales de la province, promet le ministre de la Santé.
Ted Flemming affirme que ce système est archaïque, qu’il est une entrave au recrutement des médecins et qu’il n’a pas su attirer plus de professionnels en région.
M. Flemming a annoncé samedi que le gouvernement mettrait sa promesse électorale à exécution d’ici le 15 décembre en mettant fin aux numéros de facturation.
Plusieurs élus en région rurale ont exprimé leurs craintes de voir leurs médecins plier bagage pour déménager vers les grands centres.
Pour pratiquer la médecine dans le système public néo-brunswickois, les médecins doivent obtenir un numéro de facturation de l’Assurance-maladie. Ces numéros en nombre limité sont rattachés à des régions pour assurer la répartition des professionnels sur le territoire.
Selon le ministre de la Santé, ce système «comporte des lacunes parce qu’il restreint le nombre de médecins qui pratiquent, il restreint la mobilité des médecins et il constitue une entrave au recrutement.»
Même sans les numéros de facturation, les réseaux de la santé auront toujours l’ensemble des pouvoirs nécessaires pour assurer la présence de médecins là où les besoins se font sentir, indique M. Flemming.
D’ici à la mi-décembre, le ministère de la Santé, les réseaux de la santé et la Société médicale du Nouveau-Brunswick élaboreront un nouveau plan de gestion des ressources médicales.
Ce plan doit notamment assurer un équilibre dans la répartition des médecins à travers la province.
La fin des numéros de facturation est une demande de longue date de la Société médicale du Nouveau-Brunswick.
Selon son président sortant, Dr Serge Melanson, ce niveau de bureaucratie en moins permettra aux réseaux de la santé et aux hôpitaux de mieux répondre aux besoins des communautés sans avoir à demander constamment la permission à Fredericton.
«Ça va donner plus de responsabilités aux réseaux, aux hôpitaux et aux départements pour décider quand ils ont besoin d’un médecin et comment l’intégrer à la communauté», explique-t-il.
En raison de la rigidité du système des numéros de facturation, les réseaux et les hôpitaux faisaient souvent face à de «grands délais bureaucratiques» en provenance de Fredericton avant de pouvoir créer un nouveau poste de médecin, selon le Dr Melanson.
«Les réseaux sont beaucoup plus agiles et sont capables de faire leur analyse beaucoup plus rapidement pour donner une réponse à un médecin pour l’accueillir dans la communauté.»
Le maire de Saint-Isidore dans la Péninsule acadienne, Oscar Roussel, est l’un de ceux qui s’inquiètent de voir disparaître les numéros de facturation.
«La raison pour laquelle ce système avait été mis en place, c’était parce que l’on voulait assurer qu’on avait un certain nombre de médecins qui viendraient dans les régions. C’est sûr que ça va nécessairement affecter le recrutement des médecins dans les régions rurales comme les nôtres.»
M. Roussel aurait aimé entendre parler de la solution pour garantir la présence de médecins en région dès l’annonce de la fin prochaine du système des numéros de facturation.
«Ça déstabilise le monde de la santé dans les communautés rurales. Ça laisse les gens avec un certain stress. Nos petits hôpitaux ont vraiment besoin de médecins. Habituellement, lorsque l’on abolit quelque chose, on amène une situation de rechange pour sécuriser la population.»
La Commission de services régionaux de la Péninsule acadienne, dont Oscar Roussel est le président, se penchera assurément sur la question, confie-t-il.
Selon le groupe Égalité santé en français, les numéros de facturation ont été un échec et leur élimination ne peut donc pas empirer la situation.
«Le système était supposé faire en sorte qu’il y ait davantage de médecins dans les régions rurales et dans le nord de la province et 26 ans plus tard il manque encore plein de médecins», constate Dr Hubert Dupuis.
À son avis, de solides mesures incitatives pour convaincre les médecins de s’installer en région seraient plus efficaces.
«Si on veut des médecins dans certains endroits, on ne peut pas les obliger à y aller, il faut les inciter à y aller.»
En plus des incitatifs financiers, la province pourrait aider les médecins à s’installer et à ouvrir leur cabinet, propose Dr Dupuis.
Le Nouveau-Brunswick offre déjà certains incitatifs aux nouveaux médecins. Le ministre de la Santé n’écarte toutefois pas la possibilité d’en faire davantage.
«Nous allons faire ce qu’il faut pour que tous les Néo-Brunswickois aient accès aux soins de santé primaires. S’il faut des mesures incitatives, c’est ce que nous allons faire», indique Ted Flemming.
«Nous n’allons pas laisser les gens sauter dans leur voiture pour aller pratiquer la médecine n’importe où comme bon leur semble», dit-il.