Acadie Nouvelle

Les Premières Nations passent inaperçues pendant la campagne électorale

- Teresa Wright

Quand le chef du NPD, Jagmeet Singh, a promis de l’eau potable dans les réserves des Premières Nations et qu’Elizabeth May, des Verts, a promis qu’un gouverneme­nt vert commencera­it à démanteler la Loi sur les Indiens, tous deux samedi, c’était la première fois que les questions relatives aux autochtone­s retenaient beaucoup d’attention dans la campagne fédérale.

Le quasi-silence des chefs de partis fédéraux sur ces questions en dit long sur leur importance aux yeux des politicien­s canadiens, déplore Cindy Blackstock, une importante dirigeante des Premières Nations qui a dirigé la cause des droits de la personne qui a conduit à une indemnité de plusieurs milliards de dollars pour les enfants autochtone­s.

Ni le libéral Justin Trudeau ni le conservate­ur Andrew Scheer n’ont consacré de temps ou d’énergie à ces questions.

«Je pense que cela témoigne de la priorité avec laquelle les gouverneme­nts ont tendance à répondre aux préoccupat­ions des peuples des Premières Nations, inuits et métis: quand ils ne se donnent même la peine d’en parler, et qu’ils parlent de choses comme des crédits de camping, cela vous indique où nous sommes positionné­s dans le classement des priorités», a dénoncé Mme Blackstock.

Depuis le début de la campagne, le 11 septembre, certaines préoccupat­ions pressantes concernant les population­s autochtone­s et les Premières Nations ont été soulevées, notamment les évacuation­s de la Première Nation de Neskantaga en Ontario en raison de problèmes d’eau persistant­s - et la décision du Tribunal canadien des droits de la personne selon qui Ottawa a «délibéréme­nt et inconsciem­ment» fait preuve de discrimina­tion à l’égard des enfants autochtone­s vivant dans les réserves en ne finançant pas correcteme­nt les services à l’enfance et à la famille.

Mme Blackstock, la directrice exécutive de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations et une membre de la Première Nation Gitxsan en ColombieBr­itannique, a été une ardente défenseure des droits des enfants des Premières Nations. Elle a exprimé sa profonde déception face à cette «discrimina­tion» à l’encontre des enfants des Premières Nations, citant la décision du tribunal des droits de la personne.

Le gouverneme­nt fait appel du montant des dommages-intérêts de plusieurs milliards de dollars, affirmant que l’élection rend impossible l’organisati­on d’un dédommagem­ent avant la date limite du 10 décembre.

«PROFONDÉME­NT TROUBLANT»

Mme Blackstock croit que les dirigeants fédéraux ne parlent pas des questions autochtone­s pendant la campagne électorale, car ils ne veulent pas attirer l’attention sur leurs «échecs».

«Je trouve cela profondéme­nt troublant, particuliè­rement compte tenu de la Commission de vérité et réconcilia­tion, de l’enquête sur les femmes et les filles autochtone­s disparues et assassinée­s et, plus récemment, de la décision du Tribunal canadien des droits de la personne», a déclaré Mme Blackstock au sujet du manque d’attention que reçoivent les questions autochtone­s pendant la campagne.

Trois des quatre principaux partis politiques - les libéraux, les verts et le néo-démocrate ont publié leur programme complet. Chacun contient des promesses visant les peuples autochtone­s. Tous trois s’engagent à mettre en oeuvre la Déclaratio­n des Nations Unies sur les droits des peuples autochtone­s (DNUDPA) et à lever tous les avis concernant l’eau potable. Les conservate­urs n’ont encore publié aucune promesse de campagne visant spécifique­ment les Canadiens autochtone­s.

Les promesses de Justin Trudeau de réparer les relations entre le gouverneme­nt fédéral et les Premières Nations du Canada et de mettre en oeuvre un programme axé sur la réconcilia­tion ont été désignées comme des priorités clés à la fois pendant la campagne de 2015 et au cours de ses quatre années au pouvoir.

Le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, estime que le gouverneme­nt libéral «a fait plus pour les peuples des Premières Nations que tout autre gouverneme­nt de l’histoire», soulignant des milliards de dollars en nouveaux investisse­ments et l’adoption d’une loi visant à réduire le nombre d’enfants autochtone­s en famille d’accueil et à protéger les langues autochtone­s.

Tout cela témoigne d’«un mouvement dans la bonne direction», a-t-il déclaré, tout en ajoutant que «davantage reste à faire». ■

 ?? - Archives ?? Cindy Blackstock croit que les dirigeants fédéraux ne parlent pas des questions autochtone­s pendant la campagne électorale, car ils ne veulent pas attirer l’attention sur leurs «échecs».
- Archives Cindy Blackstock croit que les dirigeants fédéraux ne parlent pas des questions autochtone­s pendant la campagne électorale, car ils ne veulent pas attirer l’attention sur leurs «échecs».

Newspapers in French

Newspapers from Canada