Acadie Nouvelle

CHRONIQUE DE ROGER OUELLETTE: LES MIRAGES D’ÉNERGIE NB

-

Les dirigeants d’Énergie NB ne semblent pas retenir les leçons du passé. Le PDG de la société de la Couronne, Gaëtan Thomas, met beaucoup d’espoir et surtout des fonds publics pour produire de l’électricit­é avec de l’hydrogène. Selon celui-ci, «on parle d’une technologi­e révolution­naire. C’est beaucoup plus efficace que toutes les production­s d’hydrogène présenteme­nt disponible­s.» Est-ce vraiment le cas? Contrairem­ent au ministre du Développem­ent de l’énergie et des ressources, Mike Holland, qui dit «suivre avec beaucoup d’intérêt le travail réalisé par Énergie NB en partenaria­t avec Joi Scientific», deux professeur­s de physique de l’Université de Moncton qui ont examiné certains brevets de la société américaine sont pour leur part très sceptiques quant au succès de cette nouvelle technologi­e. Si cependant tout fonctionne bien, le PDG d’Énergie NB croit qu’une applicatio­n commercial­e de la technologi­e pourrait être sur le marché d’ici deux à trois ans. Chose certaine, Gaëtan Thomas, qui a annoncé son départ à la retraite cette année, ne sera pas aux affaires pour rendre des comptes si cette aventure tourne au fiasco. La société de la Couronne qui croule déjà sous une dette de 5 milliards $ aura creusé son trou un peu plus profondéme­nt. Ça ne serait pas la première fois qu’Énergie NB jette de l’argent public par les fenêtres. On peut se rappeler la saga de l’orimulsion. Le gouverneme­nt de l’époque, dirigé par Bernard Lord, avait investi 750 millions $ pour convertir à l’orimulsion la centrale électrique de Coleson Cove. Toutefois l’entreprise vénézuélie­nne Bitor, qui avait le monopole de la production de l’orimulsion dans le monde, a décidé de ne pas respecter son entente avec le Nouveau-Brunswick. Le différend a été réglé à l’amiable, mais la province s’est retrouvée avec une centrale qui ne pouvait plus produire de l’énergie avec un produit moins polluant que le mazout. Un autre projet qui fait jaser est le

développem­ent de petits réacteurs nucléaires modulaires pour produire de l’électricit­é. Le gouverneme­nt Higgs a déjà investi un total de 10 millions $ dans cette nouvelle grappe de recherche qui pourrait s’installer au Nouveau-Brunswick. La province fabriquera­it ces réacteurs pour les vendre à travers le monde à plusieurs pays, dont l’Australie. Encore une fois, le PDG d’Énergie NB, Gaëtan Thomas, fait preuve d’un enthousias­me débordant éprouvée. pour une technologi­e non La des fabricatio­n années 1970 dans de la la province voiture Bricklin, au milieu conçue par le millionnai­re américain Malcom Bricklin, aura coûté plusieurs millions de dollars aux contribuab­les du Nouveau-Brunswick. Le gouverneme­nt de Richard Hatfield, à la recherche désespérée de nouvelles industries pour la création d’emplois, a accepté de financer un projet excentriqu­e qui ne trouvait pas preneur aux États-Unis. Cette aventure s’est avérée un cuisant échec. Le Nouveau-Brunswick ayant une dette publique cumulée de plus de 14 milliards $ à laquelle il faut ajouter celle de 5 milliards $ d’Énergie NB, peutil encore se permettre de se laisser attirer par des miroirs aux alouettes? Poser la question est y répondre!

 ?? ROGER OUELLETTE - Archives ?? Les professeur­s Olivier Clarisse et Abdelaziz Nait Ajjou, de l’Université de Moncton, sont sceptiques quant aux prétention­s de Joi Scientific.
ROGER OUELLETTE - Archives Les professeur­s Olivier Clarisse et Abdelaziz Nait Ajjou, de l’Université de Moncton, sont sceptiques quant aux prétention­s de Joi Scientific.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada